Jr
17,5-8 ; Ps 1 ; 1Co 15,12.16-20 ; Lc 6,17.20-26
« Ils étaient venus l’écouter et être soignés de leurs
maladies. Ceux qui étaient perturbés par des esprits impurs étaient guéris.
Toute la foule cherchait à le toucher parce qu’une puissance sortait de lui et
les guérissait tous ».
Lc
6,18-19
Chers frères et sœurs,
J’ai fait exprès de lire l’intégralité de l’Évangile choisi pour ce
dimanche, non seulement parce que le petit passage qui a été coupé dans le
lectionnaire nous donne une lumière indispensable pour comprendre Jésus, mais
en plus parce qu’il est vital de nous mettre à l’écoute de l’intégralité de la
Parole de Dieu telle qu’elle nous est donnée dans les Évangiles, plutôt que de
la découper en petits morceaux selon nos propres fantaisies. C’est vital,
surtout en ce moment.
En effet, l’actualité ne nous donne pas l’occasion d’être fiers de
notre Église, d’être fiers de nous-mêmes. Nous voyons passer par-dessus nos
têtes des missiles médiatiques : accusations, procès, condamnations,
sanctions – et malheureusement souvent à juste titre. Et nous baissons la tête
en nous demandant quelle confiance nous pouvons encore avoir dans ceux que le
Seigneur nous a donné comme pasteurs.
J’ai participé cette semaine à un colloque à Paris sur la
transmission de la foi aux jeunes, que l’on ne voit plus beaucoup dans nos
assemblées. L’un des organisateurs faisait le constat suivant : nous
sommes comme en train de traverser un fleuve en cherchant à chaque pas un
appui, un caillou, quelque chose de solide, sur lequel nous appuyer pour
pouvoir avancer et passer sur l’autre rive. Et l’on tâtonne, sans arriver à
voir quand nous arriverons au rivage, en espérant à chaque pas que l’on ne sera
pas emporté par le courant.
Voilà notre situation : nous sommes comme saint Pierre dans la
tempête, en train de marcher sur les eaux. Si nous n’avons pas la foi, nous
coulons.
Justement, le prophète Jérémie et le psalmiste, qui ont connu en
leur temps de pareilles situations, nous avertissent et nous
réconfortent : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un
mortel, tandis que son cœur se détourne du Seigneur ; Béni soit l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur, il sera comme un arbre, planté près des eaux » ;
« Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne
suit pas le chemin des pécheurs, mais qui se plaît dans la loi du Seigneur et
murmure sa loi jour et nuit ! ». Dans l’épreuve et le doute, il y
a deux attitudes possibles : soit on se laisse emporter en hurlant avec
les loups ou en baissant les bras, soit on met sa foi dans le Seigneur, on
s’enracine dans la Loi du Seigneur, c’est-à-dire dans l’amour du Seigneur. Le
premier chemin conduit à la ruine, le second permet de rester vivant même dans
des lieux ou des temps de mort.
Jésus donne à ses disciples le même enseignement : « Soyez
heureux vous qui êtes pauvres, qui avez faim, qui pleurez, qui êtes détestés,
exclus, insultés et rejetés parce que vous portez le nom de Chrétiens »,
et « quel malheur pour vous qui paraissez riches maintenant, qui êtes
repus et hilares devant cette
situation », car il y a ce que vous ne voyez pas, ne comprenez pas, parce
que vous ne la connaissez pas : il y a la puissance qui sortait de
Jésus et qui guérissait tous les malades.
En Jésus, chers frères et sœurs, il y a la puissance de la vie
éternelle, celle dont parle saint Paul : la puissance de la résurrection
qui est comme une sève irrésistible, une force de vie, celle qui fait qu’un
arbre planté près d’un ruisseau – celui de la vie de Dieu – donne du fruit même
dans le désert, même dans des lieux et des temps de mort, comme ceux que nous
connaissons aujourd’hui.
Chers frères et sœurs, je vous invite à avoir une bible, une bonne
Bible comme la Bible de Jérusalem, et à aller y retrouver les textes de
chaque dimanche, en lisant ce qu’il y a avant, ce qu’il y a après, ce que le
texte dit, entièrement, sans coupure, pour vous abreuver à la source, celle de
Jésus. Et à venir vous nourrir de lui, à la messe, autant que vous pouvez. Car
il n’y a que lui, Jésus, qui est le seul à pouvoir nous donner la vie qui est
plus forte que la mort, sa vie ; et avec sa vie, son amour et sa joie.