lundi 29 août 2016

28 août 2016 - LARRET - 22ème dimanche TO - Année C

Si 3,17-18.20.28-29 ; Ps 67 ; Hb 12,18-19.22-24a ; Lc 14,1.7-14

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui Jésus semble nous enseigner les bonnes manières : ne pas s’asseoir de son propre chef à la première place, ne pas faire de cadeaux en spéculant sur le fait qu’on puisse en avoir de plus beaux en retour. Mais enfin, est-ce que Dieu s’est fait homme, est mort et est ressuscité, pour nous apprendre les bonnes manières ? Non, Jésus est venu nous enseigner quelque chose de son Royaume.

« Quand quelqu’un t’invite à des noces… », nous devons comprendre : « Quand le Seigneur t’appelle à entrer dans sa vie… ». Il faut bien évidemment se réjouir d’être appelé par Dieu, et se revêtir d’un habit de fête. C’est un grand don de Dieu que d’être appelé par lui. Et nous qui sommes baptisés, nous le sommes tous ! Mais nous n’avons pas à en tirer orgueil. Souvenez-vous de la mère des Fils de Zébédée, les apôtres Jacques et Jean. Elle avait demandé à Jésus que l’un siège à sa droite et l’autre à sa gauche, dans son Royaume. Et Jésus avait répondu que cette décision ne lui appartenait pas : il y avait ceux pour qui ces places étaient réservées par son Père. Et on peut penser, avec l’Evangile d’aujourd’hui, que ces places sont pour les deux personnes les plus humbles du monde. Aussi, réjouissons-nous d’être des appelés, mais ne nous en glorifions pas : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? » avait dit Jésus à Jacques et Jean. C’est-à-dire, pouvez-vous d’abord passer par la Croix, avec moi ?

« Quand tu donnes un déjeuner… » poursuit Jésus « n’invite pas tes amis » mais « invite des pauvres et des estropiés ». Jésus nous apprend ici deux choses.
La première est que le maître du repas idéal, c’est Dieu. C’est lui qui invite les hommes, qui les appelle. Or Dieu invite des hommes qui sont incapables de lui rendre son invitation, évidemment. Lorsque Dieu nous appelle, c’est une telle grâce qu’il nous est impossible de la lui rendre, sinon par notre amour imparfait et en reproduisant du mieux qu’on peut les paroles et les gestes que Jésus nous a appris. Dieu n’appelle pas les riches – c’est-à-dire ceux qui se suffisent par eux-mêmes – qui pourraient, dans leur folie, avoir l’impression de ne rien lui devoir, ou d’être capable de lui donner pareil sinon mieux en retour. Mais non, Dieu appelle les pauvres et les pécheurs, parce que telle est la puissance de son amour.
La seconde chose que Jésus nous apprend dans cette histoire, c’est qu’il nous appartient, à nous les baptisés, de nous comporter comme Dieu, à savoir : inviter, faire gratuitement des cadeaux, à ceux dont nous savons qu’ils les recevront comme une vraie surprise et une immense joie. Et cette joie sera contagieuse jusque dans le cœur de celui qui invite. Cela peut commencer par se faire par des petits gestes d’affection et des petites paroles d’amour et de pardon, en famille, comme ça, juste pour la joie qu’ils nous donnent.

Ainsi donc, ce que Jésus dénonce, c’est l’orgueil qui est dans notre cœur : orgueil conscient de se croire supérieur ou meilleur que les autres, et orgueil inconscient qui veut utiliser les autres pour se valoriser soi-même.
Au contraire, Jésus met l’accent sur l’immense bonté du Père : son amour miséricordieux, gratuit et abondant, qui élève les humbles et qui comble de biens les affamés. Amour dont nous bénéficions et sur lequel nous pouvons prendre modèle.

Pour finir, ayons conscience, comme nous y invite l’auteur de la Lettre aux Hébreux, que nous sommes dépositaires d’un trésor immense : nous connaissons Dieu à travers la lumière de la résurrection de Jésus et sa communion d’amour. Nous sommes – nous chrétiens –  invités aux repas des noces dans son Royaume.

Ainsi, nous avons reçu un talent d’une valeur inestimable à faire fructifier et qu’il nous est impossible de rendre sinon en aimant humblement Dieu et notre prochain, et en célébrant l’Eucharistie avec reconnaissance.

dimanche 21 août 2016

21 août 2016 - GY - 21ème dimanche TO - Année C

Is 66,18-21 ; Ps 116 ; Hb 12,5-7.11-13 ; Lc 13,22-30

Chers frères et sœurs,

La porte du Royaume des cieux est grande ouverte, mais elle est étroite. Voilà ce que nous dit Jésus.

La porte du Royaume est grande ouverte. C’est-à-dire que, depuis la mort et la résurrection de Jésus, l’accès au Royaume des cieux, qui était fermé depuis Adam et Eve, est maintenant ouvert, et le passage est accessible à tous.
Jésus a réalisé la prophétie d’Isaïe : « Je viens rassembler toutes les nations, de toutes langues. Elles viendront et verront ma gloire ». Isaïe parle de « rescapés » qui iront jusque dans les îles lointaines annoncer la gloire du Seigneur. Ces rescapés, ce sont les Apôtres, c’est nous aujourd’hui, qui annonçons la résurrection de Jésus. Le Seigneur ajoute, dans cette prophétie, que parmi eux, il prendra « même des prêtres et des lévites ». Ainsi parmi les baptisés, le Seigneur choisit des évêques, des prêtres et des diacres. Dans son enseignement Jésus dit qu’ils seront nombreux à venir d’Orient et d’Occident pour prendre place au festin des noces, dans le Royaume de Dieu, à Jérusalem, comme disait Isaïe. Ce sont tous les hommes, de toute la terre et de tous les temps, qui sont invités à rentrer dans la maison de Dieu. Ainsi la porte du Royaume est grande ouverte.

Mais la porte est étroite. Déjà, la prophétie d’Isaïe parlait de « rescapés », c’est-à-dire d’un petit nombre. C’est ce que craint la personne qui interroge Jésus : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? ». Cette personne s’inquiète soit pour des proches, soit pour elle-même. La question est de savoir aussi si l’on peut remettre à demain sa conversion ou bien si elle doit être réalisée quand le Seigneur passe, c’est-à-dire aujourd’hui ?
Jésus répond à la question sur le nombre : comme nous l’avons vu, tous les hommes sont invités à entrer dans le Royaume. Le nombre en définitive ne dépend pas de Dieu : il dépend de chacun. Jésus parle d’une porte étroite, c’est-à-dire que peu d’hommes la trouvent et arrivent à y passer. Sur le fait que peu d’hommes la trouvent, cela dépend en partie des Apôtres, des disciples, c’est-à-dire de nous aujourd’hui : il faut sans cesse indiquer aux gens où se trouve la porte. Et sur le fait que peu arrivent à y passer, Jésus se heurte à la liberté de chaque homme de vouloir entrer ou de refuser d’entrer. Mais quand vient l’heure, cette porte se ferme. En fait, elle est étroite parce qu’elle est ouverte le temps de la vie d’un homme. Elle est ouverte tant que nous sommes vivants et nous ne savons pas combien de temps. En fait, la porte est toujours ouverte maintenant. C’est pourquoi elle est si étroite.

Où est cette porte ? Nous la connaissons : c’est celle que nous indique notre cœur, illuminé par l’Esprit Saint, notre conscience, éclairée par la grâce. Cette porte, nous le savons, c’est Jésus lui-même : « Je suis la voie, la vérité et la vie » nous a-t-il enseigné. Le baptême est la porte sacramentelle : tous ceux qui sont baptisés sont enfants de Dieu, sont membres du peuple saint, sont des pierres du Temple spirituel. Oui, les baptisés ont un pied dans le Royaume et ce que Dieu a donné, il ne le retirera pas. Mais il demandera davantage à ceux qui ont reçu un talent qu’à ceux qui n’ont rien reçu. Que deviendront ceux qui ne sont pas baptisés ou qui renient leur baptême ? La porte est ouverte, ils sont libres de répondre à l’invitation qui leur est faite. A la fin, le jugement appartient au Seigneur. Sans doute notre amour pour eux sera-t-il déterminant. Il faut les aimer et prier pour eux. Et aussi, certainement, le Seigneur jugera selon l’amour qu’ils auront eu réellement pour lui et pour leur prochain. Mais Jésus nous a quand même prévenu de « pleurs et de grincements de dents ». On ne peut pas le nier, ni l’ignorer.
Peut-être que les choses sont simples comme la messe. Les cloches sonnent le dimanche matin pour appeler tout le monde au repas des noces. Chacun est libre de venir ou pas. Mais il n’y a que ceux qui sont ici, qui ont fait l’effort de se lever, d’entrer dans l’Eglise qui est le Royaume sur terre, qui participent à ce repas, et finalement communient. Il y a en effet beaucoup d’appelés et bien peu d’élus.

Seigneur envoie ton Esprit dans les cœurs pour que beaucoup trouvent en eux-mêmes la force de se lever et de passer la porte étroite de ton Royaume. Amen.

mardi 16 août 2016

15 août 2016 - CHARCENNE - ND de LEFFOND - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année C

Notre-Dame de Leffond, 15 août 2016


Chers frères et sœurs,

Vous avez entendu le Magnificat. Ce chant, de manière certaine, a été composé par la Vierge Marie elle-même. En effet, il est était de tradition, dans les familles hébraïques, que les mères composent des chants ou des poèmes pour la naissance de chacun de leurs enfants. Nous voyons ici que la Vierge Marie connaissait parfaitement les Ecritures, puisque le Magnificat est un tissage de citations de l’Ancien Testament. On peut dire que le langage de la Vierge Marie était celui de la Bible, elle en était complètement imprégnée, comme elle était imprégnée de l’Esprit Saint.
Le chant de Marie rayonne de joie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! ». Elle est en effet comblée de l’Esprit Saint qui repose sur elle. L’Esprit Saint a cette faculté, d’un côté de nous purifier de nos péchés comme un feu, et de l’autre de nous illuminer, de nous faire exulter de joie et de nous baigner dans une paix profonde. C’est déjà le ciel sur la terre. 
Mais en même temps Marie se qualifie « d’humble servante ». Elle ne se gonfle pas d’orgueil. C’est un vrai titre de gloire que d’être « serviteur du Seigneur » en l’étant réellement. D’ailleurs, elle, la servante, « tous les âges la diront bienheureuse ». Tous les humbles qui sont parmi nous, ce sont eux que choisira d’abord le Seigneur pour en faire ses saints. Comme Bernadette, comme le curé d’Ars, comme Mère Térésa qui sera canonisée le 4 septembre prochain, ou comme le brave père Jacques Hamel assassiné dans son Eglise. Ils étaient des humbles sur la terre, et des serviteurs du Seigneur.

Comme Marie nous allons tisser une prière avec des bouts d’Evangile. Nous allons le faire en récitant une dizaine de chapelet. N’ayez jamais honte de réciter le chapelet, notamment les hommes ! Il n’y a pas plus puissante prière après le Notre-Père. Vous savez qu’il y a trois manières de réciter le chapelet.
La première : comme nos grands-mères, à répétition, pour tenir dans les épreuves, pour ne pas avoir peur dans la nuit, jusqu’à ce que le jour vienne. C’est la prière de Bartimée, qui hurle vers Jésus « Seigneur, Fils de David, ait pitié de moi », jusqu’à ce qu’il vienne. C’est la forme la plus ancienne des prières à Marie, la prière des pénitents qui s’adressent à la Mère de Jésus pour qu’elle intercède pour eux auprès de son fils et leur obtienne la vie.
La seconde manière de réciter le chapelet, c’est de le prier en méditant à chaque dizaine, un mystère de la vie de Jésus. Depuis l’Annonciation jusqu’au couronnement de Marie au Ciel, en passant par les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux, c’est toute la vie de Jésus et de Marie que l’on retrace et que l’on médite. C’est un évangile de poche. C’est un catéchisme biblique. Tous les saints n’ont jamais cessé de méditer la vie de Jésus car il y ont vu, comme en miroir, le secret de leur propre vie.
La troisième manière de réciter le chapelet, enfin, c’est de se souvenir que c’était la prière des moines qui ne savaient pas lire. A la place de réciter les psaumes, aux offices de Laudes et de Vêpres, ils récitaient le chapelet. Mais ces offices des moines, ce sont les prières du Temple de Jérusalem continuées dans l’Eglise. La prière de l’Eglise ne cesse jamais. Réciter son chapelet en fin d’après-midi, comme nous le faisons, c’est être en communion avec toute l’Eglise qui prie l’office de Vêpres, se faisant elle-même la voix de Jésus qui prie son Père pour le salut du monde.

15 août 2016 - CHARCENNE - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année C

Ap 11,19a ; 12,1-6a.10ab ; Ps 44 ; 1Co 15,20-27a ; Lc 1,39-56

Chers frères et sœurs,

Nous fêtons aujourd’hui l’Assomption de la Vierge Marie au Ciel. C’est pour nous une très grande fête, d’abord parce que nous aimons beaucoup la Vierge Marie, qui en saint Jean, nous a été confiée comme Mère par Jésus sur la Croix ; ensuite parce que nous célébrons son élévation au ciel après sa mort, comme Jésus s’était élevé au ciel avec son corps, après sa résurrection ; et puis parce que le chemin qu’a emprunté la Bienheureuse Vierge Marie pour aller au Ciel, c’est le nôtre : nous aussi, par la grâce de Dieu nous allons ressusciter, après notre mort, et nous irons au Ciel pour entrer dans la couronne des saints.

Mais, me direz-vous, est-ce que tout cela n’est pas un peu trop catholique ? Le Nouveau Testament ne nous dit pas expressément tout cela. D’ailleurs, on ne sait même pas où la Vierge Marie est morte : à Jérusalem ou à Ephèse ? Le Nouveau Testament ne dit pas, effectivement, où est morte la Vierge Marie. Mais en revanche, saint Luc nous parle de son Assomption, de manière cachée, dans l’évangile que nous avons lu, et je vais vous montrer comment.

Seuls Matthieu et Luc nous rapportent les événements liés à la naissance de Jésus. Mais ce n’est pas pour satisfaire notre curiosité. C’est parce qu’ils nous apprennent quelque chose de la résurrection de Jésus. En effet, dans la Loi de Moïse, il y a une loi de purification spéciale qui s’applique aux garçons premiers-nés, loi que vont suivre scrupuleusement Marie et Joseph pour l’enfant Jésus. Or les événements de la résurrection ont montré que cette loi s’est appliquée aussi à Jésus, premier-né d’entre les morts. Cela veut dire que l’on peut et même que l’on doit mettre en parallèle, en concordance avec cette loi, les récits de la naissance et de l’enfance de Jésus, et les récits de sa résurrection et de sa glorification dans les cieux, entre Pâque et Pentecôte.

Voilà ce que cela donne : Il y a un rapport entre la grotte de Bethléem et le tombeau du Golgotha, entre les langes et le linceul, entre les mages qui apportent des offrandes et les femmes qui apportent des aromates, entre les bergers et les Apôtres. Au 8ème jour, selon la loi, l’enfant est circoncis et il reçoit le nom de « Jésus », comme au 8ème jour de sa résurrection, Jésus montre ses plaies à Thomas qui proclame « Mon Seigneur et mon Dieu ». Au 40ème jour, l’enfant Jésus est présenté au Temple et on offre un sacrifice de rachat, de la même manière qu’à l’Ascension, Jésus monte dans les cieux, offrant notre humanité à son Père. A douze ans, âge de plénitude, Jésus se trouve dans le Temple, et il enseigne les docteurs de la Loi, de la même manière qu’à la Pentecôte – la fête des fêtes – Jésus règne dans les cieux à la droite du Père et, par son Esprit, il fait de ses Apôtres des docteurs de l’Evangile pour toutes les nations.

Nous pourrions passer des heures à méditer toutes ces correspondances.

Et voilà pourquoi, quand on lit un récit de l’enfance de Jésus, on ne peut pas ne pas le lire à la lumière des événements de la résurrection. Alors venons-en maintenant à la visite de Marie à Elisabeth. J’ai dit que cet évangile parlait de l’Assomption de Marie.

Il commence de la manière suivante : « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée ». Que nous sommes bêtes de ne pas traduire mot à mot ce qu’a écrit saint Luc, on comprendrait tout de suite ! Saint Luc a écrit textuellement : « En ces jours-là, Marie se lève. Elle va vers le pays-haut, en hâte, dans une ville de Juda ».

Immédiatement une expression doit nous frapper : Marie se « lève ». Dans le Nouveau Testament, « se lever » veut dire « ressusciter ». Ensuite, Marie va vers le « Pays-haut », vous avez compris. Et enfin, elle va « en hâte », dans une « ville de Juda », dont le nom n’est curieusement pas précisé. C’est curieux, nous savons bien que Zacharie et Elisabeth habitent à Jérusalem. Et d’habitude, pour parler de cette région, saint Luc emploie toujours le terme de « Judée » et non pas de « Juda ». Or, nous avons ici, de manière unique dans cet évangile, l’emploi du terme ancien « Juda ». Saint Luc l’a fait exprès, pour attirer notre attention : ce verset est spécial. En langage des premiers chrétiens, on comprend de manière évidente que Marie est ressuscitée, et qu’elle est montée « en hâte », dans la cité des cieux, la Jérusalem d’en haut.

Saint Luc ne s’arrête pas là. Marie entre dans la maison de Zacharie et d’Elisabeth. Et là, il y a un dialogue entre les deux femmes. Or, il faut que vous ayez conscience qu’à chaque fois que quelqu’un passe du ciel à la terre ou de la terre au ciel, il passe comme par un rideau gardé par les anges. Dans les évangiles, vous trouvez les anges à l’Annonciation et à la naissance de Jésus, comme à sa Résurrection et à son Ascension. Et les anges sont comme des douaniers : ils posent des questions. C’est ce qui se passe à l’Ascension de Jésus, selon le psaume 23 : 
-          « Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ?
-     -  L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles et ne dit pas de faux serments. Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !
-         -  Qui est ce roi de gloire ?
-          - C'est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats. Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !
-          - Qui donc est ce roi de gloire ?
-         - C'est le Seigneur, Dieu de l'univers ; c'est lui, le roi de gloire ».

Or dans l’Evangile, Elisabeth s’exclame à la venue de Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes ». Et comme les anges, elle pose une question : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ». Et Marie lui répond « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son Nom !».

Chers frères et sœurs, saint Luc ne s’est pas moqué de nous dans cet évangile. Il nous a rapporté cette étonnante rencontre entre Marie et Elisabeth, que seule la Vierge Marie elle-même a pu lui raconter. Certainement lui en a-t-elle raconté bien plus ! Mais saint Luc nous a transmis cette histoire, parce qu’il s’en est certainement souvenu après la mort de la Vierge Marie, lorsqu’il rédigeait son évangile, et parce qu’il a compris que Marie elle-même - sans peut-être s'en rendre compte - lui avait raconté la prophétie de son Assomption. Amen.

dimanche 14 août 2016

14 août 2016 - CUBRY-lès-SOING - 20ème dimanche TO - Année C

Jr 38,4-6.8-10 ; Ps 39 ; Hb 12,1-4 ; Lc 12,49-53

Chers frères et sœurs,

Que se passe-t-il à Jérusalem ? L’histoire de Jérémie que nous avons entendue se passe en 586 avant Jésus-Christ, quelques semaines avant la prise de la ville par Nabuchodonosor. Cela fait quarante ans que Jérémie prophétise la chute de Jérusalem, dans l’espérance que la catastrophe pourrait être évitée si le peuple renonçait à ses idoles et se tournait enfin vers le Seigneur.
Devant la menace du roi de Babylone, les princes d’Israël avaient joué la carte du Pharaon d’Egypte pour défendre le pays. Et effectivement, celui-ci avait déjà brisé une première attaque. Mais cette fois-ci, alors que le siège de Jérusalem dure depuis déjà deux ans, les Egyptiens ne sont pas venus. Jérémie a annoncé que ceux qui se rendraient auraient la vie sauve, tandis que la ville serait malgré tout détruite. Voilà pourquoi les princes l’accusent de démoraliser les combattants et les habitants. Et il se retrouve aussitôt au trou, dans une citerne boueuse, sans avoir, ni à manger, ni à boire.
Si ce texte a été choisi comme lecture aujourd’hui, c’est pour nous rappeler qu’en tout lieu et jusqu’au fond de l’abîme du désespoir, lorsque nous nous tournons vers le Seigneur, le Seigneur entend l’appel de notre prière et le cri de notre détresse. De la même manière que le prophète Jérémie est tiré de sa citerne, de la même manière le peuple d’Israël sera tiré de son exil à Babylone. Il retrouvera un jour Jérusalem et il rebâtira le Temple du Seigneur.
La prière des fils de Dieu n’est jamais vaine. Mais c’est le Seigneur qui décide du jour et de la manière de la réalisation de ses promesses.

Le rédacteur de la Lettre aux Hébreux nous invite à ne pas nous décourager devant l’hostilité des pécheurs, et Jésus nous dit qu’il est venu apporter un feu sur la terre, que cela sèmera la division et que l’on se disputera même en famille. Cela nous fait un peu bizarre, nous qui sommes habituellement des gens pacifiques. Qu’y a-t-il derrière ces paroles ?
Nous avons été baptisés, prêtres, prophètes et rois. Nous sommes prophètes comme Jérémie et nous avons à dire aux gens ce que, souvent, ils n’ont pas envie d’entendre. Par exemple, qu’ils sont appelé à se convertir pour vivre heureux et devenir des saints.
Pour nous, il s’agit d’abord d’être fidèles au témoignage de la résurrection de Jésus. Rien que cela, avec toutes les conséquences que cela entraîne, suscite autour de nous des moqueries, du mépris, parfois une opposition violente, et même aujourd’hui – comme nous l’avons vu à Rouen – la mort.
Nous sommes un peuple de prophètes, nous les baptisés, qui annonçons au monde la résurrection de Jésus. C’est pourquoi nous avons les yeux fixés sur lui, attendant impatiemment sa venue. Nous savons qu’il est passé par la croix et que la croix est la porte de la vie si nous y passons avec lui. Et nous n’avons pas peur des injures, si nous les endurons aussi avec lui.

Jésus est venu apporter un feu, c’est-à-dire, l’Esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint est comme une pièce avec un côté pile et un côté face. Côté pile, l’Esprit Saint est un détergent qui nettoie les taches du péché. Et même plus : comme le feu, il porte le métal à son point de fusion, et il le purifie de toutes ses scories et ses impuretés. Il y a incompatibilité totale entre l’Esprit Saint et le péché. On ne peut pas voir Dieu sans mourir car la sainteté de Dieu est telle qu’elle éblouit les yeux des pécheurs, elle les brûle comme le soleil. Seuls les cœurs purs peuvent voir Dieu, et ils sont bienheureux.
Et côté face, l’Esprit Saint est comme la rosée du matin, comme une douce chaleur qui prend toute notre âme et tout notre corps pour le régénérer, parfois même pour le guérir. Esprit Saint, douce paix et joie profonde que seul le Seigneur peut donner à ceux qu’il aime.

Nous n’avons pas plus bel exemple de femme habitée par l’Esprit Saint que la Bienheureuse Vierge Marie, que nous fêterons avec jubilation demain. Acquérir l’Esprit Saint, le feu de Jésus, c’est déjà entrer dans la gloire de son amour. Et ce n’est pas réservé qu’aux femmes ! Amen.

lundi 8 août 2016

6-7 août 2016 - MERCEY - RENAUCOURT - 19ème dimanche TO - Année C

Sg 18,6-9 ; Ps 32 ; He 11,1-2.8-19 ; Lc 12,32-48

Chers frères et sœurs,

Les Ecritures d’aujourd’hui nous parlent de la foi, la foi en Dieu, la foi en Jésus. Cette foi nous dit quelque chose de Dieu, et aussi, comme dans un miroir, quelque chose de nous. Il y a trois manières de parler de la foi.

En premier lieu, avoir la foi, c’est croire qu’il y a Dieu, et avec lui son Royaume. Cela signifie que le monde que nous voyons est sa création, qu’elle nous parle de lui à travers sa beauté et ses lois et qu’elle n’est qu’une partie de la réalité, qu’une partie de l’univers vivant et mystérieux de Dieu. Pour nous, avoir foi en Dieu, signifie être des créatures faites à son image et à sa ressemblance. Si par le fameux péché originel, nous avons perdu la ressemblance avec Dieu, et que nous naviguons dans notre vie avec des instruments de pilotage déréglés, en revanche personne ne pourra nous enlever que nous sommes créés à son image. Et donc, que nous avons vocation à vivre dans la communion d’amour de Dieu. C’est pourquoi, au plus profond de nous-même, il y a le désir infini de cet amour et la capacité d’en vivre.

En second lieu, avoir la foi, c’est croire ce que Dieu nous dit de lui. Dieu n’est pas totalement extérieur à sa création et à ses créatures. Il entre dans le temps et dans l’espace des hommes pour s’y faire connaître. Il fait alliance avec Noé, avec Abraham, avec Moïse… pour guider son peuple, de générations en générations, jusqu’à sa dernière alliance, la plus belle, la plus parfaite, avec Jésus. En Jésus, Dieu lui-même se fait homme. Et du coup, nous apprenons que nous ne sommes pas seulement des créatures : nous sommes aussi des personnes, comme le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont aussi des personnes. Nous ne sommes pas des numéros, mais « Marc », « Marie-Laure », « Jean-Claude »… Et nous découvrons qu’une personne peut être divine comme elle peut aussi être humaine. Et donc, si Jésus qui est Dieu, s’est fait homme, par notre communion avec lui, nous qui sommes humains, nous pouvons aussi être divins. Nous retrouvons alors la ressemblance perdue.
Croire ce que Dieu dit de lui, c’est croire non seulement des paroles mais aussi des actes, et les plus grands sont l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus, par lesquels le voile de la mort, qui nous séparait de l’univers de Dieu, est déchiré.

Alors, troisièmement, avoir la foi, c’est croire que Dieu est avec nous sur notre chemin jusqu’à son retour, et qu’il ne nous abandonnera pas. C’est ce que dit Jésus à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Jésus utilise une parabole pour nous faire comprendre ce qu’en ce monde avoir la foi signifie : « Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces ». Avoir la foi, c’est durer dans la fidélité à Jésus. C’est lui faire une confiance totale, quoi qu’il arrive, jusqu’à ce qu’il vienne.
La parabole de l’intendant nous fait faire un pas de plus : Jésus compare Dieu au Maître, et les disciples à l’intendant à qui il confie la gérance de ses biens et de ses serviteurs. En définitive qui fait confiance à qui ? C’est Dieu qui le premier a foi dans son intendant, en espérant qu’il lui restera fidèle. La foi est un talent à faire fructifier, c’est pourquoi le Maître attend qu’il porte du fruit. Inversement, Jésus nous enseigne que perdre la foi, c’est entrer dans un cycle d’autodestruction : colère, violence, addictions…
Nous savons bien que nous luttons, que nous naviguons entre les deux, entre actes de foi et pertes de la foi, aussi, comme le père de l’enfant possédé par le démon, nous crions à Dieu : « Je crois, viens au secours de mon manque de foi », et nous en appelons à l’Esprit Saint.

Chers frères et sœurs, nous sommes dans un monde où les chrétiens sont pris en tenaille entre ceux qui ne croient pas et ceux qui croient mal. Certains vivent dans la volonté folle de prendre la place de Dieu et de transformer le monde à l’image d’eux-mêmes, d’autres désespèrent et se laissent aller à l’addiction ou à la violence. Il y a peu d’espace pour la foi et la raison qui connaît le Seigneur, qui écoute sa Parole et qui lui est fidèle.

Dans ce monde, nous n’avons pas à inventer la poudre, simplement à nous garder fidèles dans l’amour de Dieu et du prochain, avec la grâce de Dieu, et à veiller jusqu’à l’heure de la venue de Jésus. Pour le témoignage, c’est l’Esprit du Seigneur qui parlera en nous. Nous n’avons rien à craindre. Amen.

lundi 1 août 2016

31 juillet 2016 - GY - 18ème dimanche TO - Année C

Chers frères et sœurs,

Nous sommes réunis pour célébrer et participer à la mort et à la résurrection de Jésus.

Aujourd’hui, plus particulièrement, nous allons prier pour le Père Jacques Hamel du diocèse de Rouen, martyrisé en raison de sa foi alors qu’il célébrait la messe, et pour ses persécuteurs. Nous demanderons au Seigneur que le sacrifice du Père Jacques soit semence de paix pour notre pays, comme le sacrifice de Jésus nous a obtenu la vie éternelle, et que l’Eglise le reconnaisse bientôt comme bienheureux et martyr.

Nous prierons aussi pour toutes les victimes innocentes des attentats perpétrés en France depuis quelques mois, en demandant que la cesse la barbarie.

Préparons-nous à la célébration de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs, que la tentation de la violence nous traverse tous, et demandons au Seigneur la grâce de pouvoir pardonner à ceux qui nous ont offensés, pour être pardonnés aussi.

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Qo 1,2 ; 2,21-23 ; Ps 89 ; Col 3,1-5.9-11 ; Lc 12,13-21

Chers frères et sœurs,

Le Seigneur Jésus nous enseigne aujourd’hui qu’il est vain d’accumuler les biens de la terre en vue d’en jouir comme si la mort n’existait pas. Il nous rappelle que la vie d’ici-bas n’est que transitoire, éphémère, et que notre vraie vie se trouve avec lui, en Dieu.
Cet enseignement a deux conséquences : La première concerne les biens eux-mêmes : ceux-ci nous sont donnés comme en gérance, pour faire le bien, et non pas pour être thésaurisés. Il n’est pas interdit d’être riche et de posséder beaucoup de choses, mais simplement que cette richesse soit orientée comme un service, pour faire des actes bons.
La seconde conséquence nous concerne nous, les hommes. La vraie vie est donc celle qui est en Dieu, à laquelle nous sommes appelés à communier. Saint Paul nous dit que, depuis notre baptême, nous sommes passés par la mort et la résurrection de Jésus, et donc, que nous sommes déjà maintenant entrés dans cette vie. Tous les baptisés appartiennent déjà à la vie de Dieu. Il ne nous reste plus qu’à nous débarrasser du vieil homme qui est en nous pour laisser apparaitre l’homme nouveau, le saint ou la sainte que nous sommes par la grâce de Dieu.

Est-ce à dire que nous devons nous désintéresser de la vie de la terre ? Non. Comme chrétiens, nous avons deux missions principales sur cette terre. La première est, conformément à notre appartenance à la communion des saints, à assurer la louange de Dieu en priant pour tous les hommes de ce monde. Réciter quotidiennement la prière du Notre Père est un minimum. Célébrer régulièrement l’Eucharistie est le meilleur.
La seconde mission est, conformément à la demande de Jésus, d’annoncer son Evangile jusqu’aux extrémités de la terre ; afin que tous les hommes, apprenant la vérité de la beauté et de la bonté de Dieu, se convertissent librement et se fassent baptiser à leur tour. Cette annonce de l’Evangile ne peut se faire que dans un esprit de charité.

Mais alors, devons-nous nous désintéresser de la vie de la cité ? Non pas. Nous ne sommes pas des anges mais des hommes et nous appartenons à un peuple dont nous partageons les joies et les souffrances, et aussi, sur cette terre, le destin.
Jésus a fait une distinction utile en nous demandant de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ». D’une part, il nous dit que la mission et le discours de l’Eglise, la prière et l’annonce de l’Evangile, sont universels. Ils sont comme le soleil : ils éclairent le monde entier et ils le font grandir et mûrir comme un grand champ de blé. Mais le monde peut aussi, de manière absurde, mais libre, refuser cette lumière.
C’est ainsi, d’autre part, que la gestion de la cité et du bien commun appartiennent aux hommes, aux responsables légitimes des peuples, qui doivent prendre leurs responsabilités. Ceux-ci peuvent gouverner sous la lumière de l’Evangile, ce qui hâte le retour de Jésus, comme ils peuvent aussi, malheureusement, s’en éloigner.
Ainsi, nous autres chrétiens, nous savons que l’Evangile que nous portons n’a pas à s’imposer à tous les hommes. Mais nous savons aussi que les gouvernants, pour le bien des hommes, auraient tout intérêt à gouverner selon l’Evangile ; en pratique, selon la doctrine sociale de l’Eglise.
Justement, en ces jours de grande violence, l’Eglise nous dit notamment que les responsables du bien commun ont le droit et le devoir d’employer la force légitime pour faire respecter ce bien commun. De même, nous qui sommes chrétiens, nous sommes fondés à appeler les responsables du bien commun à assumer leurs devoirs, et nous nous devons de répondre positivement si ceux-ci nous demandent de participer à la force légitime, si nécessaire. En tout état de cause, il nous appartient de faire notre devoir de citoyens.

Chers frères et sœurs, nous allons maintenant entrer dans le sacrifice de Jésus. Celui-ci n’a pas été vain puisqu’il nous a apporté la vie éternelle. Entrons dans la prière. Offrons-nous nous-mêmes avec foi, comme Jésus s’est offert à son Père, pour la gloire de Dieu et le salut du Monde. Amen.

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