mardi 16 août 2016

15 août 2016 - CHARCENNE - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année C

Ap 11,19a ; 12,1-6a.10ab ; Ps 44 ; 1Co 15,20-27a ; Lc 1,39-56

Chers frères et sœurs,

Nous fêtons aujourd’hui l’Assomption de la Vierge Marie au Ciel. C’est pour nous une très grande fête, d’abord parce que nous aimons beaucoup la Vierge Marie, qui en saint Jean, nous a été confiée comme Mère par Jésus sur la Croix ; ensuite parce que nous célébrons son élévation au ciel après sa mort, comme Jésus s’était élevé au ciel avec son corps, après sa résurrection ; et puis parce que le chemin qu’a emprunté la Bienheureuse Vierge Marie pour aller au Ciel, c’est le nôtre : nous aussi, par la grâce de Dieu nous allons ressusciter, après notre mort, et nous irons au Ciel pour entrer dans la couronne des saints.

Mais, me direz-vous, est-ce que tout cela n’est pas un peu trop catholique ? Le Nouveau Testament ne nous dit pas expressément tout cela. D’ailleurs, on ne sait même pas où la Vierge Marie est morte : à Jérusalem ou à Ephèse ? Le Nouveau Testament ne dit pas, effectivement, où est morte la Vierge Marie. Mais en revanche, saint Luc nous parle de son Assomption, de manière cachée, dans l’évangile que nous avons lu, et je vais vous montrer comment.

Seuls Matthieu et Luc nous rapportent les événements liés à la naissance de Jésus. Mais ce n’est pas pour satisfaire notre curiosité. C’est parce qu’ils nous apprennent quelque chose de la résurrection de Jésus. En effet, dans la Loi de Moïse, il y a une loi de purification spéciale qui s’applique aux garçons premiers-nés, loi que vont suivre scrupuleusement Marie et Joseph pour l’enfant Jésus. Or les événements de la résurrection ont montré que cette loi s’est appliquée aussi à Jésus, premier-né d’entre les morts. Cela veut dire que l’on peut et même que l’on doit mettre en parallèle, en concordance avec cette loi, les récits de la naissance et de l’enfance de Jésus, et les récits de sa résurrection et de sa glorification dans les cieux, entre Pâque et Pentecôte.

Voilà ce que cela donne : Il y a un rapport entre la grotte de Bethléem et le tombeau du Golgotha, entre les langes et le linceul, entre les mages qui apportent des offrandes et les femmes qui apportent des aromates, entre les bergers et les Apôtres. Au 8ème jour, selon la loi, l’enfant est circoncis et il reçoit le nom de « Jésus », comme au 8ème jour de sa résurrection, Jésus montre ses plaies à Thomas qui proclame « Mon Seigneur et mon Dieu ». Au 40ème jour, l’enfant Jésus est présenté au Temple et on offre un sacrifice de rachat, de la même manière qu’à l’Ascension, Jésus monte dans les cieux, offrant notre humanité à son Père. A douze ans, âge de plénitude, Jésus se trouve dans le Temple, et il enseigne les docteurs de la Loi, de la même manière qu’à la Pentecôte – la fête des fêtes – Jésus règne dans les cieux à la droite du Père et, par son Esprit, il fait de ses Apôtres des docteurs de l’Evangile pour toutes les nations.

Nous pourrions passer des heures à méditer toutes ces correspondances.

Et voilà pourquoi, quand on lit un récit de l’enfance de Jésus, on ne peut pas ne pas le lire à la lumière des événements de la résurrection. Alors venons-en maintenant à la visite de Marie à Elisabeth. J’ai dit que cet évangile parlait de l’Assomption de Marie.

Il commence de la manière suivante : « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée ». Que nous sommes bêtes de ne pas traduire mot à mot ce qu’a écrit saint Luc, on comprendrait tout de suite ! Saint Luc a écrit textuellement : « En ces jours-là, Marie se lève. Elle va vers le pays-haut, en hâte, dans une ville de Juda ».

Immédiatement une expression doit nous frapper : Marie se « lève ». Dans le Nouveau Testament, « se lever » veut dire « ressusciter ». Ensuite, Marie va vers le « Pays-haut », vous avez compris. Et enfin, elle va « en hâte », dans une « ville de Juda », dont le nom n’est curieusement pas précisé. C’est curieux, nous savons bien que Zacharie et Elisabeth habitent à Jérusalem. Et d’habitude, pour parler de cette région, saint Luc emploie toujours le terme de « Judée » et non pas de « Juda ». Or, nous avons ici, de manière unique dans cet évangile, l’emploi du terme ancien « Juda ». Saint Luc l’a fait exprès, pour attirer notre attention : ce verset est spécial. En langage des premiers chrétiens, on comprend de manière évidente que Marie est ressuscitée, et qu’elle est montée « en hâte », dans la cité des cieux, la Jérusalem d’en haut.

Saint Luc ne s’arrête pas là. Marie entre dans la maison de Zacharie et d’Elisabeth. Et là, il y a un dialogue entre les deux femmes. Or, il faut que vous ayez conscience qu’à chaque fois que quelqu’un passe du ciel à la terre ou de la terre au ciel, il passe comme par un rideau gardé par les anges. Dans les évangiles, vous trouvez les anges à l’Annonciation et à la naissance de Jésus, comme à sa Résurrection et à son Ascension. Et les anges sont comme des douaniers : ils posent des questions. C’est ce qui se passe à l’Ascension de Jésus, selon le psaume 23 : 
-          « Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ?
-     -  L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles et ne dit pas de faux serments. Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !
-         -  Qui est ce roi de gloire ?
-          - C'est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats. Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu'il entre, le roi de gloire !
-          - Qui donc est ce roi de gloire ?
-         - C'est le Seigneur, Dieu de l'univers ; c'est lui, le roi de gloire ».

Or dans l’Evangile, Elisabeth s’exclame à la venue de Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes ». Et comme les anges, elle pose une question : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ». Et Marie lui répond « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son Nom !».

Chers frères et sœurs, saint Luc ne s’est pas moqué de nous dans cet évangile. Il nous a rapporté cette étonnante rencontre entre Marie et Elisabeth, que seule la Vierge Marie elle-même a pu lui raconter. Certainement lui en a-t-elle raconté bien plus ! Mais saint Luc nous a transmis cette histoire, parce qu’il s’en est certainement souvenu après la mort de la Vierge Marie, lorsqu’il rédigeait son évangile, et parce qu’il a compris que Marie elle-même - sans peut-être s'en rendre compte - lui avait raconté la prophétie de son Assomption. Amen.

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