Sg 18,6-9 ; Ps 32 ; He
11,1-2.8-19 ; Lc 12,32-48
Chers frères et sœurs,
Les
Ecritures d’aujourd’hui nous parlent de la foi, la foi en Dieu, la foi en
Jésus. Cette foi nous dit quelque chose de Dieu, et aussi, comme dans un
miroir, quelque chose de nous. Il y a trois manières de parler de la foi.
En
premier lieu, avoir la foi, c’est croire
qu’il y a Dieu, et avec lui son Royaume. Cela signifie que le monde que
nous voyons est sa création, qu’elle nous parle de lui à travers sa beauté et
ses lois et qu’elle n’est qu’une partie de la réalité, qu’une partie de
l’univers vivant et mystérieux de Dieu. Pour nous, avoir foi en Dieu, signifie
être des créatures faites à son image et à sa ressemblance. Si par le fameux
péché originel, nous avons perdu la ressemblance avec Dieu, et que nous
naviguons dans notre vie avec des instruments de pilotage déréglés, en revanche
personne ne pourra nous enlever que nous sommes créés à son image. Et donc, que
nous avons vocation à vivre dans la communion d’amour de Dieu. C’est pourquoi,
au plus profond de nous-même, il y a le désir infini de cet amour et la
capacité d’en vivre.
En
second lieu, avoir la foi, c’est croire
ce que Dieu nous dit de lui. Dieu n’est pas totalement extérieur à sa
création et à ses créatures. Il entre dans le temps et dans l’espace des hommes
pour s’y faire connaître. Il fait alliance avec Noé, avec Abraham, avec Moïse…
pour guider son peuple, de générations en générations, jusqu’à sa dernière
alliance, la plus belle, la plus parfaite, avec Jésus. En Jésus, Dieu lui-même
se fait homme. Et du coup, nous apprenons que nous ne sommes pas seulement des
créatures : nous sommes aussi des personnes, comme le Père, le Fils et le
Saint-Esprit sont aussi des personnes. Nous ne sommes pas des numéros, mais « Marc »,
« Marie-Laure », « Jean-Claude »… Et nous découvrons qu’une
personne peut être divine comme elle peut aussi être humaine. Et donc, si Jésus
qui est Dieu, s’est fait homme, par notre communion avec lui, nous qui sommes
humains, nous pouvons aussi être divins. Nous retrouvons alors la ressemblance
perdue.
Croire
ce que Dieu dit de lui, c’est croire non seulement des paroles mais aussi des
actes, et les plus grands sont l’incarnation, la mort et la résurrection de
Jésus, par lesquels le voile de la mort, qui nous séparait de l’univers de
Dieu, est déchiré.
Alors,
troisièmement, avoir la foi, c’est croire
que Dieu est avec nous sur notre chemin jusqu’à son retour, et qu’il ne
nous abandonnera pas. C’est ce que dit Jésus à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau :
votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Jésus utilise une
parabole pour nous faire comprendre ce qu’en ce monde avoir la foi
signifie : « Soyez comme des
gens qui attendent leur maître à son retour des noces ». Avoir la foi,
c’est durer dans la fidélité à Jésus. C’est lui faire une confiance totale,
quoi qu’il arrive, jusqu’à ce qu’il vienne.
La
parabole de l’intendant nous fait faire un pas de plus : Jésus compare
Dieu au Maître, et les disciples à l’intendant à qui il confie la gérance de
ses biens et de ses serviteurs. En définitive qui fait confiance à qui ?
C’est Dieu qui le premier a foi dans son intendant, en espérant qu’il lui restera
fidèle. La foi est un talent à faire fructifier, c’est pourquoi le Maître
attend qu’il porte du fruit. Inversement, Jésus nous enseigne que perdre la
foi, c’est entrer dans un cycle d’autodestruction : colère, violence,
addictions…
Nous
savons bien que nous luttons, que nous naviguons entre les deux, entre actes de
foi et pertes de la foi, aussi, comme le père de l’enfant possédé par le démon,
nous crions à Dieu : « Je
crois, viens au secours de mon manque de foi », et nous en appelons à
l’Esprit Saint.
Chers
frères et sœurs, nous sommes dans un monde où les chrétiens sont pris en
tenaille entre ceux qui ne croient pas et ceux qui croient mal. Certains vivent
dans la volonté folle de prendre la place de Dieu et de transformer le monde à
l’image d’eux-mêmes, d’autres désespèrent et se laissent aller à l’addiction ou
à la violence. Il y a peu d’espace pour la foi et la raison qui connaît le
Seigneur, qui écoute sa Parole et qui lui est fidèle.
Dans
ce monde, nous n’avons pas à inventer la poudre, simplement à nous garder
fidèles dans l’amour de Dieu et du prochain, avec la grâce de Dieu, et à
veiller jusqu’à l’heure de la venue de Jésus. Pour le témoignage, c’est
l’Esprit du Seigneur qui parlera en nous. Nous n’avons rien à craindre. Amen.