Si
3,17-18.20.28-29 ; Ps 67 ; Hb 12,18-19.22-24a ; Lc 14,1.7-14
Chers
frères et sœurs,
Aujourd’hui Jésus semble nous enseigner les
bonnes manières : ne pas s’asseoir de son propre chef à la première place,
ne pas faire de cadeaux en spéculant sur le fait qu’on puisse en avoir de plus
beaux en retour. Mais enfin, est-ce que Dieu s’est fait homme, est mort et est
ressuscité, pour nous apprendre les bonnes manières ? Non, Jésus est venu nous
enseigner quelque chose de son Royaume.
« Quand
quelqu’un t’invite à des noces… », nous devons comprendre :
« Quand le Seigneur t’appelle à entrer dans sa vie… ». Il faut bien
évidemment se réjouir d’être appelé par Dieu, et se revêtir d’un habit de fête.
C’est un grand don de Dieu que d’être appelé par lui. Et nous qui sommes
baptisés, nous le sommes tous ! Mais nous n’avons pas à en tirer orgueil.
Souvenez-vous de la mère des Fils de Zébédée, les apôtres Jacques et Jean. Elle
avait demandé à Jésus que l’un siège à sa droite et l’autre à sa gauche, dans
son Royaume. Et Jésus avait répondu que cette décision ne lui appartenait
pas : il y avait ceux pour qui ces places étaient réservées par son Père.
Et on peut penser, avec l’Evangile d’aujourd’hui, que ces places sont pour les
deux personnes les plus humbles du monde. Aussi, réjouissons-nous d’être des
appelés, mais ne nous en glorifions pas : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? » avait
dit Jésus à Jacques et Jean. C’est-à-dire, pouvez-vous d’abord passer par la
Croix, avec moi ?
« Quand
tu donnes un déjeuner… » poursuit Jésus « n’invite pas tes amis » mais « invite des pauvres et des estropiés ». Jésus nous apprend ici deux
choses.
La première est que le maître du repas idéal,
c’est Dieu. C’est lui qui invite les hommes, qui les appelle. Or Dieu invite
des hommes qui sont incapables de lui rendre son invitation, évidemment.
Lorsque Dieu nous appelle, c’est une telle grâce qu’il nous est impossible de
la lui rendre, sinon par notre amour imparfait et en reproduisant du mieux
qu’on peut les paroles et les gestes que Jésus nous a appris. Dieu n’appelle pas
les riches – c’est-à-dire ceux qui se suffisent par eux-mêmes – qui pourraient,
dans leur folie, avoir l’impression de ne rien lui devoir, ou d’être capable de
lui donner pareil sinon mieux en retour. Mais non, Dieu appelle les pauvres et
les pécheurs, parce que telle est la puissance de son amour.
La seconde chose que Jésus nous apprend dans
cette histoire, c’est qu’il nous appartient, à nous les baptisés, de nous
comporter comme Dieu, à savoir : inviter, faire gratuitement des cadeaux,
à ceux dont nous savons qu’ils les recevront comme une vraie surprise et une
immense joie. Et cette joie sera contagieuse jusque dans le cœur de celui
qui invite. Cela peut commencer par se faire par des petits gestes d’affection
et des petites paroles d’amour et de pardon, en famille, comme ça, juste pour
la joie qu’ils nous donnent.
Ainsi donc, ce que Jésus dénonce, c’est
l’orgueil qui est dans notre cœur : orgueil conscient de se croire
supérieur ou meilleur que les autres, et orgueil inconscient qui veut utiliser
les autres pour se valoriser soi-même.
Au contraire, Jésus met l’accent sur
l’immense bonté du Père : son amour miséricordieux, gratuit et abondant,
qui élève les humbles et qui comble de biens les affamés. Amour dont nous
bénéficions et sur lequel nous pouvons prendre modèle.
Pour finir, ayons conscience, comme nous y
invite l’auteur de la Lettre aux Hébreux,
que nous sommes dépositaires d’un trésor immense : nous connaissons Dieu à
travers la lumière de la résurrection de Jésus et sa communion d’amour. Nous sommes
– nous chrétiens – invités aux repas des
noces dans son Royaume.
Ainsi, nous avons reçu un talent d’une valeur
inestimable à faire fructifier et qu’il nous est impossible de rendre sinon en
aimant humblement Dieu et notre prochain, et en célébrant l’Eucharistie avec
reconnaissance.