lundi 5 septembre 2016

4 septembre 2016 - GY - 23ème dimanche TO - Année C

Sg 9,13-18 ; Ps 89 ; Ph 9b-10.12-17 ; Lc 14,25-33

Chers frères et sœurs,

Jésus se retourne et s’adresse aux gens qui se pressent autour de lui. D’où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Ce sont les habitants de Galilée, qui ont entendu la Parole de Dieu dans la bouche et les actes de Jésus : elle les fascine. Ils l’ont vu réconcilier des pécheurs, chasser des esprits mauvais et guérir des malades. Ils l’ont vu encore produire quantités de pains et de poissons. Bref, Jésus est comme une corne d’abondance, et on comprend qu’ils ne veulent pas le lâcher.
Mais Jésus se rend à Jérusalem. Il marche vers la Croix. C’est pourquoi il met en garde la foule : il faut quitter sa famille, quitter ses biens et prendre sa croix pour le suivre jusqu’au bout. Jésus ne parle pas ici seulement pour ceux qui deviendraient par la suite des moines ou des religieux, mais il parle pour tous les chrétiens. Tous, nous avons à quitter notre famille, nos biens et à prendre notre croix, et d’ailleurs, n’est-ce pas ce que nous vivons très concrètement et très simplement au grand âge ? Les religieux ne font qu’anticiper ce qui est le chemin de tous, le chemin qui, par la croix avec Jésus, mène au Royaume des cieux.

Les histoires de la tour et du roi sont curieuses. Elles donnent l’impression, qu’il faut réfléchir avant de se lancer dans une œuvre ou dans un combat, comme si Dieu n’existait pas…, comme si, la suite de Jésus ne dépendait que d’une volonté personnelle raisonnable. En toute rigueur, personne ne suivrait Jésus s’il se mettait à réfléchir humainement seulement. Est-ce que saint Paul avait fait les plans de ses missions avant de s’y lancer ? Est-ce que Mère Térésa avait fait les statuts de sa congrégation lorsqu’elle est partie, seule avec sa valise, dans son premier bidonville ? Non. Ils ne savaient pas de quoi demain était fait. Ils ne savaient pas ce qu’ils deviendraient. Mais ils ne sont pas non plus partis sans s’asseoir. Alors que veut dire « s’asseoir » ?

Suivre Jésus, être en capacité de marcher avec lui jusqu’à Jérusalem, c’est d’abord être appelé par lui. Ce n’est pas l’homme qui est à l’origine de sa vocation, mais c’est Dieu. Et si Jésus appelle, alors il donne la grâce d’avoir la force pour marcher avec lui sur son chemin, quel qu’il soit, où qu’il aille. Ainsi, ce qui a motivé saint Paul pour évangéliser, c’est sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas. Ce qui a motivé l’engagement de Mère Térésa pour les pauvres, c’est cet appel, dans le train pour Darjeeling, où elle avait entendu intérieurement le cri de Jésus en Croix : « J’ai soif ».

Alors « s’asseoir », c’est prier, c’est réfléchir avec l’Eglise, à l’appel que l’on a entendu de Jésus pour pouvoir se lever et marcher avec lui jusqu’à Jérusalem. C’est ce qu’a fait saint Paul : après qu’Ananie lui ait imposé les mains pour qu’il retrouve la vue, il s’était retiré pendant trois ans dans le désert, puis il était allé voir les Apôtres pour confirmer l’Evangile qu’il avait reçu. C’est ensuite, à l’appel de Barnabé, qu’il avait commencé à évangéliser. Quant à Mère Térésa, la réflexion a duré deux ans, avec ses supérieures et avec l’archevêque de Calcutta, jusqu’au jour où elle s’est levée pour servir les pauvres qui avaient soif.

Suivre Jésus jusqu’à Jérusalem, ce n’est pas seulement une question de mise en route. Il faut aussi marcher avec lui fidèlement sur le chemin, tous les jours, sous le soleil et sous la pluie. Or la chair est faible et les tentations de regarder en arrière sont fortes. Par la foi, on maintient ses antennes spirituelles déployées pour capter la grâce que le Seigneur donne chaque jour, on garde l’œil intérieur ouvert sur le visage de Jésus et l’oreille sensible à sa parole. Sans cesse, on contemple en lui cette lumière qui un jour nous a appelés. Alors, toujours tournés vers le Seigneur, nous sommes réellement libres et disponibles : avec lui nous pouvons faire ce qu’il attend de nous : bâtir une tour ou gagner une bataille.

Chers frères et sœurs, nous avons entendu l’Evangile du Seigneur qui nous appelle. Nous nous sommes assis pour prier et réfléchir à cet appel. Bientôt nous allons nous lever pour confesser notre foi et nous allons répondre à notre vocation de baptisés en nous tournant vers le Seigneur, et en lui permettant, à travers notre prière, de se rendre présent au milieu de nous, aujourd’hui, dans ce monde, comme un rayon de soleil divin, pour que les hommes aient la vie. Amen.


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