Am
8,4-7 ; Ps 112 ; 1Tm 2,1-8 ; Lc 16, 1-13
Chers
frères et sœurs,
L’argent est une invention des hommes et il
n’existe pas dans le royaume des cieux. Ce qui existe dans le royaume des cieux
c’est la joie du don gratuit et généreux, avec la gratitude du cœur et l’action
de grâce de l’âme, qui lui répondent en retour. Ce qui existe dans le royaume
des cieux, c’est l’amour.
Ainsi, tous ceux qui fondent leur vie sur
l’argent bâtissent sur du sable, tandis que ceux qui bâtissent sur l’amour qui
donne, et l’amour qui remercie, bâtissent sur le roc.
Le maître fait l’éloge du gérant malhonnête,
parce qu’il a su mettre l’argent au service de l’amour. Il a utilisé l’argent
pour créer des relations marquées par le don et la gratitude. Il a su placer
l’amour avant l’argent. En faisant ainsi, il a introduit la loi du royaume de
Dieu, la loi de l’amour, sur la terre, et il a remis à sa juste place la loi
humaine et inhumaine de l’argent.
L’argent n’est pas mauvais en soi : il
peut servir à faire du bien, à créer des relations qui sont éternelles parce
que ce sont des relations d’amour. Mais l’argent a aussi un pouvoir de
fascination qui risque de nous entraîner à devenir ses esclaves et à nous faire
perdre le sens et le goût de l’amour.
Parce que Jésus est ressuscité, nous
chrétiens, nous savons que la vraie vie est la vie du Royaume des cieux, la vie
de Jésus ressuscité, la vie de Dieu. Et c’est elle, cette vie, qui est notre
trésor et notre espérance. Aussi bien, toutes les richesses de la terre ne sont
pour nous que des moyens à mettre au service de la fidélité à cette vie de Dieu
qui est l’amour. Si nous plaçons les choses de la terre avant celles du ciel,
nous nous enfermons sur nous-mêmes et nous sommes perdus. Au contraire, si nous
choisissons, de vivre déjà maintenant, avec les moyens de la terre, quelque
chose du ciel, alors nous entrons déjà au ciel. Nous avons un trésor au ciel.
Saint Paul redit tout cela à propos du
pouvoir politique. Si ce pouvoir est utilisé pour le bien commun, pour encourager
de justes relations de paix, de dévouement et de dignité parmi les hommes,
alors il produit déjà maintenant un avant-goût du royaume des cieux. L’homme
qui a le pouvoir n’est pas Dieu, car il n’y a qu’un seul Dieu. L’homme de
pouvoir n’est pas le médiateur entre Dieu et les hommes, il n’y a qu’un seul
médiateur : le Seigneur Jésus. De même, l’argent n’est ni Dieu, ni la
puissance de Dieu, mais l’Amour seul est Dieu et la grâce est sa puissance.
Ce que saint Paul attend des hommes qui
exercent le pouvoir politique, c’est qu’ils se mettent au service du bien
commun, de la paix et de la dignité de tout homme, et qu’ils ne s’abandonnent
pas à la poursuite de leurs propres intérêts ou de leur propre idéologie. Et
pour cela, saint Paul demande que les chrétiens prient pour ces hommes afin que
leur cœur soit tourné vers la beauté de la vérité et du bien, dans un esprit de
service généreux.
En définitive, chers frères et sœurs,
pourquoi l’usage libre et généreux des richesses et le service désintéressé du
prochain en vue du bien commun, sont-ils pour nous chrétiens des attitudes si
importantes ?
Parce que Dieu lui-même les a pratiquées pour
nous le premier. Parce que Dieu est pur amour, le Père a donné son fils unique
pour que nous, qui sommes pécheurs, insolvables, nous soyons libérés de nos
péchés. Parce que Dieu est pur amour, Jésus s’est dépouillé librement de sa
divinité, de ses vêtements et même de sa vie, pour nous, pour que – par le don
de lui-même à son Père, et par l’Esprit Saint donné lui aussi en abondance – tous
ensemble nous puissions être rassemblés dans la communion d’amour de Dieu, la
communion des saints.
Voyez : Dans son amour, Dieu n’a pas
compté à la dépense pour faire de nous des saints. Soyons-en lui reconnaissants,
par toute notre vie. Amen.