jeudi 25 mai 2017

25 mai 2017 - MEMBREY - Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20

Chers frères et sœurs,

Nous savons que Jésus est apparu à de nombreuses reprises à ses disciples depuis sa résurrection. Mais qui dit apparition dit aussi – bien sûr – disparition. L’ascension n’est que la toute dernière disparition, au bout de quarante jours.

D’un côté les disciples sont maintenant pratiquement prêts à rendre témoignage à la face du monde et jusqu’au bout de la terre, il ne leur manque plus que la puissance de l’Esprit Saint, qui leur sera donné à la Pentecôte. Tout tendus vers le ciel, ils attendent avec impatience le don de Dieu.
De l’autre, Jésus se présente maintenant tout de bon devant son Père, revêtu de l’humanité qu’il partage avec nous depuis l’Annonciation, et il la lui présente en offrande d’action de grâce. C’est lorsque le Père aura agréé cette offrande que l’Esprit sera répandu sur les disciples et sur le monde, pour les transfigurer.

Bien sûr, nous savons que l’Ascension a eu lieu et que la Pentecôte a eu lieu aussi : les Apôtres ont reçu le don du Saint-Esprit. C’est lui qui leur a donné la force de porter l’Evangile jusqu’au bout du monde, et c’est grâce à eux et à leurs successeurs qu’aujourd’hui nous sommes chrétiens. Cela veut dire que l’offrande qu’a faite Jésus de son humanité à son Père a été agréée et qu’il est maintenant assis à sa droite. Cela veut dire que Jésus est égal à son Père dans la dignité divine et en lui, notre humanité a été revêtue du manteau royal de la divinité.

Mais il est bon que nous comprenions aussi que le mystère de l’Ascension ne cesse jamais tant que la fin du monde n’est pas arrivée. La « fin du monde » est une traduction ambiguë. Il serait préférable de dire la « plénitude du monde », comme dit saint Paul aux Ephésiens.
Ainsi donc, jusqu’à la plénitude du monde, jusqu’à la plénitude des temps, Jésus se présente face à son Père pour lui présenter en offrande toute l’humanité et toute la création. Jésus est vraiment – en permanence – notre Défenseur dans les cieux,  notre avocat. Il ne cesse de prier son Père de nous donner la plénitude de son amour, de sa miséricorde, de son Esprit. En quelque sorte, la plénitude des temps, la plénitude du monde, sera une grande Pentecôte où toute l’humanité et toute la création seront entièrement transfigurées et renouvelées dans l’Esprit Saint.

Et en même temps, jusqu’à ce jour de plénitude des temps, de grande Pentecôte sur l’univers, les disciples de Jésus prient et veillent avec lui dans l’attente de l’Esprit Saint ; toute leur attention est tournée vers le ciel dans l’attente du don total de la vie de Dieu ; et en même temps, ils sont envoyés dans le monde comme témoins de la vie et de la résurrection de Jésus. Le temps qui nous est donné d’ici la plénitude des temps, est un temps de prière, un temps de conversion et un temps d’évangélisation.

Chaque messe est la participation au geste d’offrande de Jésus et l’anticipation de la plénitude des temps. Lorsque le prêtre chante « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles », c’est Jésus qui présente à son Père son Corps et son Sang en offrande, implorant le Père de les agréer et de donner au monde son Esprit et sa vie. A cette prière intense de Jésus, le peuple de Dieu donne un assentiment profond et vibrant en chantant le « Amen » : c’est toute l’Eglise en prière, tendue avec Jésus dans l’attente de la réponse du Père.
Or la réponse du Père, la voici, c’est quand le prêtre dit : « Heureux les invités au repas du Seigneur, voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » ; et la plénitude des temps, c’est quand le peuple des fidèles vient communier au Corps du Christ et au Sang du Christ. Alors tout est accompli ; tout est renouvelé : c’est déjà la plénitude des temps qui s’accomplit.

Chers frères et sœurs, la Messe, c’est un geste et un moment unique au monde, où nous vivons avec Jésus, en communion avec lui, sa grande prière d’intercession pour le salut du monde, et nous anticipons et hâtons sa venue, à la plénitude des temps.
La vocation des baptisés est une vocation de prophètes pour annoncer l’Evangile ; elle est aussi une vocation de prêtres, pour demander l’Esprit ; et enfin, elle est une vocation de roi : il n’y a pas plus grand sur la terre que l’Eglise humble et servante qui célèbre l’eucharistie. Amen.


dimanche 21 mai 2017

20-21 mai 2017 - SEVEUX - FRETIGNEY - 6ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 8,5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1P 3,15-18 ; Jn 14,15-21

Chers frères et sœurs,

Jésus est vivant. Il s’est manifesté à ses apôtres et il leur annonce son départ prochain. L’inquiétude des disciples est palpable et Jésus s’emploie à les rassurer, et même mieux, à les tirer vers le haut. Il y aura un partage des rôles. Pendant que les disciples garderont ses commandements, lui il priera le Père de leur donner un autre défenseur : l’Esprit Saint. Et à ceux qui garderont ses commandements, Jésus leur annonce aussi qu’ils le reverront : il se manifestera à eux.
La phrase peut-être la plus importante de l’Evangile d’aujourd’hui a été traduite de manière trop molle en français. Mais en grec comme en araméen elle est limpide. La voici : « D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez, parce que moi je vis, et vous aussi vous vivrez ».
Jésus nous dit ici très clairement qu’entre nous et lui, c’est lui – et non pas nous – le vrai vivant. C’est en lui qu’est la source de la vie. Il le prouvera par ses apparitions, par ses manifestations. Et il communiquera cette vie par son Esprit Saint : « Vous aussi vous vivrez ».
Ainsi donc, Jésus parti, ses disciples qui gardent ses commandements se préparent à recevoir l’Esprit Saint et à voir les manifestations de Jésus vivant. Ils se préparent à être illuminés par sa lumière, à entrer dans sa lumière, comme Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration. Et c’est dans cette lumière que se trouve la vie. C’est elle que Jésus nous promet.

Mais quels sont les commandements de Jésus ? Nous les connaissons. En premier lieu se trouve l’amour de Dieu et du prochain. Ensuite il y a les autres commandements du Décalogue, que Jésus n’a pas aboli mais accompli. Jésus a aussi commandé à ses disciples, de s’aimer les uns les autres comme lui-même les a aimés. Il a précisé qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis, et il a enseigné qu’il fallait pardonner à ses persécuteurs. Jésus a aussi donné d’autres commandements : celui de veiller sans cesse dans la prière en attendant sa venue ; celui de célébrer l’Eucharistie en mémoire de lui ; et celui d’aller jusqu’au bout du monde, annonçant l’Evangile et baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Nous voyons bien que c’est en vivant chrétiennement que Jésus nous donne l’Esprit Saint et qu’il se manifeste à nous. Et plus Jésus donne l’Esprit, plus nous pouvons le voir, et plus nous vivons saintement. C’est un cercle vertueux.

J’attire votre attention sur trois points. Le premier est que Jésus parle à ses disciples en disant « vous ». C’est-à-dire que Jésus s’adresse autant à chaque personne, individuellement, qu’il s’adresse aussi à toute l’Eglise que ses disciples forment tous ensemble. Ainsi, c’est tous ensemble que nous aimons Dieu et le prochain, que nous nous aimons les uns les autres, que nous prions, célébrons l’Eucharistie, et que nous annonçons la Résurrection de Jésus. Voir Jésus, recevoir son Esprit Saint, ce sont des choses qui se vivent personnellement mais aussi tous ensemble. C’est dans l’Eglise que se trouve la source de la vie et qui fait que l’Eglise est elle-même un corps vivant.
Le second point est souligné par saint Pierre, qui nous demande d’être toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous, avec douceur et respect. Mais pour cela, saint Pierre a mis une condition préalable : « Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ ». « Honorez la sainteté du Seigneur »… en accomplissant ses commandements. C’est un appel à une conversion toujours plus profonde et en même temps une promesse : car honorer Jésus c’est se souvenir qu’il a souffert pour les pécheurs, pour les introduire devant Dieu ; qu’il a été mis à mort dans la chair ; et qu’il a été vivifié dans l’Esprit. L’Esprit Saint est un esprit vivifiant. C’est en Dieu que se trouve la vie et nulle part ailleurs. Accomplir les commandements, c’est mourir dans la chair, mais vivre dans l’Esprit. Et c’est alors qu’on est rendu capable de rendre compte de l’espérance qui vit en nous.
Enfin, troisième point, nous savons donc que ceux qui accomplissement les commandements de Jésus, se rendent disponibles au don de l’Esprit et sont susceptibles d’en avoir la vision. Mais, ceux qui en sont les heureux bénéficiaires, ne sont pas pour autant dispensés d’en recevoir confirmation par les mains des Apôtres du Seigneur et de leurs successeurs. C’est ce qui s’est passé en Samarie. Beaucoup ont bénéficiés de miracles, se sont convertis, ont été baptisés, mais il a fallu que Pierre et Jean, venus de Jérusalem, viennent leur imposer les mains. Il en a été de même pour saint Paul, lorsqu’il a rencontré le Christ sur le chemin de Damas : il a fallu qu’Ananie vienne aussi lui imposer les mains.

Les successeurs des Apôtres, établis et envoyés par Jésus sont les garants de l’unité dans la charité dans l’Eglise. Et au fond, si nous voyions vraiment avec les yeux qui voient, grâce à l’Esprit Saint, nous verrions que ces successeurs des Apôtres sont eux-mêmes comme une présence actuelle du Bon Berger qui accompagne et guide toujours son Eglise. Par l’Esprit Saint, là où se trouve l’évêque, là se trouve l’Eucharistie, et là se trouve l’Eglise ; c’est bien là qu’aujourd’hui se trouve toujours visiblement Jésus source de vie éternelle. Amen.

mercredi 17 mai 2017

13-14 mai 2017 - VAUCONCOURT - VELLEXON - 5ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 6,1-7 ; Ps 32 ; 1P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

Chers frères et sœurs,

L’évangile que nous avons entendu peut se lire avant la mort de Jésus sur la croix, où celui-ci annonce son départ à ses disciples ; mais il peut se lire aussi avant l’ascension de Jésus au ciel ; et c’est pourquoi il a été choisi comme lecture pour aujourd’hui.
Les disciples sont troublés parce que le Seigneur Jésus qui leur est apparu ressuscité va maintenant disparaitre à leurs yeux. Il leur semble qu’ils vont se retrouver abandonnés. Mais Jésus leur explique qu’il va leur préparer une place au ciel et qu’il reviendra les chercher le moment venu. Il leur promet également le don de son Esprit-Saint. Il invite aussi les disciples à le rejoindre, en suivant son chemin.
Mais quel est ce chemin ? C’est bien la question de Saint Thomas, qui est un homme pratique. Jésus lui explique que c’est le chemin de la foi en lui, Jésus. Jésus précise qu’il est lui-même « le chemin, la vérité et la vie ».

Avoir foi en Jésus, c’est croire à ce Jésus qui est annoncé par l’Eglise quand elle récite le Credo. Jésus n’est pas une idée philosophique, mais il est une personne unique, qui de Dieu s’est fait homme, a vécu parmi nous, a annoncé le Royaume de Dieu, a guéri et pardonné ; il a été arrêté et jugé par les grand-prêtres de Jérusalem et par Ponce Pilate ; il a souffert sa passion, est mort sur une croix et, le troisième jour est ressuscité d’entre les morts. Il est apparu vivant à ses disciples. Et, comme l’annonçait l’Ancien Testament, il est vraiment le Messie, le Fils de Dieu qui nous rouvre l’accès au ciel, à la vie éternelle. Ainsi, le chemin de Jésus, c’est sa vie : une vie d’annonce de l’Evangile, faite de souffrance à cause de l’incompréhension des hommes,  mais aussi d’une immense joie parce que grâce à lui, c’est la vie du ciel qui est promise et déjà commencée, pour tous ceux qui lui sont fidèles.

Avoir foi en Jésus, c’est aussi croire à tout ce qu’il nous a dit par ses paroles et par ses actes, parce qu’il est vraiment Dieu, en qui se trouve la seule vérité crédible. Jésus explique cela lorsqu’il dit : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même » et « croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi ». Jésus est la Parole de Dieu. C’est par Jésus que le Père a créé l’univers, le maintien à chaque instant dans l’existence, et l’a renouvelé au moment de la résurrection. Il n’y a pas d’opposition entre la loi de l’univers et la parole de Dieu : c’est la même réalité, et c’est Jésus lui-même. C’est pourquoi il est la vérité, l’unique vérité, et qu’il n’y en a pas d’autre à part dans l’imagination d’un univers différent, qui n’existe pas.

Avoir foi en Jésus, c’est enfin se laisser imprégner et transformer par sa vie, c’est-à-dire sa communion d’amour. Jésus explique à Philippe : « Celui qui croit en moi, fera les œuvres que je fais », c’est-à-dire que Jésus agira dans celui qui croit en lui, comme son Père agit en lui. La communion est quelque chose d’extraordinaire qui n’existe que chez les chrétiens : chacun demeure totalement lui-même, personne unique, tout en étant uni complètement avec le Père, avec son Fils Jésus, et avec tous les saints, par la grâce de l’Esprit Saint. C’est une communion d’amour et de vie éternelle, puisque Dieu est éternellement vivant. La communion, c’est ce qui permet d’unir le particulier et l’universel, sans que l’un domine sur l’autre, mais au contraire pour que l’un enrichisse l’autre, et c’est l’Esprit Saint seul qui peut réaliser cela. Vous trouverez la communion chez les chrétiens catholiques et orthodoxes.

Voilà donc, chers frères et sœurs, le chemin, la vérité et la vie de Jésus. Le chemin, c’est lui-même et toute sa vie ; la vérité, c’est lui-même, sa parole et ses actes parce qu’il est Dieu ; la vie, c’est encore lui-même parce que c’est en lui seul et par la grâce de l’Esprit Saint, que nous pouvons entrer dans la communion d’amour avec son Père et tous les saints.
Lorsque nous baptisons une personne, juste après sa sortie de l’eau, l’Eglise lui donne l’onction du Saint-Chrême, pour que l’Esprit Saint la conforme à Jésus ; l’Eglise lui donne aussi la lumière allumée à celle du Cierge pascal, lumière de la vérité de la création et de la résurrection ; et enfin, elle revêt le baptisé d’un habit blanc, car il est devenu une personne nouvelle, vivante dans la communion de l’amour de Dieu, pour la vie éternelle.
Voilà, chers frères et sœurs, notre boussole pour vivre heureux en ce monde, en attendant que Jésus vienne nous chercher pour nous installer à la place qu’il a préparée pour nous au ciel : soyons fidèles jusqu’au bout au nom de Jésus, qui est pour nous le chemin du ciel, la vérité et la vie éternelle. Amen.

mardi 9 mai 2017

6-7 mai 2017 - IGNY - DAMPIERRE - 4ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14a.36-41 ; Ps 22 ; 1P 2,20b-25 ; Jn 10,1-10

Chers frères et sœurs,

Jésus est ressuscité : il est apparu vivant à ses disciples. Mais ce n’est pas pour en rester là : c’est pour nous conduire jusqu’au ciel.

Dans l’Evangile de Jean que nous avons lu, il y a deux paraboles de Jésus.

Dans la première, Jésus se compare au bon berger qui vient chercher ses brebis dans l’enclos, pour les conduire dehors, vers de bons pâturages. Les brebis qui sont dans l’enclos, ce sont tous les hommes, qui sont enfermés dans le monde actuel, limité par la mort. Jésus appelle ceux qui sont sauvés par leur nom, comme on appelle par son nom chaque baptisé. Ainsi, ceux qui, baptisés, connaissent la voix de Jésus, qui croient en lui et le suivent, trouvent le chemin des bons pâturages, c’est-à-dire la vie éternelle.
Jésus dénonce les voleurs et les bandits qui ne passent pas par la porte, mais qui escaladent les murs de l’enclos pour y entrer. Ils ne connaissent pas la porte, ils ne peuvent pas y passer. Mais alors, qu’est-ce cette porte ?
Pour Jésus, la porte est celle par qui il entre dans l’enclos, c’est-à-dire dans le monde. La porte est donc la sainte Vierge Marie. C’est par elle que Jésus entre, et par elle aussi qu’il sort, et que nous sortons avec lui pour aller au ciel. Souvenons-nous de cette parole de Jésus à Nicodème : « pour être sauvé, il faut renaître d’en-haut ». Il ne comprenait pas : comment pouvait-on rentrer dans le sein de sa mère, pour renaître à nouveau ? C’est comme si Marie, qui a engendré Jésus dans le monde, était aussi celle par qui nous étions engendrés à l’inverse dans le ciel. En fait, Marie est une image de l’Eglise. C’est par l’Eglise que Jésus continue à venir dans le monde, par les sacrements, et c’est par l’Eglise que les hommes sont sauvés et accèdent au ciel, en recevant les sacrements.

Mais Jésus emploie une seconde parabole. Ici, il se compare lui-même à la porte des brebis : si quelqu’un passe par lui, il sera sauvé. De fait, l’Eglise est aussi le corps du Christ. Celui qui appartient à l’Eglise, passe par Jésus pour trouver le pâturage, c’est-à-dire le ciel. L’Eglise se manifeste quand les chrétiens se réunissent pour célébrer les sacrements au nom de Jésus. Et quand l’Eglise célèbre un sacrement, c’est Jésus qui agit à travers elle pour sauver et nourrir la personne qui le reçoit.
Dans cette seconde parabole, Jésus dénonce aussi les voleurs et les bandits. Il explique que les brebis, instinctivement – c’est-à-dire aidées par l’Esprit Saint – ne les écoutent pas, ne les suivent pas, parce qu’elles ne reconnaissent pas sa voix. Plus encore, Jésus décrit la marque de fabrique des voleurs et des bandits : ils volent, ils égorgent et ils tuent. Le bon berger est celui qui fait vivre, les imposteurs sont des assassins. Les choses sont claires.

Jésus nous dit donc qu’il est la porte et le bon berger. Ses brebis connaissent sa voix et le suivent pour aller vers les bons pâturages, c’est-à-dire vers le ciel. D’accord, mais concrètement, comment suivons-nous Jésus ?
Saint Pierre nous le dit dans sa lettre : « Il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces ». Puis il explique que Jésus est lui-même le modèle : sans péché, sans aucun mensonge, sans rendre insulte pour insulte, sans menace dans la souffrance, Jésus s’abandonnait à Dieu son Père, celui qui juge avec justice. Cela, Jésus l’a fait pour nous ; il nous appelle à le faire à notre tour pour nos frères. Voilà le chemin qui conduit au ciel. Le premier à l’avoir emprunté, après le bon larron, c’est saint Etienne, qui fut lapidé à Jérusalem après un jugement expéditif et qui mourut, contemplant les cieux ouverts et priant Dieu pour ses persécuteurs. Comme Jésus.

Chers frères et sœurs, le chemin de Jésus est en même temps difficile et en même temps facile à suivre pour celui qui est habité par l’Esprit Saint, et qui sait que sa joie n’est pas sur la terre, dans le monde présent, mais au ciel, avec Jésus et tous les saints.
Saint Pierre a dit que Jésus était notre berger, le gardien de nos âmes. Nous n’avons donc pas à avoir peur ni du temps présent, ni de l’avenir, pourvu que nous demeurions fidèles à sa voix et que nous suivions son modèle, avec l’aide de sa grâce.

Seigneur, Jésus, tu es notre bon berger et nous t’appartenons. Ne permet pas que, dans ce monde compliqué, nous perdions ta voix et ton chemin, mais fais qu’avec toi et avec tous ceux que nous aimons, nous parvenions sans encombre et dans la joie au beau jardin du paradis. Amen.

lundi 1 mai 2017

30 avril 2017 - GY - 3ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14.22b-33 ; Ps 15 ; 1P 1,17-21 ; Lc 24,13-35

Chers frères et sœurs, les enfants,

Connaissez-vous Cléophas ? D’après la tradition, c’est le frère de saint Joseph. Avec Marie, sa femme, il a eu au moins trois enfants : Jacques dit « le petit », qui est un des apôtres de Jésus, puis José ou Joseph, et Simon. Simon deviendra le 2ème évêque de Jérusalem après Jacques le Juste. Marie la femme de Cléophas était au pied de la croix avec Marie, la mère de Jésus et Marie-Madeleine ; elle était aussi parmi les saintes femmes qui sont venues au tombeau, le matin de la résurrection, ce matin.

Or justement Cléophas est en grande discussion avec la personne qui l’accompagne sur le chemin d’Emmaüs. D’après le texte grec cette discussion s’échauffe assez vite. Au début ils « s’entretiennent », ensuite, ils « discutent », et quand Jésus les interpelle, il leur dit : « Quelles sont ces paroles que vous vous lancez entre vous en marchant ? » ! Il était temps que Jésus intervienne pour calmer le jeu.

En effet, les deux disciples de Jésus sont vraiment dépités parce que le Messie attendu, finalement, s’était fait démolir et crucifier par les autorités et par la foule. Mais en même temps, contre toute attente et contre toute raison, certains disciples affirmaient qu’il était ressuscité. Non seulement c’était dangereux, mais c’était même tout à fait déraisonnable. Imaginez donc, un homme mort il y a trois jours, qui est vivant aujourd’hui ! On comprend que la discussion s’échauffe.

Jésus ramène les disciples aux Ecritures, à toute l’histoire d’Israël, à commencer par Moïse puis tous les prophètes. Et – dit saint Luc – « il leur interpréta, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait ». L’enseignement de Jésus a dû durer à peu près une à deux heures, le temps d’arriver à Emmaüs. Et le cœur des disciples est tout brûlant tandis que Jésus leur parle de lui dans les Ecritures. Jésus, c’est en même temps tout le peuple d’Israël, toute son histoire, mais aussi le cœur des disciples. Il fait toujours bon d’être avec Jésus.

Voilà qu’ils arrivent à la maison. Saint Luc utilise un mot rare pour désigner le jour qui baisse, le crépuscule. La seule fois où il est utilisé dans le Nouveau Testament, c’est quand Jésus réalise la multiplication des pains. Il va se passer quelque chose. Et de fait, Jésus prend le pain, le bénit, le partage et leur remet, dans un geste ouvert, qui montre qu’il ne finit pas. Depuis que Jésus a rompu le pain, toujours et jusqu’à la fin du monde, il sera avec nous dans le pain rompu, c’est-à-dire dans son eucharistie, dans la communion.

Lorsque Jésus disparaît, les disciples l’ont reconnu dit le texte. Mais le grec est plus précis : « Eux aussi racontent ce qui est arrivé sur le chemin et comment ils l’ont connu au partage du pain ». « Comment ils l’ont connu », c’est le même langage que celui de saint Jean : avoir « connu » Jésus, c’est avoir été en communion intime avec lui. Ils ne l’ont pas seulement reconnu, ils ont été en communion avec lui, et ils l’ont en même temps découvert tout nouveau. Comme à la Transfiguration pour Pierre, Jacques et Jean. Le même Jésus, mais Jésus ressuscité, transfiguré, lumineux et paisible.

Chers frères et sœurs, savez-vous ce que signifie le nom « Cléophas » ? On sait que le disciple qui portait ce nom s’appelait avant « Alphée », c’est-à-dire « celui qui enseigne ». Mais maintenant il s’appelle « Cléophas », c’est-à-dire en araméen « Qlé-yaphâ ». Souvent lorsqu’on rencontre Dieu, dans la Bible, on change de nom, comme au baptême, on reçoit un nom nouveau. Hé bien celui qu’on appelait « Alphée » est devenu, avec une sorte de jeu de mots, « Qlé-yaphâ ». C’est un nom double qui signifie quelque chose comme « voix » ou « bruit léger » et « resplendissant, rayonnant, brillant, lumineux ». Chers frères et sœurs, le nom de Cléophas est celui de la vision qu’il a eue : « la douce voix de celui qui est resplendissant », Jésus, notre seul Seigneur, et notre Dieu. Amen.

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