dimanche 31 janvier 2016

31 janvier 2016 - LA CHAPELLE SAINT QUILLAIN - 4ème Dimanche TO - Année C

Jr 1,4-5.17-19 ; Ps 70 ; 1Co 12,31-13,13 ; Lc 4,21-30.

Chers frères et sœurs,

Avez-vous remarqué quelque chose d’étonnant dans les lectures que nous venons d’entendre? Que ce soit pour Jérémie, pour saint Paul ou pour Jésus, tous les trois porteurs de la parole de Dieu, tous se retrouvent confrontés à une forte opposition.

Pour Jérémie l’opposition prend la forme de la puissance publique : tout le pays, les rois de Juda et ses princes, ses prêtres et finalement tout le peuple. C’est tout le « système » – dirait-on aujourd’hui – qui s’oppose à lui. En effet, Jérémie dénonçait le manque de foi des élites et du peuple, avec pour conséquence la conquête d’Israël par les Chaldéens, la destruction de Jérusalem et l’exil à Babylone. C’était insupportable.
Pour Jésus, c’est plus désolant : ce sont les gens de son clan familial de Nazareth, les descendants du roi David, qui s’opposent à lui. Ils attendaient un Messie sauveur, qui serait roi d’Israël et qui rétablirait leurs prérogatives royales. Et voilà que le fils du charpentier ose se prétendre Messie, tout en leur refusant les miracles attendus ; miracles que, par réaction à leur orgueil et à leur jalousie, il promet aujourd’hui aux étrangers. C’est insupportable.
J’ai fait exprès de parler de saint Paul en dernier. Lui aussi est confronté à une opposition redoutable : la sienne. Son propre orgueil, son propre péché : « J’aurai beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurai beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour je ne suis rien. J’aurai beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurai beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien ». Tout est dit : La vérité de l’amour me dévoile que, sans lui, je suis un hypocrite et un menteur. L’amour me manifeste que je suis, d’une certaine façon, mon pire ennemi. C’est insupportable.

Ainsi donc, le prophète, l’apôtre, Jésus lui-même, tous sont confrontés à une opposition qui de la société traverse la famille pour aller jusqu’à la sienne propre. Cette opposition se manifeste à tous ceux qui sont porteurs de la Parole de Dieu, et a fortiori à la Parole de Dieu elle-même c’est-à-dire Jésus lui-même. Dieu n’est pas le bienvenu dans notre monde : il dérange trop.

Et pourtant, saint Paul met le doigt sur le terrible malentendu : « s’il me manque l’amour, je ne suis rien » ; « s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien ». Ce qui permet à Paul d’être vraiment Apôtre et non pas rien, qui permet aussi à Jérémie d’être prophète à temps et à contretemps, et à Jésus d’être le vrai Messie d’Israël et Sauveur du monde par sa mort et sa résurrection, c’est l’Amour qui est en eux. Saint Paul dit comme saint Jean : « Dieu est Amour » : « l’amour ne passera jamais ». L’amour est l’origine du monde et sa seule possibilité d’exister réellement et éternellement. On le sait bien intuitivement : un enfant qui n’est pas aimé par ses parents est un enfant qui meurt.
Voilà le drame du monde qui s’oppose à Dieu : il s’oppose à l’Amour. Et pourtant sans cet amour, il n’est rien.

Nous sommes maintenant placés face au choix suivant. Ou bien, nous choisissons le monde et son néant ; ou bien nous choisissons Dieu qui est Amour.
Jérémie, saint Paul et Jésus ne se sont pas couchés devant la difficulté. Au contraire, ils se sont levés : ils ont choisi l’Amour ou l’adhésion à la volonté du Père. Aussitôt le monde s’est violemment opposé à eux. Mais parce qu’ils sont demeurés fidèles à l’Amour, ils ont vaincu le monde.
Ne soyons pas idéalistes. Choisir l’Amour de Dieu et lui demeurer fidèle dans un combat quotidien contre soi-même, quelquefois contre l’incompréhension de ses proches, et dans l’opposition, parfois sourde, parfois violente, de la société, cela n’est pas possible avec les seules forces humaines. Il faut le secours de l’Esprit Saint.
Choisir l’Amour de Dieu, vivre de l’Amour de Dieu, c’est une grâce qu’il faut lui demander à chaque instant dans la prière. Pour l’obtenir, il n’y a pas de prière plus efficace que celle d’offrir en toutes circonstances, à Dieu et à son prochain, tout l’amour dont on est capable. En entrant dans le cercle vertueux de l’amour, où la grâce suscite l’offrande, et l’offrande appelle la grâce, nous sommes élevés de grâce en grâce, et d’offrande en offrande, jusqu’au sommet de l’Amour qui est la sainteté.

Chers frères et sœurs, la volonté de Dieu et la raison pour laquelle nous existons, c’est Dieu qui veut nous faire entrer en lui, dans son Amour. Et pour nous montrer que cela est possible, il se donne lui-même à nous, en Jésus, dans l’Eucharistie, pour être en nous. Ainsi, lui en nous et nous en lui, nous sommes en communion d’Amour déjà aujourd’hui et pour toujours. Car, dit saint Paul, « L’amour ne passera jamais ».

dimanche 24 janvier 2016

24 janvier 2016 - SEVEUX - 3ème Dimanche TO - Année C

Ne 8,2-4a.5-6.8-10 ; Ps 188 ; 1Co 12,12-30 ; Lc 1,1-4 et 4,14,21

Chers frères et sœurs,

Les lectures de ce jour nous invitent à faire le point sur notre relation à la Bible. Je voudrais d’abord vous mettre en garde contre trois erreurs assez courantes. Ensuite, nous regarderons de plus près comment la Bible nous parle de Dieu et même comment elle nous prépare à reconnaître sa présence.

Une première erreur, concernant la Bible, est de croire qu’elle n’est qu’un seul livre. En réalité, la Bible est une bibliothèque, composée de livres de différentes sortes : des livres historiques, juridiques, poétiques, de sagesse, des livres qui racontent des visions, des prophéties, des recueils de lettres. Tous nous parlent de Dieu et de l’homme, chacun selon son mode propre. La Bible n’est donc pas un livre, mais une bibliothèque.
La seconde erreur est de dire que « la Bible est la Parole de Dieu ». C’est faux. La Parole de Dieu, ce n’est pas la Bible ou un texte de la Bible, ni même un évangile ; la Parole de Dieu – le Verbe de Dieu – c’est Jésus. Jésus lui-même. Aussi bien, quand le prêtre ou le diacre dit, après avoir proclamé l’Evangile : « Acclamons la Parole de Dieu », l’assemblée répond : « Louange à toi Seigneur Jésus ». La Bible, tous les textes de la Bible, nous renvoient à la Parole de Dieu, à Jésus, et à son Père et à l’Esprit Saint, qui sont tous les trois inséparables. Ainsi, lorsqu’on lit un texte de l’Ancien Testament, un psaume, l’histoire d’un prophète, ses prophéties, l’histoire d’Abraham de Moïse ou de David, d’une manière ou d’une autre, ce texte nous oriente vers Jésus, vers son Père et l’Esprit Saint. Et, en regard nous découvrons qui est vraiment l’homme, le peuple ou l’assemblée, qui deviendra l’Eglise.
La troisième erreur est de dire que « le christianisme est une religion du livre ». Vous avez déjà compris qu’on ne peut pas parler d’un livre et que la Parole de Dieu, c’est Jésus lui-même. L’expression « religion du livre » est donc fausse pour ce qui nous concerne. Mais cela va plus loin. La Bible n’est pas un livre sacré écrit directement par Dieu, mais un recueil de livres saints. Ce sont des hommes, comme vous et moi, qui ont simplement écrit ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu, et ce que l’Esprit Saint les a poussé à écrire, à la lumière de leur foi. Mais ils demeurent des hommes, avec leurs imperfections. Aussi bien les textes sont en même temps l’œuvre de Dieu inspirateur et l’œuvre des hommes rédacteurs. Si nous sommes une religion de quelque chose, nous ne sommes certainement pas une religion du livre, mais une religion de la foi en Dieu, Père créateur, de son Fils Jésus le sauveur et de l’Esprit Saint vivifiant.

Comment donc nous situer par rapport aux textes de la Bible qui nous parlent de la Parole de Dieu, ou à travers lesquels la Parole de Dieu s’exprime ? Il y a au moins trois règles simples pour lire la Bible.
La première est que chaque texte doit se lire à la lumière de tous les autres. Tous ceux qui ont fait du découpage, en retirant tel texte ou tel passage qui les dérange, ont troublé l’image de Dieu et perverti la relation que les hommes ont avec lui. C’est une impasse.
La seconde règle pour lire la Bible est qu’il faut la lire dans l’Esprit de l’assemblée qui l’écoute. Vous avez vu que pour les Juifs, la Bible se lit au milieu du peuple ou au milieu de l’assemblée de la synagogue. De la même manière pour nous : la Bible se lit au milieu de l’Eglise, avec la foi de l’Eglise, et tout ce qui va avec : son organisation, sa liturgie, les sacrements, les œuvres de l’Eglise, bref tout ce qui fait qu’elle est l’Eglise et qui garantit qu’elle est fidèle à l’esprit qui lui vient des Apôtres. Toute lecture de la Bible qui se fait en dehors de l’esprit de l’Eglise est une lecture limitée, partielle, et donc incapable de nous dévoiler le vrai visage de Jésus. C’est une contrefaçon et une seconde impasse.
Enfin, troisième règle pour lire la Bible, c’est la foi en Dieu Père Fils et Esprit tel qu’elle est définie dans le Credo. De la même manière qu’il faut tenir tous les textes de la Bible, tout ce qui constitue l’Eglise, il faut tenir aussi tout ce qui constitue la foi de l’Eglise. Avec ces trois règles : nous sommes assurés d’avoir une lecture conforme à l’Esprit qui a inspiré les rédacteurs.

Mais pourquoi donc est-il utile et important de lire la Bible ? Parce qu’elle est comme saint Jean-Baptiste : elle nous indique la présence de Dieu aujourd’hui : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde ».
Elle nous indique comment Dieu s’est manifesté aux hommes, comment cela se passe, hier comme aujourd’hui.
Puis, après en avoir dressé un portrait-robot dans l’Ancien Testament, elle nous indique comment Jésus – qui est Dieu – a vécu parmi nous, ce qu’il a dit, ce qu’il a fait. Et après, comment ont vécu les premiers chrétiens, à la lumière de leur foi en la résurrection de Jésus. Nous pouvons ainsi savoir qui est vraiment notre Dieu, et du coup qui nous sommes et à quelle vie nous sommes appelés, nous qui sommes créés à son image et à sa ressemblance.
Et enfin, la Bible nous indique comment reconnaître la présence de Dieu dans nos vies, dans notre monde, aujourd’hui. Elle nous prépare à reconnaître dans le pain et le vin consacré par l’Esprit Saint, le Corps et le Sang de Jésus, qui est bientôt là présent au milieu de nous, pour nous donner sa vie éternelle.

Pourquoi donc lire la Bible ensemble? Pour nous accoutumer à nous reconnaître peuple de Dieu vivant aujourd'hui en présence de notre Dieu, pour notre plus grande joie.

mardi 19 janvier 2016

17 janvier 2016 - DAMPIERRE - 2ème Dimanche TO - Année C

Is 62,1-5 ; Ps 95 ; 1Co 12,4-11 ; Jn 2,1-11

Chers frères et sœurs,

« Ils n’ont pas de vin ». Voilà ce que dit Marie à son fils Jésus. Et celui-ci lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon Heure n’est pas encore venue ». Remarquez que ce n’est pas Jésus qui a le dernier mot, mais sa mère : « Tout ce qu’il vous dira – dit-elle aux serviteurs – faites-le ».
Quel curieux dialogue entre Jésus et Marie ! Comme les disciples présents au repas, nous sommes un peu interloqués. Mais saint Jean nous donne la clé du texte : « Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ».
Quand est-ce que Jésus « manifesta sa gloire » et que « ses disciples crurent en lui » ? A la résurrection. Pensons à l’apparition du 8ème jour à Thomas, qui finit par dire à  Jésus ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Si donc nous voulons vraiment comprendre ce que Marie et Jésus se disent réellement, il faut penser à la résurrection de Jésus.

Marie dit : « Ils n’ont pas de vin ». Ils n’ont pas de vin pour vivre heureux. La joie s’est tarie. Le vin préparé pour la fête est épuisé et il en faut plus. De même dans notre vie terrestre, nous les hommes, nous pouvons faire beaucoup pour notre bonheur : des maisons, des piscines, des voitures, des cinémas, des bons repas… mais au bout d’un moment, tout cela s’épuise et il nous en faut plus. Il nous faut une joie que seul Dieu peut nous donner. Marie, c’est l’Eglise qui prie et qui demande à Jésus du vin – du vrai vin – pour la vraie vie, bienheureuse, de l’homme.
Et Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon Heure n’est pas encore venue ». Marie est l’anti-Eve. Eve avait pris d’elle-même du fruit de l’arbre défendu pour le résultat qu’on connaît, Marie demande à Jésus le fruit de sa croix pour la sanctification de l’homme. C’est pourquoi Jésus l’appelle « femme » et il lui rappelle que l’Heure, l’Heure de la croix et de la résurrection, n’est pas encore arrivée.
Mais Marie dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Marie, c’est l’Eglise qui voit et qui sait par la foi. Certes, à Cana, ce n’est pas encore l’Heure, mais Marie sait que Jésus peut anticiper cette Heure par un Signe. La prière de Marie peut obtenir de Dieu des grâces, que les serviteurs, évêques, prêtres, diacres, et tous les baptisés, sont chargés de recevoir et de transmettre aux hommes de ce monde. La seule condition préalable : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Et que nous a dit Jésus ? Expressément au moins trois choses, très simples : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » ; « Faites-ceci en mémoire de moi » et  « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Voilà le vrai vin qu’à la prière de l’Eglise Jésus donne et que nous avons, nous les baptisés-serviteurs, à donner au monde : l’amour de Dieu, la vie de Dieu, la communion avec Dieu.

Maintenant nous comprenons le Signe que donne Jésus à Cana : il annonce que son Règne sera celui d’une fête, comme d’une noce, où la terre et le Ciel s’épouseront. Dieu lui-même donnera le vin : le vin de son amour, de sa vie, de sa communion. Ce Règne sera celui de la résurrection. D’ailleurs, l’eau transformée en vin, c’est l’homme transformé en Dieu. C’est la même puissance qui est à l’œuvre. Mieux encore, souvenons-nous que cette eau est versée dans des jarres pour la purification. Cette eau, devenue impropre à la consommation, c’est elle qui devient du vin. De même, ces hommes, salis par le péché en ce monde, ce sont eux qui, par Jésus, deviennent des saints.

Comprenons donc maintenant notre situation sur la terre. Nous sommes des migrants et des gens divisés. Nous avons besoin de retrouver notre vraie terre : celle du Ciel. Nous avons besoin de retrouver la vraie fraternité : celle de la communion d’amour en Dieu.
Et en même temps, nous sommes baptisés : l’Eglise, c’est nous. Nous avons les pieds sur la terre mais déjà la tête dans le Ciel. Il nous revient de faire comme Marie et de dire sans cesse à Jésus : « Ils n’ont pas de vin ». Seigneur, les hommes ont soif de ton amour, de ta vie et de ta communion avec toi et entre nous : « Que ton règne vienne ». Et de dire aussi : « Faites tout ce qu’il vous dira » : et nous rappeler sans cesse l’Evangile. Car ce n’est qu’en vivant l’Evangile que le bon vin de Dieu peut être servi à la noce. Le Seigneur peut générer une multitude de grâces, il ne peut pas les distribuer ici-bas sans nous. Dire : « Faites tout ce qu’il vous dira », c’est dire aussi : « Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ».

Chers frères et sœurs, à Cana, Jésus a commencé à ouvrir le Ciel sur la terre. Et ce fut là une déclaration d’amour de Dieu à l’humanité : « Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « l’Epousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « l’Epousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ».
A cette déclaration, avec Marie, nous ne pouvons que répondre : « Magnificat ». 

3 janvier 2016 - NEUVELLE - Epiphanie - Année C

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12

Chers frères et sœurs,

Beaucoup d’hommes savants et même des prêtres nous ont habitué à lire la visite des Mages comme une histoire légendaire.
Il y a cette étoile merveilleuse, ces trois rois mages Gaspard, Balthasar, et Melchior, qui représentent les différents peuples du monde, de tous les âges, venant adorer le Christ : le premier, encore jeune, de couleur rouge, offre l’encens à Jésus en signe de sa divinité ; le second, d’âge moyen, noir de peau, porte la myrrhe pour embaumer le corps de Jésus après sa mort ; et le troisième, d’âge mur avec sa grande barbe blanche, offre de l’or, signe de la royauté du Christ. En fait, ces noms et ces traditions remontent au VIème siècle après Jésus-Christ. Elles apparaissent en même temps en Occident et en Orient, en Arménie.
Ainsi, beaucoup d’hommes croient encore aujourd’hui que cette histoire des mages est un conte inventé par saint Matthieu pour nous faire comprendre la divinité de Jésus, Dieu fait homme, l’annonce de sa mort et de sa résurrection, et l’universalité de son règne. Tout cela est vrai, sauf une chose : ce n’est pas un conte. Saint Matthieu a écrit ce qui s’est réellement passé. Et cela, c’est une bonne nouvelle pour nous, parce que cela veut dire qu’on peut prendre les Evangiles vraiment au sérieux.

Qui sont les mages ? Ce sont des savants d’origine babylonienne qui cherchent à comprendre l’univers, avec leur intelligence et avec droiture, comme les savants d’aujourd’hui, mais toujours dans l’esprit d’une sagesse : la science, pour eux, concerne la vie des hommes.
Ainsi travaillent-ils, entre autres domaines, l’astronomie. Dans leur compréhension des astres, ces mages savants identifiaient à la planète Jupiter le Dieu Mardouk, la plus puissante divinité de leur pays, et à Saturne le pays des Juifs. Pour eux, le mouvement de ces astres était en corrélation immédiate avec la vie des peuples qui leur correspondaient.
Or en l’an -7, voilà que Jupiter et Saturne se croisent par trois fois dans la constellation des poissons, au mois d’août, au mois d’octobre et au mois de décembre. Leur conjonction dans le ciel se présente comme une étoile extrêmement brillante, que tout l’orient méditerranéen peut observer. Tout cela est prouvé scientifiquement. Kepler l’avait déjà calculé en 1603. Mais pour ces mages, l’interprétation est évidente : un Grand Roi, qui concerne aussi leur peuple, est né au pays des juifs. Alors ils se mettent en route vers Jérusalem.

A Jérusalem, se trouve le roi Hérode. Qui est-il ? C’est un roi qui a peur de perdre le maigre pouvoir qu’il tient des romains. Cette peur est telle qu’il va faire assassiner ceux et celles qui représentent pour lui un danger : sa femme Mariamne et ses trois fils. Il finira ses jours tout seul, complètement paranoïaque, en l’an -4.
Or voici qu’arrivent les mages au palais d’Hérode. Ils annoncent la naissance du Grand Roi indiquée par la conjonction des étoiles. Déjà partout dans le monde romain, on savait que de Judée viendrait le dominateur du monde. C’est ce que rapportent les historiens latins Tacite et Suétone. Panique au Palais d’Hérode, qui réunit immédiatement les prêtres et les scribes d’Israël ! D’où peut naitre un Grand Roi ? La prophétie de Michée donne la réponse : c’est de Bethléem que vient le chef, le berger d’Israël.
Ainsi, les mages dont la science était finalement limitée, reconnaissent-ils la prophétie de l’Ecriture comme valable et ils se dirigent vers Bethléem. D’ailleurs, la conjonction des étoiles, qui s’opère encore une fois, vient confirmer cette nouvelle découverte. Ils sont remplis de joie.
Et voilà les mages, ces savants païens venus d’Orient, ayant suivi les indications de leur science puis celles des saintes Ecritures, qui se trouvent maintenant devant un petit enfant, emmailloté dans un linge, et ils l’adorent car – pour eux – il s’agit du Grand Roi. Or cet enfant, c’est Jésus, entouré de la vierge Marie et de Joseph, descendant du roi David.
Voilà ce qui s’est passé réellement dans notre histoire en l’an -7 et que nous a rapporté saint Matthieu dans son Evangile.

Cette naissance ne concernait-elle que les Juifs et le peuple babylonien ? Non : Saint Paul nous apprend à la lumière de la prophétie d’Isaïe, dans sa Lettre aux Ephésiens, que cet événement est l’inauguration de l’unité de tous les peuples de la terre. Car Jésus n’est pas seulement le roi des Juifs, mais le roi de tous. La promesse du Grand Roi, du Messie, n’est pas réservée à quelques-uns mais doit être annoncée à tous.
Jamais saint Paul n’oubliera ce message : toute sa vie, après sa conversion, il cherchera à provoquer ce mouvement de convergence de tous les hommes vers Jérusalem, pour hâter la réalisation de la promesse du rassemblement final de tous les peuples en Jésus-Christ, dans la gloire de Dieu.

Ce mouvement, initié par ces mages venus d’Orient pour adorer le Grand Roi dans ce petit enfant Jésus, nous le vivons à chaque messe, lorsque nous convergeons tous vers l’Eglise pour y trouver, cachée à l’intérieur de l’apparence fragile d’une hostie, la présence réelle de notre Dieu.


Comme Marie, méditons tout cela dans notre cœur et rendons grâce à Dieu.

10 janvier 2016 - GY - Baptême du Seigneur - Année C

Is 40,1-5.9-11 ; Ps 103 ; Tt 2,11-14 et 3,4-7 ; Lc 3,15-16.21-22

Chers frères et sœurs,

Nous voici aujourd’hui au bord du Jourdain. Jean-Baptiste est là, sorti du désert, baptisant les foules pour les préparer à la rencontre du Messie qui vient, l’Agneau de Dieu qui vient enlever le péché du monde.
Ce Messie, c’est Jésus, descendant de David, dont tout le monde connaît de quelle famille il est et dans quelles circonstances il est né. Souvenons-nous, il est né à la suite de la manifestation d’une étoile, en fait d’une conjonction très rare de Jupiter et de Saturne, qui s’était produite par trois fois en l’an -7 et qui était visible de tout l’Orient. Ayant vu le signe du Grand Roi d’Israël dans le ciel, les mages étaient venus interroger Hérode, qui s’était fait préciser le lieu de sa naissance : Bethléem. Et Hérode avait fait tuer tous les enfants... Avant même de commencer à annoncer le Royaume des cieux, Jésus n’était pas n’importe qui. Et tout le monde le savait.
Plus que tout le monde, Jean-Baptiste sait tout cela et, comme tous les membres de sa famille, pétri de la connaissance des Ecritures, il sait aussi que le Messie, Jésus, va baptiser le peuple dans l’Esprit Saint et le feu : Jésus est plus grand que lui. Jean-Baptiste sait-il que Jésus est Dieu-fait-homme ? Peut-être pas, mais au moins est-il persuadé que Jésus est plus grand qu’un prophète du Seigneur : il est le Messie de Dieu.

Aussi, est-ce à la surprise générale que Jésus, d’une part, vient lui-même se faire baptiser par Jean, ce qui perturbe beaucoup ce dernier ; et que, d’autre-part, au moment même de ce baptême, le ciel s’ouvre, une colombe descend sur lui et une voix se fait entendre : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ».
Comprenons ce qui se passe. Personnellement Jésus n’avait pas besoin d’être baptisé : car il est saint. Mais son corps de chair, la même chair que la nôtre, elle, avait besoin d’être lavée. Jésus commence donc par s’humilier devant tout le monde. Mais en accomplissant ce geste, il encourage évidemment le peuple à l’imiter : que personne n’ait honte d’être baptisé comme lui.
C’est alors que le Ciel s’ouvre, que l’Esprit descend et qu’une voix se fait entendre. Jésus n’est jamais seul : toujours avec lui se trouvent l’Esprit Saint et son Père qui est aux Cieux. La grande surprise, est que Dieu n’est pas un vieux barbu avec un triangle sur la tête : Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. Un seul Dieu en trois personnes, dont Jésus qui se trouve maintenant concrètement avec nous au bord du Jourdain.
Ce que dit le Père à son Fils, il le dit de toute éternité et pour toujours : « Tu es mon Fils bien-aimé. En toi je trouve ma joie – la joie de mon Esprit-Saint ». Et Jésus lui répond de toute éternité et pour toujours : « Père je te rends grâce – Je te donne mon Esprit » ; « Que ton nom « Père-qui-es-au-cieux » soit sanctifié – soit aimé des hommes et des anges – sur la terre comme au ciel ». Ils n’arrêtent pas de se dire qu’ils s’aiment, parce que Dieu est Amour. L’Amour n’est pas une option pour Dieu : il est lui-même l’Amour : l’Amour est sa Vie, éternellement.

Aujourd’hui donc, au bord du Jourdain, alors que Jésus sort de l’eau, son Père retire brièvement le voile qui cache Dieu aux hommes : le ciel s’ouvre. Et nous voyons, avec Jean-Baptiste et le peuple, que Dieu est Amour, Amour entre le Père et le Fils, entre le Fils et son Père, et tout cela par l’Esprit Saint.
La surprise de la surprise, c’est que Jésus est venu pour que nous, qui sommes les pieds dans la terre, nous puissions revenir à cet Amour éternel de Dieu. Il est venu uniquement pour cela. Surtout pour ceux qui manquent d’amour, qui en ont faim et soif. Parce que nous avons été créés par Dieu uniquement pour vivre avec lui dans son Amour.

Comment pouvons-nous entrer maintenant dans l’Amour de Dieu ? En trois temps. D’abord il faut que nous entrions dans le corps de Jésus. Nous entrons en lui par le baptême, quand nous sommes baptisés au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Nous entrons alors dans son propre baptême qui est un baptême d’eau, mais aussi celui de sa mort et de sa résurrection. C’est ainsi que nous sommes greffés sur Jésus et que nous passons avec lui de la terre jusqu’au Ciel.
Il faut ensuite que nous recevions son Esprit Saint. On le reçoit comme Jésus, juste à la sortie de l’eau du baptême, mais aussi et surtout à la confirmation ou à la confession. L’Esprit Saint est comme une pièce de monnaie : pile il est un feu dévorant qui brûle le péché et l’injustice, et face, il est une douce rosée, une douce chaleur, qui réconforte le pécheur et le juste et lui donne la paix et la joie.
Ensuite, lorsqu’on est prêt, il faut que Jésus entre en nous. Que nous soyons en lui et lui en nous, comme il est lui-même dans le Père et que le Père est en lui. Jésus entre en nous par la communion à son Corps et à son Sang. Et c’est là que nous recevons pleinement la Vie de Dieu et que nous sommes véritablement unis à Dieu : au Père, par Jésus, avec lui et en lui, grâce à l’Esprit Saint, dans l’Amour. Dans une de ses lettres, saint Paul dit cela : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ! »

Et finalement, ce que dit le Père à Jésus : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie ». Il le dit aussi à nous tous, ses fils et ses filles, qui sont unis à son Fils, par le baptême, la confirmation et la communion.

Bonne fête du baptême de Jésus ! Bonne fête de notre baptême, de notre confirmation et de notre première communion ! 

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