mardi 19 janvier 2016

3 janvier 2016 - NEUVELLE - Epiphanie - Année C

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12

Chers frères et sœurs,

Beaucoup d’hommes savants et même des prêtres nous ont habitué à lire la visite des Mages comme une histoire légendaire.
Il y a cette étoile merveilleuse, ces trois rois mages Gaspard, Balthasar, et Melchior, qui représentent les différents peuples du monde, de tous les âges, venant adorer le Christ : le premier, encore jeune, de couleur rouge, offre l’encens à Jésus en signe de sa divinité ; le second, d’âge moyen, noir de peau, porte la myrrhe pour embaumer le corps de Jésus après sa mort ; et le troisième, d’âge mur avec sa grande barbe blanche, offre de l’or, signe de la royauté du Christ. En fait, ces noms et ces traditions remontent au VIème siècle après Jésus-Christ. Elles apparaissent en même temps en Occident et en Orient, en Arménie.
Ainsi, beaucoup d’hommes croient encore aujourd’hui que cette histoire des mages est un conte inventé par saint Matthieu pour nous faire comprendre la divinité de Jésus, Dieu fait homme, l’annonce de sa mort et de sa résurrection, et l’universalité de son règne. Tout cela est vrai, sauf une chose : ce n’est pas un conte. Saint Matthieu a écrit ce qui s’est réellement passé. Et cela, c’est une bonne nouvelle pour nous, parce que cela veut dire qu’on peut prendre les Evangiles vraiment au sérieux.

Qui sont les mages ? Ce sont des savants d’origine babylonienne qui cherchent à comprendre l’univers, avec leur intelligence et avec droiture, comme les savants d’aujourd’hui, mais toujours dans l’esprit d’une sagesse : la science, pour eux, concerne la vie des hommes.
Ainsi travaillent-ils, entre autres domaines, l’astronomie. Dans leur compréhension des astres, ces mages savants identifiaient à la planète Jupiter le Dieu Mardouk, la plus puissante divinité de leur pays, et à Saturne le pays des Juifs. Pour eux, le mouvement de ces astres était en corrélation immédiate avec la vie des peuples qui leur correspondaient.
Or en l’an -7, voilà que Jupiter et Saturne se croisent par trois fois dans la constellation des poissons, au mois d’août, au mois d’octobre et au mois de décembre. Leur conjonction dans le ciel se présente comme une étoile extrêmement brillante, que tout l’orient méditerranéen peut observer. Tout cela est prouvé scientifiquement. Kepler l’avait déjà calculé en 1603. Mais pour ces mages, l’interprétation est évidente : un Grand Roi, qui concerne aussi leur peuple, est né au pays des juifs. Alors ils se mettent en route vers Jérusalem.

A Jérusalem, se trouve le roi Hérode. Qui est-il ? C’est un roi qui a peur de perdre le maigre pouvoir qu’il tient des romains. Cette peur est telle qu’il va faire assassiner ceux et celles qui représentent pour lui un danger : sa femme Mariamne et ses trois fils. Il finira ses jours tout seul, complètement paranoïaque, en l’an -4.
Or voici qu’arrivent les mages au palais d’Hérode. Ils annoncent la naissance du Grand Roi indiquée par la conjonction des étoiles. Déjà partout dans le monde romain, on savait que de Judée viendrait le dominateur du monde. C’est ce que rapportent les historiens latins Tacite et Suétone. Panique au Palais d’Hérode, qui réunit immédiatement les prêtres et les scribes d’Israël ! D’où peut naitre un Grand Roi ? La prophétie de Michée donne la réponse : c’est de Bethléem que vient le chef, le berger d’Israël.
Ainsi, les mages dont la science était finalement limitée, reconnaissent-ils la prophétie de l’Ecriture comme valable et ils se dirigent vers Bethléem. D’ailleurs, la conjonction des étoiles, qui s’opère encore une fois, vient confirmer cette nouvelle découverte. Ils sont remplis de joie.
Et voilà les mages, ces savants païens venus d’Orient, ayant suivi les indications de leur science puis celles des saintes Ecritures, qui se trouvent maintenant devant un petit enfant, emmailloté dans un linge, et ils l’adorent car – pour eux – il s’agit du Grand Roi. Or cet enfant, c’est Jésus, entouré de la vierge Marie et de Joseph, descendant du roi David.
Voilà ce qui s’est passé réellement dans notre histoire en l’an -7 et que nous a rapporté saint Matthieu dans son Evangile.

Cette naissance ne concernait-elle que les Juifs et le peuple babylonien ? Non : Saint Paul nous apprend à la lumière de la prophétie d’Isaïe, dans sa Lettre aux Ephésiens, que cet événement est l’inauguration de l’unité de tous les peuples de la terre. Car Jésus n’est pas seulement le roi des Juifs, mais le roi de tous. La promesse du Grand Roi, du Messie, n’est pas réservée à quelques-uns mais doit être annoncée à tous.
Jamais saint Paul n’oubliera ce message : toute sa vie, après sa conversion, il cherchera à provoquer ce mouvement de convergence de tous les hommes vers Jérusalem, pour hâter la réalisation de la promesse du rassemblement final de tous les peuples en Jésus-Christ, dans la gloire de Dieu.

Ce mouvement, initié par ces mages venus d’Orient pour adorer le Grand Roi dans ce petit enfant Jésus, nous le vivons à chaque messe, lorsque nous convergeons tous vers l’Eglise pour y trouver, cachée à l’intérieur de l’apparence fragile d’une hostie, la présence réelle de notre Dieu.


Comme Marie, méditons tout cela dans notre cœur et rendons grâce à Dieu.

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