mardi 19 janvier 2016

17 janvier 2016 - DAMPIERRE - 2ème Dimanche TO - Année C

Is 62,1-5 ; Ps 95 ; 1Co 12,4-11 ; Jn 2,1-11

Chers frères et sœurs,

« Ils n’ont pas de vin ». Voilà ce que dit Marie à son fils Jésus. Et celui-ci lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon Heure n’est pas encore venue ». Remarquez que ce n’est pas Jésus qui a le dernier mot, mais sa mère : « Tout ce qu’il vous dira – dit-elle aux serviteurs – faites-le ».
Quel curieux dialogue entre Jésus et Marie ! Comme les disciples présents au repas, nous sommes un peu interloqués. Mais saint Jean nous donne la clé du texte : « Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ».
Quand est-ce que Jésus « manifesta sa gloire » et que « ses disciples crurent en lui » ? A la résurrection. Pensons à l’apparition du 8ème jour à Thomas, qui finit par dire à  Jésus ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Si donc nous voulons vraiment comprendre ce que Marie et Jésus se disent réellement, il faut penser à la résurrection de Jésus.

Marie dit : « Ils n’ont pas de vin ». Ils n’ont pas de vin pour vivre heureux. La joie s’est tarie. Le vin préparé pour la fête est épuisé et il en faut plus. De même dans notre vie terrestre, nous les hommes, nous pouvons faire beaucoup pour notre bonheur : des maisons, des piscines, des voitures, des cinémas, des bons repas… mais au bout d’un moment, tout cela s’épuise et il nous en faut plus. Il nous faut une joie que seul Dieu peut nous donner. Marie, c’est l’Eglise qui prie et qui demande à Jésus du vin – du vrai vin – pour la vraie vie, bienheureuse, de l’homme.
Et Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon Heure n’est pas encore venue ». Marie est l’anti-Eve. Eve avait pris d’elle-même du fruit de l’arbre défendu pour le résultat qu’on connaît, Marie demande à Jésus le fruit de sa croix pour la sanctification de l’homme. C’est pourquoi Jésus l’appelle « femme » et il lui rappelle que l’Heure, l’Heure de la croix et de la résurrection, n’est pas encore arrivée.
Mais Marie dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Marie, c’est l’Eglise qui voit et qui sait par la foi. Certes, à Cana, ce n’est pas encore l’Heure, mais Marie sait que Jésus peut anticiper cette Heure par un Signe. La prière de Marie peut obtenir de Dieu des grâces, que les serviteurs, évêques, prêtres, diacres, et tous les baptisés, sont chargés de recevoir et de transmettre aux hommes de ce monde. La seule condition préalable : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Et que nous a dit Jésus ? Expressément au moins trois choses, très simples : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » ; « Faites-ceci en mémoire de moi » et  « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Voilà le vrai vin qu’à la prière de l’Eglise Jésus donne et que nous avons, nous les baptisés-serviteurs, à donner au monde : l’amour de Dieu, la vie de Dieu, la communion avec Dieu.

Maintenant nous comprenons le Signe que donne Jésus à Cana : il annonce que son Règne sera celui d’une fête, comme d’une noce, où la terre et le Ciel s’épouseront. Dieu lui-même donnera le vin : le vin de son amour, de sa vie, de sa communion. Ce Règne sera celui de la résurrection. D’ailleurs, l’eau transformée en vin, c’est l’homme transformé en Dieu. C’est la même puissance qui est à l’œuvre. Mieux encore, souvenons-nous que cette eau est versée dans des jarres pour la purification. Cette eau, devenue impropre à la consommation, c’est elle qui devient du vin. De même, ces hommes, salis par le péché en ce monde, ce sont eux qui, par Jésus, deviennent des saints.

Comprenons donc maintenant notre situation sur la terre. Nous sommes des migrants et des gens divisés. Nous avons besoin de retrouver notre vraie terre : celle du Ciel. Nous avons besoin de retrouver la vraie fraternité : celle de la communion d’amour en Dieu.
Et en même temps, nous sommes baptisés : l’Eglise, c’est nous. Nous avons les pieds sur la terre mais déjà la tête dans le Ciel. Il nous revient de faire comme Marie et de dire sans cesse à Jésus : « Ils n’ont pas de vin ». Seigneur, les hommes ont soif de ton amour, de ta vie et de ta communion avec toi et entre nous : « Que ton règne vienne ». Et de dire aussi : « Faites tout ce qu’il vous dira » : et nous rappeler sans cesse l’Evangile. Car ce n’est qu’en vivant l’Evangile que le bon vin de Dieu peut être servi à la noce. Le Seigneur peut générer une multitude de grâces, il ne peut pas les distribuer ici-bas sans nous. Dire : « Faites tout ce qu’il vous dira », c’est dire aussi : « Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ».

Chers frères et sœurs, à Cana, Jésus a commencé à ouvrir le Ciel sur la terre. Et ce fut là une déclaration d’amour de Dieu à l’humanité : « Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « l’Epousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « l’Epousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ».
A cette déclaration, avec Marie, nous ne pouvons que répondre : « Magnificat ». 

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