vendredi 30 juin 2017

24-25 juin 2017 - CHARENTENAY - GY - 12ème dimanche TO - Année A

Jr 20,10-13 ; Ps 68 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33

Chers frères et sœurs,

Au jour de notre baptême, nous avons étés consacrés prêtres, prophètes et rois : prêtres au service du Seigneur, par la liturgie de l’Eglise et la prière personnelle ; prophètes pour faire connaître sa parole et ses actes à son peuple et à ceux qui ne le connaissent pas ; rois au service de ce peuple, pour en prendre soin et rendre justice au milieu de lui. Prêtre, prophète et roi, voilà la vocation de chaque chrétien.

Aujourd’hui les lectures nous parlent surtout de notre mission de prophète. Le témoignage de Jérémie nous apprend que le prophète qui parle au nom du Seigneur, souvent, n’est pas aimé, n’est pas accepté, parce que la Parole de Dieu qu’il annonce est un rayon de lumière qui descend dans les cœurs. Certains y trouvent une libération et une joie : bienheureux sont-ils ! D’autres se révoltent avec violence parce qu’ils ne veulent pas que cette lumière de Dieu éclaire les ténèbres qui règnent dans leurs cœurs. Ils sont comme un blessé qui craint l’eau oxygénée ou l’eau salée, qui peuvent pourtant purifier et cautériser sa plaie. Comme des fous, ils repoussent avec violence la main de celui qui se propose de les guérir. Mais ils sont libres. Ainsi les baptisés, qui sont les ambassadeurs du Dieu guérisseur, sont-ils souvent violemment rejetés.

Oui mais, le baptisé se comporte-t-il comme un vrai prophète ? Comprenons celui qui rejette la guérison. Il ne rejette peut-être pas, au fond de son cœur, cette guérison ; parce qu’au bout du bout, en réalité, il l’espère. Lui aussi cherche à vivre libre et joyeux. Mais il ne veut prendre aucun risque avec un faux médecin : une mauvaise médecine le renverrait certainement à de plus profondes ténèbres encore. La déception serait encore pire que le mal.
C’est pourquoi, il faut que le prophète se montre crédible pour être audible. Souvenez-vous de la parole des persécuteurs de Jésus mis en croix : « N'es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! ». Les hommes souffrants sont comme eux et comme saint Thomas : ils veulent d’abord voir pour croire. Or il n’y a que la lumière de la résurrection qui rende crédible Jésus, et ses prophètes avec lui.
Si donc nous voulons être des prophètes crédibles, qui annoncent la lumière de l’Evangile dans le monde, il faut que nous soyons aussi prêtres et rois. Jamais notre vocation de prophète ne doit aller sans celle de prêtre et celle de roi. Les trois doivent toujours aller ensemble. Jamais notre vocation de prophète ne doit aller sans adoration de la gloire de Dieu, ni sans charité à l’égard de notre prochain. En face, les hommes qui espèrent un rayon de lumière dans leur cœur, même s’ils se sont fermés, attendent la venue de l’ange du Seigneur, sa lumière, et sa paix.

Les baptisés seront donc mis à l’épreuve. Comme Jésus et tous les vrais prophètes avant lui ont été mis à l’épreuve. Jamais le baptême n’a été une assurance de vie heureuse sur la terre, mais un germe de béatitude, une semence de la gloire de Dieu, un avant-goût du ciel pour le baptisé, à l’attention de ses contemporains.
Chers frères et sœurs, Dieu n’a jamais voulu que les hommes, et encore moins ses bien-aimés, soient soumis au mal, et tombent à terre. Jamais Dieu n’a voulu le mal contre une quelconque de ses créatures. Mais il peut y consentir, de la même manière qu’il a consenti que Jésus son fils unique meure sur une croix. Parce que Dieu se retire devant la liberté de l’homme, qui peut choisir librement entre le bien et le mal, entre la lumière de la gloire de Dieu et les ténèbres du mensonge et de la mort. Parfois, Dieu laisse « Sa Majesté des mouches » – Belzébuth – parler, et permet que l’homme soit mis à l’épreuve, comme Jésus au Désert.
Mais à ceux qui lui gardent fidélité, comme un soldat à son chef, jusqu’au bout du combat, il donne la couronne de la victoire : « Celui qui se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux ». Nous savons que nous sommes faillibles, mais a-t-on vu un bon général perdre ses soldats ? A-t-on vu Jésus le Bon Berger renoncer à aller chercher sa brebis perdue ? Aux baptisés, à ses bien-aimés, à ses brebis, Jésus dit : « Ne craignez pas ; même les cheveux de votre tête sont comptés ».

Chers frères et sœurs, nous sommes les chrétiens d’aujourd’hui, les prêtres, les prophètes et les rois du Seigneur pour maintenant. Il n’y en pas d’autres qui puissent faire ce que nous avons à faire. Soyons courageux et fiers de notre vocation de baptisés. Et rendons-grâce au Seigneur parce qu’il nous a choisi et appelés à son service, pour sa gloire et pour notre plus grand bonheur.

lundi 19 juin 2017

18 juin 2017 - VELLEXON - Dimanche du Très Saint Sacrement - Année A

Dt 8, 2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1Co 10,16-17 ; Jn 6, 51-58

Chers frères et sœurs,

Ce jour-là, quand Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » – au grand scandale des juifs présents –, il était vraiment très sérieux.

En effet, ces gens ne pouvaient pas comprendre, à l’époque, que Jésus ne parlait pas des substances du corps humain, mais du pain et du vin qui, par la consécration, allaient devenir son Corps et son Sang.
Les gens étaient scandalisés parce qu’ils croyaient que Jésus leur demandait de le tuer, de le manger, d’être anthropophages ! Quelle horreur !  Oui, mais en même temps Jésus leur annonçait qu’ils allaient effectivement le tuer sur la croix, et le manger en persécutant ensuite son Eglise. Ceux qui crient « quelle horreur ! », sont les mêmes qui vont commettre toutes ces horreurs. Et Jésus le sait.
Et en même temps, il dit à ceux qui peuvent comprendre, c’est-à-dire à ses disciples, à ceux qui sont baptisés, à nous, que ceux qui vont communier à son Corps et à son Sang par le pain et le vin consacrés, auront en eux la vie éternelle. Grâce à l’Esprit Saint, dans tout l’univers et à toutes les époques, avec du pain et du vin, avec un évêque ou un prêtre, et une bonne heure de paix devant soi, il est toujours possible de communier au Corps et au Sang de Jésus, et de recevoir de lui la vie de Dieu.

Depuis longtemps Dieu avait condamné les sacrifices humains : il avait empêché Abraham de sacrifier son fils Isaac, alors que le sacrifice des petits enfants était à l’époque religion courante. Depuis longtemps aussi, il avait annoncé par ses prophètes qu’il ne supportait plus les hypocrites sacrifices d’animaux, mais qu’il préférait davantage le sacrifice d’un cœur pénitent et aimant. Avec Jésus, Dieu tourne la page et le dos aux religions qui tuent les hommes et les animaux.

Dieu prend du pain, qui est en même temps le fruit de sa création et le fruit du travail des hommes, paysans, meuniers, boulangers ; il prend du vin, qui est en même temps le fruit de sa création et le fruit du travail des hommes, vignerons, tonneliers, potiers ou verriers : prendre du pain et du vin, c’est déjà reconnaître l’alliance entre Dieu, sa création et la communauté des hommes. C’est un travail de coopération, dont l’Eglise est la coopérative !

Ensuite Dieu s’est choisi des évêques et des prêtres. Jésus a d’abord choisi douze apôtres qu’il a formés pendant trois ans et bénis par l’Esprit Saint. A leur suite, tout au long des âges, cette formation et cette bénédiction se sont transmises aux évêques et par eux aux prêtres. Un prêtre aujourd’hui, c’est un « descendant » de la formation et de la bénédiction de Jésus. Jamais on ne se fait évêque ou prêtre par soi-même. Si vous voulez une preuve vivante de la vie de Jésus et du don de son Esprit Saint à la Pentecôte – une preuve vivante – ; au lieu d’aller chercher un tombeau vide, regardez un évêque ou un prêtre. Son ordination ne vient pas de lui mais de Jésus et de son Esprit Saint. A ce propos, nous aurons deux ordinations de prêtres dimanche prochain à la cathédrale, à Besançon.

Et enfin, pour communier au Corps et au Sang de Jésus, en plus du pain, du vin et du prêtre, il faut une bonne heure de paix devant soi. Hé bien finalement, on s’aperçoit que c’est ce qui est le plus difficile à trouver ! Du pain et du vin, en France, ce n’est vraiment pas un problème. Un prêtre ? En gros il y en a un tous les 20 km, peut-être 30 demain, mais finalement pas plus loin qu’un supermarché, à Gray ou à Vesoul. C’est encore jouable. Il reste le temps… Pourquoi donc ce qui est le moins compliqué à trouver et à donner, un peu de son temps, qui ne coûte rien – une bonne heure par semaine ou même par mois – pour recevoir la vie éternelle de Jésus…, hé bien c’est justement cela qu’on ne lui donne pas… ou alors avec beaucoup de modération.

Chers frères et sœurs, nous voulons la vie de Dieu, nous voulons des messes, nous voulons des prêtres ; mais pourquoi-donc sommes-nous empêchés – dans notre tête – de vouloir aussi donner à Jésus deux heures de notre temps, par semaine ou par mois ? Pourquoi-donc ce blocage ?

Seigneur Jésus, nous croyons en toi ; nous avons besoin de toi ; viens au secours de notre manque de foi.

jeudi 15 juin 2017

10-11 juin 2017 - MOTEY - MEMBREY - Dimanche de la Sainte Trinité - Année A

Ex 34, 4b-6.8-9 ; Dn 3 ; 2Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

Chers frères et sœurs,

Depuis toujours, dans l’Eglise, avant d’être baptisés nous rejetons Satan et ses œuvres de mort, et nous affirmons notre foi en Dieu le Père, en Jésus-Christ son Fils qui est né, qui a souffert, est mort et est ressuscité, qui est notre sauveur, et dans l’Esprit Saint vivifiant. Lorsqu’on est baptisé petit, les parents, parrains et marraines déclarent publiquement cette profession de foi en promettant d’élever leurs enfants en chrétiens. Ceux-ci, une fois devenus grands la déclarent à leur tour, reprenant le flambeau, ou la lumière de leur baptême.

[A tous les parents, parrains et marraines des jeunes qui sont ici aujourd’hui : je dis merci et bravo : vous avez tenu votre promesse. Ne cessez jamais de prier et d’encourager vos enfants dans la foi].

Mais qu’est-ce c’est que faire profession de foi ? La définition la plus simple serait de dire : faire profession de foi, c’est assumer personnellement le Credo en le déclarant publiquement. Mais certains ont des doutes sur telle ou telle ligne du Credo et ils hésitent à professer la foi. L’erreur la plus courante est en effet de croire que le Credo est comme une liste de courses, ou comme un questionnaire où l’on coche des cases quand on est d’accord. Mais le Credo, ce n’est pas le PMU.
La profession de foi est plutôt comme une clé de voiture : si on n’a pas la clé, impossible de démarrer et de voyager. Si on n’a pas la foi de l’Eglise, on ne comprend rien à la vie de l’Eglise, à la Bible, aux sacrements, à la messe, à toutes les choses courantes de la vie chrétienne. Le Credo, c’est comme l’ADN de l’Evangile : à partir de lui, tout se comprend, tout s’organise, tout se développe, comme un être vivant.
La profession de foi est tellement importante que les premiers chrétiens avaient interdiction de l’écrire : ils devaient la savoir par cœur. Et c’était un signe de reconnaissance entre eux : ceux qui ne la savaient pas ou la savaient mal, n’étaient pas reconnus comme des chrétiens. Vous savez bien que si vous tapez un mauvais code de carte bleue, votre transaction est rejetée. C’est pareil avec le Credo.

Mais alors, comment ça marche, ce Credo ? Pour comprendre ce qu’est le Credo, il faut d’abord se dire que c’est une histoire, l’histoire de Dieu avec le monde. Elle commence avec Dieu créateur, elle se poursuit avec la vie de Jésus et elle se termine avec l’action de l’Esprit Saint qui nous conduit à la vie éternelle. Déjà, on ne peut pas dire le Credo dans n’importe quel ordre, sinon il perd tout son sens. Ensuite, on n’est pas obligé de connaître tous les détails de l’histoire : il suffit de savoir comment elle commence, comment elle se déroule, et comment elle termine. Et qui sont les acteurs.
Justement, comme nous venons de le voir, le Credo nous dit que Dieu est en même temps Père, Fils et Saint-Esprit. Voilà qui est curieux. N’est-ce pas que Moïse a rencontré un seul Dieu, le Dieu unique, au mont Sinaï ? Mais alors, comment peut-on dire que le Père, Jésus son Fils, et l’Esprit Saint, sont ce même Dieu ?
C’est une question de réglage d’optique. Lorsqu’on regarde un village de loin, on voit un bloc de maisons avec un clocher, mais on est incapable de distinguer la maison de untel et celle de untel. En revanche, quand on s’approche, on voit bien qu’il y a plusieurs maisons et qu’elles sont bien différentes, bien qu’elles forment un seul village. Dieu c’est pareil : vu de loin, il est unique, et vu de près, à l’intérieur, il est en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit.
Et pourquoi trois et pas quatre ou dix ou cent personnes ? Parce qu’il y en a trois... Si je vous demande combien il y a de maisons dans votre village, vous allez les compter et me dire 30, 40, ou 80. Et si je vous demande pourquoi 80 ? et pas 83 ? Vous me répondrez que ma question est stupide… Cependant, une chose est très importante : si en Dieu, il y a de la place pour trois personnes, alors il y a aussi de la place pour d’autres personnes et même des milliards de personnes. Or, nous les hommes, nous sommes aussi chacun d’entre nous des personnes, des personnes uniques : et grâce à Jésus et à son Esprit, nous pouvons habiter le village de Dieu : il y a une place pour nous dans l’amour de Dieu, dans l’unité de Dieu, dans la communion de Dieu. Confesser un seul Dieu en trois personnes, c’est dire que chaque homme est aussi une personne et qu’il a une place dans la communion de Dieu. Cherchez bien : aucune autre religion ne dit cela. Aucune.

Donc, dans le Credo, il y a d’abord l’histoire de Dieu avec les hommes et ensuite il y a la révélation que chaque homme a une place dans son amour. Cette histoire de Dieu, nous la racontons et nous la transmettons sans cesse à nos enfants parce qu’elle annonce notre intégration et notre communion dans l’amour de Dieu. C’est là l’essentiel de l’Evangile : Selon la volonté de son Père, Jésus est né, est mort et ressuscité pour nous, pour que par son Esprit Saint nous entrions dans leur vie éternelle. Le Credo, la profession de foi, dit l’essentiel de l’Evangile.

Chers frères et sœurs, notre foi est la perle de toutes les religions. Elle est même plus qu’une religion puisqu’elle est l’histoire et la vocation du monde. Personne n’aurait pu inventer une pareille histoire. C’est Jésus qui en vivant avec nous nous l’a révélée. Dire la foi, transmettre la foi, c’est allumer une lumière d’espérance dans le monde et c’est vouloir pour lui la paix. C’est exactement ce que veut Dieu pour nous tous : que nous soyons éternellement unis et heureux dans son amour. Amen.

lundi 5 juin 2017

4 juin 2017 - VELLEXON - Dimanche de la Pentecôte - Année A

Ac 2,11 ; Ps 103 ; 1Co 12,3b-7.12-13 ; Jn 20,19-23
Chers frères et sœurs,

Il faut choisir. Nous avons le choix entre Babel et la Pentecôte.

Babel, c’est lorsque les hommes ne parlent qu’une seule langue sur toute la terre, qu’ils s’unissent pour construire une tour dont le sommet a pour ambition de pénétrer dans les cieux, et qu’ils veulent se faire un nom par eux-mêmes. Ce sont les hommes qui veulent construire leur propre monde sans Dieu. Mais Babel, ce fut aussi un échec qui conduisit, par la confusion de leur langage, à une incompréhension totale entre les hommes, et finalement à l’explosion de l’humanité en de multiples peuples en guerre les uns contre les autres.
La Pentecôte, c’est très différent. C’est quand l’Esprit du Seigneur est donné par Dieu aux hommes pour que – tout en restant chacun eux-mêmes – ils sachent en même temps parler les langues des autres et partager ensemble une seule et même foi. Chacun selon sa vocation spécifique, les hommes font alors partie d’un seul corps, le corps du Christ. C’est un corps éternellement vivant et bienheureux.
Si à Babel le langage est devenu confus, c’est qu’il n’y avait plus de raison humaine : il n’y avait plus de rapport entre les mots et les choses, il n’y avait plus de vérité ni de repères. Ce fut le naufrage de la raison humaine et le retour à la barbarie. Tandis qu’à la Pentecôte, grâce à l’Esprit Saint, le langage fut compréhensible à chacun : au-delà des langues particulières, la foi est toujours intelligible, raisonnable. Car la foi dit la réalité des événements et des choses. Elle est solide et elle élève la dignité humaine.
Donc nous avons le choix – et aujourd’hui plus que jamais – entre l’illusion de Babel qui entraîne l’incompréhension mutuelle puis la division et la destruction de l’humanité, et la foi en Jésus-Christ qui, par son Esprit Saint, nous unit dans son corps pour une vie éternelle, et nous établit dans une dignité divine et humaine. Nous voyons bien que ce sont deux options totalement opposées et qu’il n’y a pas d’entre-deux possible qui soit vraiment négociable.

Nous, chrétiens, nous sommes donc comme des étrangers dans un monde qui veut se construire sans Dieu. Petit troupeau, nous sommes comme des brebis au milieu des loups. Mais par-delà les peuples, les races et les langues, nous sommes unis par une seule et unique foi en Jésus, qui est né, qui a enseigné, qui a guéri et réconcilié, qui a été jugé puis fut mis à mort injustement, mais qui est maintenant ressuscité et vivant auprès du Père, où il intercède auprès de lui, pour que nous recevions l’Esprit Saint et vivions éternellement de lui. Cette foi est partagée sur toute la terre.
Saint Luc nous a donné une petite géographie de son extension à son époque : elle va de la Turquie à l’Egypte et de l’Italie à l’Iran. En son cœur se trouve Jérusalem : c’est comme une croix tracée sur le monde.
Lors du grand concile de Nicée, en 325, se sont réunis des évêques représentant des Eglises installées depuis les terres germaniques, jusqu’en Ethiopie, et d’Espagne jusqu’en Chine : il ne manquait que l’Australie et le Nouveau-Monde. Ils seront là à Vatican II.
L’Eglise est la seule institution historique – âgée de plus de 2.000 ans – qui soit réellement mondiale. Elle trace comme une grande croix dans le temps et dans l’espace. La foi chrétienne unit des hommes du monde entier, de toutes nations et de tous âges.
Et c’est ainsi que nous sommes le sel de la terre ou le levain dans la pâte, les articulations qui permettent au corps de l’humanité de se tenir, chacun différent et tous unis, avec Jésus, par lui et en lui. Vous voyez bien que la Pentecôte et la communion, c’est la même chose.

Justement, chaque Messe est un moment de Pentecôte. Nous avons tous les âges, nous venons de nombreux villages différents, nous n’appartenons pas aux mêmes familles, nous n’avons pas les mêmes opinions sur tout. Et pourtant, nous récitons le même Credo et nous partageons la même communion. Avec Jésus, nous prions le Père d’envoyer son Esprit-Saint sur le pain et le vin, pour qu’ils deviennent la communion que nous allons recevoir et que nous allons devenir.
Nous ne nous sommes pas réunis comme dans une Assemblée Générale, pour transformer le monde ; mais le Seigneur qui nous a appelés et nous a réunis aujourd’hui, à travers nous, transforme maintenant le monde : il montre que l’unité des hommes dans l’amour, c’est possible ; et grâce à l’Esprit Saint, c’est déjà commencé.

En communion, nous sommes la lumière et l’espérance du monde. Si nous perdons la foi, le risque est que le monde se divise et s’effondre, comme à Babel. Au contraire, en gardant la foi en Jésus, le Seigneur élève par son Esprit la dignité de chaque homme, sauvegarde la paix entre les nations, et transforme le monde en son Royaume.

27-28 mai 2017 - CUBRY-lès-SOING - GY - 7ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a

Chers frères et sœurs,

Entre l’Ascension et la Pentecôte, c’est un temps bizarre. D’un côté Jésus est absent : il est devant le Père où il prie pour lui-même et pour ses disciples, ceux que le Père lui a donné. Il prie pour que le Père le glorifie en donnant la vie éternelle à ses disciples, c’est-à-dire l’Esprit Saint.
Et de l’autre côté, les disciples se sont réunis dans la chambre haute à Jérusalem, au Cénacle, avec des femmes dont Marie, la Mère de Jésus et les cousins de Jésus. Ensemble, ils sont assidus à la prière. En quelque sorte, ils sont avec Jésus et ils partagent sa prière au Père. Eux aussi attendent la glorification de Jésus et le don de l’Esprit Saint. Ils attendent la Pentecôte.

Vous me direz : c’est bien mais en quoi cela nous concerne-t-il ? En effet, la prière de Jésus va être exaucée puisque les disciples vont recevoir le don de l’Esprit à la Pentecôte justement, et cela va leur donner les yeux pour lire et comprendre les Ecritures et la force pour annoncer l’Evangile jusqu’au bout du monde. Et nous, nous sommes en quelque sorte au bout du monde, puisque nous sommes les derniers à avoir reçu cet Evangile, que nous essayons de transmettre à notre tour.
Est-ce à dire que nous n’attendons rien du tout ? Certainement pas : tout en annonçant l’Evangile, nous attendons la venue de Jésus, à la plénitude des temps, et nous le prions de hâter sa venue.

En fait, le temps de l’Eglise est comme un double du temps du cénacle. Jésus ne cesse pas de prier son Père de nous envoyer son Esprit Saint. Tant que le monde n’est pas entièrement, totalement, transfiguré, transformé par l’Esprit Saint, la Pentecôte n’est pas encore complète. Ainsi donc, la plénitude des temps arrivera quand Jésus se manifestera et quand en même temps toute la création sera complètement renouvelée. C’est cela la fin du monde : la transfiguration complète du monde dans le feu de l’Esprit Saint.
Et donc, pendant que Jésus prie le Père, l’Eglise fait comme faisaient les disciples avec les saintes femmes : elle prie. Elle prie sans cesse pour que la prière de Jésus au ciel soit exaucée et que jamais elle ne manque de l’Esprit Saint ; que maintenant, la toute création soit transformée et que le règne de Dieu vienne. La prière de l’Eglise est une prière intense, urgente, car nous demandons au Père, en communion avec Jésus, qu’il envoie son Esprit pour que son règne vienne. Nous voyons bien que la prière du Notre-Père est la prière qui convient parfaitement à cette situation.

Mais plus encore, l’Eglise prie plus que jamais lorsqu’elle célèbre l’Eucharistie. Elle est unie au Christ qui prie son Père en lui offrant son corps. Et elle attend le don de Dieu consacré par l’Esprit Saint. N’est-ce pas que le pain et le vin consacrés sont les prémices du monde nouveau, de la création nouvelle que nous attendons, et le retour de Jésus ? Le fruit de notre prière nous est déjà donné : à la messe, par le don de l’Esprit Saint, c’est bien le Corps et le Sang de Jésus que nous recevons, le début du règne de Dieu que nous accueillons. Lorsque nous communions, Jésus est glorifié en nous, et nous aussi nous sommes glorifiés, sanctifiés en lui. La communion, c’est déjà le début de la plénitude des temps.

Il y a donc, chers frères et sœurs, une vraie gloire à être chrétien. Et saint Pierre a raison de rappeler à ses bien-aimés auditeurs qu’il n’y a aucune honte à être traité de chrétien. Pour beaucoup, c’est un nom qui est méprisable. Pour certain, il est même condamnable. Souvenons-nous des martyrs d’hier et d’aujourd’hui. Mais aux yeux du Seigneur, les chrétiens sont la couronne de gloire de son Fils : nous valons plus que toutes les richesses du monde et notre place est avec Jésus, au-dessus des anges et avec tous les saints, dans la paix de Dieu, dans sa joie, et dans sa lumière, dans la communion, pour une vie éternelle. Amen.



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