Dt 8,
2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1Co 10,16-17 ; Jn 6, 51-58
Chers
frères et sœurs,
Ce jour-là, quand Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a
la vie éternelle » – au grand scandale des juifs présents –, il était vraiment
très sérieux.
En effet, ces gens ne pouvaient pas
comprendre, à l’époque, que Jésus ne parlait pas des substances du corps
humain, mais du pain et du vin qui, par la consécration, allaient devenir son
Corps et son Sang.
Les gens étaient scandalisés parce qu’ils
croyaient que Jésus leur demandait de le tuer, de le manger, d’être anthropophages !
Quelle horreur ! Oui, mais en même
temps Jésus leur annonçait qu’ils allaient effectivement le tuer sur la croix,
et le manger en persécutant ensuite son
Eglise. Ceux qui crient « quelle horreur ! », sont les mêmes qui
vont commettre toutes ces horreurs. Et Jésus le sait.
Et en même temps, il dit à ceux qui peuvent
comprendre, c’est-à-dire à ses disciples, à ceux qui sont baptisés, à nous, que
ceux qui vont communier à son Corps et à son Sang par le pain et le vin
consacrés, auront en eux la vie éternelle. Grâce à l’Esprit Saint, dans tout
l’univers et à toutes les époques, avec du pain et du vin, avec un évêque ou un
prêtre, et une bonne heure de paix devant soi, il est toujours possible de communier
au Corps et au Sang de Jésus, et de recevoir de lui la vie de Dieu.
Depuis longtemps Dieu avait condamné les
sacrifices humains : il avait empêché Abraham de sacrifier son fils Isaac,
alors que le sacrifice des petits enfants était à l’époque religion courante.
Depuis longtemps aussi, il avait annoncé par ses prophètes qu’il ne supportait
plus les hypocrites sacrifices d’animaux, mais qu’il préférait davantage le
sacrifice d’un cœur pénitent et aimant. Avec Jésus, Dieu tourne la page et le
dos aux religions qui tuent les hommes et les animaux.
Dieu prend du pain, qui est en même temps le
fruit de sa création et le fruit du travail des hommes, paysans, meuniers, boulangers ;
il prend du vin, qui est en même temps le fruit de sa création et le fruit du
travail des hommes, vignerons, tonneliers, potiers ou verriers : prendre
du pain et du vin, c’est déjà reconnaître l’alliance entre Dieu, sa création et
la communauté des hommes. C’est un travail de coopération, dont l’Eglise est la
coopérative !
Ensuite Dieu s’est choisi des évêques et des prêtres.
Jésus a d’abord choisi douze apôtres qu’il a formés pendant trois ans et bénis
par l’Esprit Saint. A leur suite, tout au long des âges, cette formation et
cette bénédiction se sont transmises aux évêques et par eux aux prêtres. Un
prêtre aujourd’hui, c’est un « descendant » de la formation et de la
bénédiction de Jésus. Jamais on ne se fait évêque ou prêtre par soi-même. Si
vous voulez une preuve vivante de la vie de Jésus et du don de son Esprit Saint
à la Pentecôte – une preuve vivante – ; au lieu d’aller chercher un tombeau
vide, regardez un évêque ou un prêtre. Son ordination ne vient pas de lui mais
de Jésus et de son Esprit Saint. A ce propos, nous aurons deux ordinations de
prêtres dimanche prochain à la cathédrale, à Besançon.
Et enfin, pour communier au Corps et au Sang
de Jésus, en plus du pain, du vin et du prêtre, il faut une bonne heure de paix
devant soi. Hé bien finalement, on s’aperçoit que c’est ce qui est le plus
difficile à trouver ! Du pain et du vin, en France, ce n’est vraiment pas un
problème. Un prêtre ? En gros il y en a un tous les 20 km, peut-être 30
demain, mais finalement pas plus loin qu’un supermarché, à Gray ou à Vesoul.
C’est encore jouable. Il reste le temps… Pourquoi donc ce qui est le moins
compliqué à trouver et à donner, un peu de son temps, qui ne coûte rien – une
bonne heure par semaine ou même par mois – pour recevoir la vie éternelle de
Jésus…, hé bien c’est justement cela qu’on ne lui donne pas… ou alors avec
beaucoup de modération.
Chers frères et sœurs, nous voulons la vie de
Dieu, nous voulons des messes, nous voulons des prêtres ; mais pourquoi-donc
sommes-nous empêchés – dans notre tête – de vouloir aussi donner à Jésus deux
heures de notre temps, par semaine ou par mois ? Pourquoi-donc ce blocage ?
Seigneur Jésus, nous croyons en toi ;
nous avons besoin de toi ; viens au secours de notre manque de foi.