lundi 5 juin 2017

4 juin 2017 - VELLEXON - Dimanche de la Pentecôte - Année A

Ac 2,11 ; Ps 103 ; 1Co 12,3b-7.12-13 ; Jn 20,19-23
Chers frères et sœurs,

Il faut choisir. Nous avons le choix entre Babel et la Pentecôte.

Babel, c’est lorsque les hommes ne parlent qu’une seule langue sur toute la terre, qu’ils s’unissent pour construire une tour dont le sommet a pour ambition de pénétrer dans les cieux, et qu’ils veulent se faire un nom par eux-mêmes. Ce sont les hommes qui veulent construire leur propre monde sans Dieu. Mais Babel, ce fut aussi un échec qui conduisit, par la confusion de leur langage, à une incompréhension totale entre les hommes, et finalement à l’explosion de l’humanité en de multiples peuples en guerre les uns contre les autres.
La Pentecôte, c’est très différent. C’est quand l’Esprit du Seigneur est donné par Dieu aux hommes pour que – tout en restant chacun eux-mêmes – ils sachent en même temps parler les langues des autres et partager ensemble une seule et même foi. Chacun selon sa vocation spécifique, les hommes font alors partie d’un seul corps, le corps du Christ. C’est un corps éternellement vivant et bienheureux.
Si à Babel le langage est devenu confus, c’est qu’il n’y avait plus de raison humaine : il n’y avait plus de rapport entre les mots et les choses, il n’y avait plus de vérité ni de repères. Ce fut le naufrage de la raison humaine et le retour à la barbarie. Tandis qu’à la Pentecôte, grâce à l’Esprit Saint, le langage fut compréhensible à chacun : au-delà des langues particulières, la foi est toujours intelligible, raisonnable. Car la foi dit la réalité des événements et des choses. Elle est solide et elle élève la dignité humaine.
Donc nous avons le choix – et aujourd’hui plus que jamais – entre l’illusion de Babel qui entraîne l’incompréhension mutuelle puis la division et la destruction de l’humanité, et la foi en Jésus-Christ qui, par son Esprit Saint, nous unit dans son corps pour une vie éternelle, et nous établit dans une dignité divine et humaine. Nous voyons bien que ce sont deux options totalement opposées et qu’il n’y a pas d’entre-deux possible qui soit vraiment négociable.

Nous, chrétiens, nous sommes donc comme des étrangers dans un monde qui veut se construire sans Dieu. Petit troupeau, nous sommes comme des brebis au milieu des loups. Mais par-delà les peuples, les races et les langues, nous sommes unis par une seule et unique foi en Jésus, qui est né, qui a enseigné, qui a guéri et réconcilié, qui a été jugé puis fut mis à mort injustement, mais qui est maintenant ressuscité et vivant auprès du Père, où il intercède auprès de lui, pour que nous recevions l’Esprit Saint et vivions éternellement de lui. Cette foi est partagée sur toute la terre.
Saint Luc nous a donné une petite géographie de son extension à son époque : elle va de la Turquie à l’Egypte et de l’Italie à l’Iran. En son cœur se trouve Jérusalem : c’est comme une croix tracée sur le monde.
Lors du grand concile de Nicée, en 325, se sont réunis des évêques représentant des Eglises installées depuis les terres germaniques, jusqu’en Ethiopie, et d’Espagne jusqu’en Chine : il ne manquait que l’Australie et le Nouveau-Monde. Ils seront là à Vatican II.
L’Eglise est la seule institution historique – âgée de plus de 2.000 ans – qui soit réellement mondiale. Elle trace comme une grande croix dans le temps et dans l’espace. La foi chrétienne unit des hommes du monde entier, de toutes nations et de tous âges.
Et c’est ainsi que nous sommes le sel de la terre ou le levain dans la pâte, les articulations qui permettent au corps de l’humanité de se tenir, chacun différent et tous unis, avec Jésus, par lui et en lui. Vous voyez bien que la Pentecôte et la communion, c’est la même chose.

Justement, chaque Messe est un moment de Pentecôte. Nous avons tous les âges, nous venons de nombreux villages différents, nous n’appartenons pas aux mêmes familles, nous n’avons pas les mêmes opinions sur tout. Et pourtant, nous récitons le même Credo et nous partageons la même communion. Avec Jésus, nous prions le Père d’envoyer son Esprit-Saint sur le pain et le vin, pour qu’ils deviennent la communion que nous allons recevoir et que nous allons devenir.
Nous ne nous sommes pas réunis comme dans une Assemblée Générale, pour transformer le monde ; mais le Seigneur qui nous a appelés et nous a réunis aujourd’hui, à travers nous, transforme maintenant le monde : il montre que l’unité des hommes dans l’amour, c’est possible ; et grâce à l’Esprit Saint, c’est déjà commencé.

En communion, nous sommes la lumière et l’espérance du monde. Si nous perdons la foi, le risque est que le monde se divise et s’effondre, comme à Babel. Au contraire, en gardant la foi en Jésus, le Seigneur élève par son Esprit la dignité de chaque homme, sauvegarde la paix entre les nations, et transforme le monde en son Royaume.

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