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20,10-13 ; Ps 68 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33
Chers
frères et sœurs,
Au jour de notre baptême, nous avons étés
consacrés prêtres, prophètes et rois : prêtres au service du Seigneur, par
la liturgie de l’Eglise et la prière personnelle ; prophètes pour faire
connaître sa parole et ses actes à son peuple et à ceux qui ne le
connaissent pas ; rois au service de ce peuple, pour en prendre soin et rendre
justice au milieu de lui. Prêtre, prophète et roi, voilà la vocation de chaque chrétien.
Aujourd’hui les lectures nous parlent surtout
de notre mission de prophète. Le témoignage de Jérémie nous apprend que le
prophète qui parle au nom du Seigneur, souvent, n’est pas aimé, n’est pas
accepté, parce que la Parole de Dieu qu’il annonce est un rayon de lumière qui
descend dans les cœurs. Certains y trouvent une libération et une joie : bienheureux
sont-ils ! D’autres se révoltent avec violence parce qu’ils ne veulent pas
que cette lumière de Dieu éclaire les ténèbres qui règnent dans leurs cœurs.
Ils sont comme un blessé qui craint l’eau oxygénée ou l’eau salée, qui peuvent pourtant
purifier et cautériser sa plaie. Comme des fous, ils repoussent avec violence
la main de celui qui se propose de les guérir. Mais ils sont libres. Ainsi les
baptisés, qui sont les ambassadeurs du Dieu guérisseur, sont-ils souvent
violemment rejetés.
Oui mais, le baptisé se comporte-t-il comme
un vrai prophète ? Comprenons celui qui rejette la guérison. Il ne rejette
peut-être pas, au fond de son cœur, cette guérison ; parce qu’au bout du
bout, en réalité, il l’espère. Lui aussi cherche à vivre libre et joyeux. Mais
il ne veut prendre aucun risque avec un faux médecin : une mauvaise
médecine le renverrait certainement à de plus profondes ténèbres encore. La
déception serait encore pire que le mal.
C’est pourquoi, il faut que le prophète se
montre crédible pour être audible. Souvenez-vous de la parole des persécuteurs
de Jésus mis en croix : « N'es-tu
pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! ». Les hommes
souffrants sont comme eux et comme saint Thomas : ils veulent d’abord voir
pour croire. Or il n’y a que la lumière de la résurrection qui rende crédible
Jésus, et ses prophètes avec lui.
Si donc nous voulons être des prophètes
crédibles, qui annoncent la lumière de l’Evangile dans le monde, il faut que
nous soyons aussi prêtres et rois. Jamais notre vocation de prophète ne doit
aller sans celle de prêtre et celle de roi. Les trois doivent toujours aller
ensemble. Jamais notre vocation de prophète ne doit aller sans adoration de la
gloire de Dieu, ni sans charité à l’égard de notre prochain. En face, les
hommes qui espèrent un rayon de lumière dans leur cœur, même s’ils se sont fermés,
attendent la venue de l’ange du Seigneur, sa lumière, et sa paix.
Les baptisés seront donc mis à l’épreuve.
Comme Jésus et tous les vrais prophètes avant lui ont été mis à l’épreuve.
Jamais le baptême n’a été une assurance de vie heureuse sur la terre, mais un
germe de béatitude, une semence de la gloire de Dieu, un avant-goût du ciel
pour le baptisé, à l’attention de ses contemporains.
Chers frères et sœurs, Dieu n’a jamais voulu
que les hommes, et encore moins ses bien-aimés, soient soumis au mal, et
tombent à terre. Jamais Dieu n’a voulu le mal contre une quelconque de ses
créatures. Mais il peut y consentir, de la même manière qu’il a consenti que
Jésus son fils unique meure sur une croix. Parce que Dieu se retire devant la
liberté de l’homme, qui peut choisir librement entre le bien et le mal, entre
la lumière de la gloire de Dieu et les ténèbres du mensonge et de la mort.
Parfois, Dieu laisse « Sa Majesté des mouches » – Belzébuth – parler,
et permet que l’homme soit mis à l’épreuve, comme Jésus au Désert.
Mais à ceux qui lui gardent fidélité, comme
un soldat à son chef, jusqu’au bout du combat, il donne la couronne de la
victoire : « Celui qui se
déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui
devant mon Père qui est aux cieux ». Nous savons que nous sommes faillibles,
mais a-t-on vu un bon général perdre ses soldats ? A-t-on vu Jésus le Bon Berger
renoncer à aller chercher sa brebis perdue ? Aux baptisés, à ses
bien-aimés, à ses brebis, Jésus dit : « Ne craignez pas ; même les cheveux de votre tête sont comptés ».
Chers frères et sœurs, nous sommes les
chrétiens d’aujourd’hui, les prêtres, les prophètes et les rois du Seigneur
pour maintenant. Il n’y en pas d’autres qui puissent faire ce que nous avons à
faire. Soyons courageux et fiers de notre vocation de baptisés. Et
rendons-grâce au Seigneur parce qu’il nous a choisi et appelés à son service,
pour sa gloire et pour notre plus grand bonheur.