Ex 34,
4b-6.8-9 ; Dn 3 ; 2Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18
Chers
frères et sœurs,
Depuis toujours, dans l’Eglise, avant d’être
baptisés nous rejetons Satan et ses œuvres de mort, et nous affirmons notre foi
en Dieu le Père, en Jésus-Christ son Fils qui est né, qui a souffert, est mort
et est ressuscité, qui est notre sauveur, et dans l’Esprit Saint vivifiant.
Lorsqu’on est baptisé petit, les parents, parrains et marraines déclarent
publiquement cette profession de foi en promettant d’élever leurs enfants en
chrétiens. Ceux-ci, une fois devenus grands la déclarent à leur tour, reprenant
le flambeau, ou la lumière de leur baptême.
[A
tous les parents, parrains et marraines des jeunes qui sont ici
aujourd’hui : je dis merci et bravo : vous avez tenu votre promesse.
Ne cessez jamais de prier et d’encourager vos enfants dans la foi].
Mais qu’est-ce c’est que faire profession de
foi ? La définition la plus simple serait de dire : faire profession
de foi, c’est assumer personnellement le Credo en le déclarant publiquement.
Mais certains ont des doutes sur telle ou telle ligne du Credo et ils hésitent
à professer la foi. L’erreur la plus courante est en effet de croire que le
Credo est comme une liste de courses, ou comme un questionnaire où l’on coche
des cases quand on est d’accord. Mais le Credo, ce n’est pas le PMU.
La profession de foi est plutôt comme une clé
de voiture : si on n’a pas la clé, impossible de démarrer et de voyager.
Si on n’a pas la foi de l’Eglise, on ne comprend rien à la vie de l’Eglise, à
la Bible, aux sacrements, à la messe, à toutes les choses courantes de la vie
chrétienne. Le Credo, c’est comme l’ADN de l’Evangile : à partir de lui,
tout se comprend, tout s’organise, tout se développe, comme un être vivant.
La profession de foi est tellement importante
que les premiers chrétiens avaient interdiction de l’écrire : ils devaient
la savoir par cœur. Et c’était un signe de reconnaissance entre eux : ceux
qui ne la savaient pas ou la savaient mal, n’étaient pas reconnus comme des
chrétiens. Vous savez bien que si vous tapez un mauvais code de carte bleue,
votre transaction est rejetée. C’est pareil avec le Credo.
Mais alors, comment ça marche, ce
Credo ? Pour comprendre ce qu’est le Credo, il faut d’abord se dire que
c’est une histoire, l’histoire de Dieu avec le monde. Elle commence avec Dieu
créateur, elle se poursuit avec la vie de Jésus et elle se termine avec
l’action de l’Esprit Saint qui nous conduit à la vie éternelle. Déjà, on ne
peut pas dire le Credo dans n’importe quel ordre, sinon il perd tout son sens.
Ensuite, on n’est pas obligé de connaître tous les détails de l’histoire :
il suffit de savoir comment elle commence, comment elle se déroule, et comment
elle termine. Et qui sont les acteurs.
Justement, comme nous venons de le voir, le
Credo nous dit que Dieu est en même temps Père, Fils et Saint-Esprit. Voilà qui
est curieux. N’est-ce pas que Moïse a rencontré un seul Dieu, le Dieu unique,
au mont Sinaï ? Mais alors, comment peut-on dire que le Père, Jésus son
Fils, et l’Esprit Saint, sont ce même Dieu ?
C’est une question de réglage d’optique.
Lorsqu’on regarde un village de loin, on voit un bloc de maisons avec un
clocher, mais on est incapable de distinguer la maison de untel et celle de
untel. En revanche, quand on s’approche, on voit bien qu’il y a plusieurs
maisons et qu’elles sont bien différentes, bien qu’elles forment un seul
village. Dieu c’est pareil : vu de loin, il est unique, et vu de près, à
l’intérieur, il est en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit.
Et pourquoi trois et pas quatre ou dix ou
cent personnes ? Parce qu’il y en a trois... Si je vous demande combien il
y a de maisons dans votre village, vous allez les compter et me dire 30, 40, ou
80. Et si je vous demande pourquoi 80 ? et pas 83 ? Vous me
répondrez que ma question est stupide… Cependant, une chose est très
importante : si en Dieu, il y a de la place pour trois personnes, alors il
y a aussi de la place pour d’autres personnes et même des milliards de
personnes. Or, nous les hommes, nous sommes aussi chacun d’entre nous des
personnes, des personnes uniques : et grâce à Jésus et à son Esprit, nous
pouvons habiter le village de Dieu : il y a une place pour nous dans
l’amour de Dieu, dans l’unité de Dieu, dans la communion de Dieu. Confesser un
seul Dieu en trois personnes, c’est dire que chaque homme est aussi une
personne et qu’il a une place dans la communion de Dieu. Cherchez bien :
aucune autre religion ne dit cela. Aucune.
Donc, dans le Credo, il y a d’abord
l’histoire de Dieu avec les hommes et ensuite il y a la révélation que chaque
homme a une place dans son amour. Cette histoire de Dieu, nous la racontons et
nous la transmettons sans cesse à nos enfants parce qu’elle annonce notre
intégration et notre communion dans l’amour de Dieu. C’est là l’essentiel de
l’Evangile : Selon la volonté de son Père, Jésus est né, est mort et
ressuscité pour nous, pour que par son Esprit Saint nous entrions dans leur vie
éternelle. Le Credo, la profession de foi, dit l’essentiel de l’Evangile.
Chers frères et sœurs, notre foi est la perle
de toutes les religions. Elle est même plus qu’une religion puisqu’elle est
l’histoire et la vocation du monde. Personne n’aurait pu inventer une pareille
histoire. C’est Jésus qui en vivant avec nous nous l’a révélée. Dire la foi,
transmettre la foi, c’est allumer une lumière d’espérance dans le monde et
c’est vouloir pour lui la paix. C’est exactement ce que veut Dieu pour nous
tous : que nous soyons éternellement unis et heureux dans son amour. Amen.