Carême Cathédrale
Besançon 2020 – 2
2ème dimanche de Carême – 8 mars 2020
LE CARÊME, UN CADEAU.
VIVRE DE SON BAPTÊME À
LA LUMIÈRE DE L’ÉCRITURE
ET DE LA LITURGIE
Chers
frères et sœurs,
La
semaine dernière, nous avons découvert comment la liturgie était en même temps
action de Jésus, par les sacrements, mémoire des actions de Dieu dans
l’histoire, et prophétie du Règne de Dieu. Il en va de même pour les Évangiles :
ils nous disent qui est Jésus, comment il accomplit l’Ancien Testament, et
quelle est la promesse de son Règne à venir, qui se réalise déjà maintenant
dans l’Église.
L’évangile
de la Transfiguration se prête très bien à cette triple lecture et c’est donc cet
exercice que je vous propose de faire ensemble aujourd’hui.
Pour
ce faire, nous allons dans un premier temps découvrir une grande fête
juive : la fête de Soukkot, c’est-à-dire la « fête des Tentes ».
C’est elle qui, ensuite, nous permettra de comprendre ce qu’il se passe lors de
la Transfiguration de Jésus, ce qui est en jeu, et quelles en sont les
conséquences pour Pierre, Jacques et Jean, c’est-à-dire aussi pour nous.
1.
Soukkot : la Fête des Tentes
Lorsque
saint Pierre se trouve en présence de Jésus transfiguré, de Moïse et d’Elie, il
dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si
tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et
une pour Elie. »
Au-delà
de la proposition généreuse d’abriter Jésus, Moïse et Elie, la mention des
tentes fait allusion à la fête juive des Tentes, la fête de Soukkot, qui suit
de six jours celle du Grand Pardon, la grande fête du Yom Kippour.
On
se souviendra en passant que la Transfiguration de Jésus a lieu six jours après
la confession de foi de Pierre, où ce-dernier a déclaré, inspiré par
l’Esprit-Saint, que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant ».
Or, la fête du Yom Kippour est le seul moment dans l’année où le Grand Prêtre
peut prononcer, dans le Saint des Saints, le Nom de Dieu. Il y aurait donc une
correspondance voulue entre le Yom Kippour et la confession de Pierre, et entre
la fête des Tentes et la Transfiguration. Mais de quoi s’agit‑il ?
La
fête des Tentes commémore deux événements en une seule fête.
Le
premier est celui de la sortie d’Égypte, où les Hébreux, poursuivis par les
Égyptiens ont campé dans la vallée de Soukkot. « Soukkot » veut dire
« hutte » ou « cabane » ou encore « Tente » et
même « Tabernacle ». Mais ces cabanes, quoique fragiles étaient
protégées, le jour par la colonne de nuée et la nuit par la colonne de feu,
dans lesquelles était la Présence du Seigneur. Le Seigneur protégeait son
peuple.
Cela
était vrai, non seulement au moment de franchir la Mer Rouge, mais aussi dans
le désert, pendant quarante ans, durant lesquels les Hébreux ont vécu sous la
tente. Ils ont douté, ne sachant pas s’ils pourraient manger ou boire à leur
faim. Mais le Seigneur leur a donné la manne et de l’eau, à partir du Rocher.
Ainsi,
lorsqu’on est sous la tente et qu’on a foi dans le Seigneur, non seulement on
est protégé par sa Présence, mais on a aussi à manger et à boire. Et c’est
cette protection du Seigneur que, durant la fête des Tentes, les juifs
célèbrent. À cette occasion, ils construisent des cabanes pour y prendre un
repas de fête. Et cela est toujours le cas aujourd’hui.
Le
second événement qui est célébré lors de la fête des Tentes, est celui de
l’ascension de Moïse au Mont Sinaï pour y faire la connaissance du Seigneur et
recevoir de lui les Tables de la Loi. Nous voyons ici Moïse monter sur la
montagne et y séjourner quarante jours et quarante nuits. Avec foi, il franchit
les ténèbres qui recouvraient la montagne, de la même manière qu’Elie avait dû
surmonter les tremblements de terre à l’Horeb, avant de faire la connaissance
du Seigneur. Moïse avait alors eu la vision de Dieu face à face. Illuminé par
la gloire de Dieu, son visage en avait été marqué au point de devoir mettre un
voile, pour que ceux qui le regarderaient ne soient pas éblouis à leur tour.
Comprenons
donc que Moïse a revécu dans son ascension au Mont Sinaï les épreuves de la
sortie d’Égypte. Et, de même que Dieu avait protégé les pauvres huttes avec la
nuée, jusqu’à ce que le peuple puisse retrouver la liberté de l’autre côté de
la Mer Rouge, de la même manière Moïse a été protégé par les ténèbres jusqu’à ce
qu’il accède à la vision de Dieu. Arrivé à ce point culminant, illuminé, Dieu
lui a donné les tables de la Loi. Puis Moïse est redescendu de la montagne.
Ainsi
donc, lors de la fête des Tentes, en plus de construire une cabane et de manger
dedans, les juifs, en souvenir de Moïse, se rendent aussi en pèlerinage au
Temple (ou à la Synagogue aujourd’hui), pour y réciter des psaumes de louange et
y entendre la lecture de la Loi.
Justement,
le Temple fait la synthèse des deux traditions : celle des huttes dans le
désert et celle de l’ascension de Moïse. Le Temple est en effet en même temps
la tente dans laquelle réside la Présence du Seigneur, comme au désert ;
et il est situé sur la montagne de Sion, comme s’il était le Mont Sinaï, au
sommet duquel est proclamée la Loi du Seigneur.
D’ailleurs,
le Grand Prêtre n’entre derrière le voile du Temple, dans le Saint des Saints
où se trouve la Présence du Seigneur, qu’une fois par an, en mémoire du
caractère sacré et de l’extrême importance l’expérience de Moïse au Mont Sinaï.
Nous
avons maintenant les outils qu’il nous faut pour comprendre ce dont il est
question lors de la Transfiguration de Jésus.
Si,
comme nous l’avons déjà signalé, il y a un rapport entre la fête des Tentes et
la Transfiguration, nous devons pouvoir y retrouver des correspondances avec
les deux traditions que je viens d’exposer : la tradition du désert et la
tradition du Sinaï.
2.
La manifestation de Jésus, Parole de Dieu
Pour
commencer, prenons la tradition du Sinaï, car elle est la plus évidente. En
effet, nous retrouvons Jésus illuminé, entouré de Moïse et d’Elie. Là où Moïse
avait été ébloui au Sinaï par la gloire de Dieu, ici au Mont Thabor, nous
voyons celui qui l’a ébloui : c’est le Seigneur Jésus lui-même.
La
première conclusion évidente qu’il faut en tirer est que le Seigneur Jésus est
Dieu. Ses vêtements sont éblouissants. Ils sont blancs comme la lumière,
c’est-à-dire que Jésus est aussi roi et prêtre.
La
seconde conclusion à tirer de la présence de Moïse et Elie autour de Jésus est
que ceux qui sont au ciel bénéficient de la vision de Dieu : comme Moïse,
ils voient la face de Dieu, ils résident dans sa lumière et surtout, ils sont
vivants.
En
réalité, ici, Moïse et Elie préfigurent la communion des saints. Mais là, je
vais déjà un peu trop vite.
On
peut marquer ici une pose et se poser une question. Lors de la Transfiguration,
que s’est-il passé ? Est-ce que Jésus s’est allumé comme une ampoule ou
bien est-ce que c’est la vision des Apôtres qui a changé ?
Spontanément,
nous pensons que c’est Jésus qui a changé d’apparence. Mais Jésus est le Fils
du Père en permanence ; il est en permanence habité par l’Esprit
Saint. Lui, il ne change pas : il est toujours homme et Dieu. D’ailleurs,
les démons, qui sont des anges pervertis, savent le reconnaître immédiatement.
Ce sont nous, les hommes, qui ne savons pas reconnaître Jésus, le voir dans sa
réalité divine et humaine. Ainsi, ce n’est pas Jésus qui a changé, mais c’est
le regard des Apôtres. Il leur a été donné la grâce que leurs yeux s’ouvrent
temporairement, et qu’ils voient la gloire de Dieu. Cette grâce est un don de
l’Esprit Saint.
Comme
Moïse et Elie avaient bénéficié d’une grâce semblable en leur temps. Cela
signifie que, ce qui a été vrai pour eux, prophètes et apôtres, peut l’être
aussi pour nous. Il nous est possible – si le Seigneur nous en fait la grâce –
d’avoir la vision des réalités célestes. Ce peut être l’expérience de saint
Paul, sur le chemin de Damas, ou celle de sainte Bernadette, à Lourdes. C’est
aussi l’expérience de saint Séraphim de Sarov. Si nos yeux ne voient pas, cela
peut être notre intelligence ou notre cœur. Pensez à sainte Thérèse d’Avila, à
saint Jean de la Croix, qui ont bénéficié de grâces mystiques et dont
l’intelligence et le cœur ont été remplis de la connaissance de Dieu.
Comprenons
bien que si le Seigneur le veut, s’il nous en donne la possibilité par le don
de son Esprit Saint, nous pouvons nous aussi nous trouver avec Pierre, Jacques
et Jean, Moïse et Elie, sur la Montagne, avec Jésus, et entendre la voix du
Père pour nous, qui nous transperce le cœur.
Revenons
maintenant à la Transfiguration. Dans la tradition du Sinaï, Moïse ne fait pas
seulement la connaissance du Seigneur, il reçoit aussi les tables de la Loi.
Comment cela se passe-t-il au Mont Thabor ? La réponse se trouve dans la
voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je
trouve ma joie : écoutez-le. » Lorsque Moïse était descendu du
Mont Sinaï avec les tables de la Loi, bien évidemment il devait en donner la
lecture au Peuple. Ici, il n’est pas question de lire des tables, mais
d’écouter Jésus. La conclusion est très simple : celui qui dicte la Loi,
c’est Jésus. Il est la Parole de Dieu, celui qu’il faut écouter et dont les
préceptes sont à mettre en pratique.
Bien
sûr, nous comprenons maintenant plus facilement ces passages d’évangile où
Jésus dit : « la Loi vous dit ceci, hé bien moi je vous dit
cela ». Cette prétention de Jésus à être plus que la Loi, à être le maître
de la Loi, se vérifie ici à la Transfiguration. On se souviendra par exemple de
l’épisode de la femme adultère, où l’on rappelle à Jésus le précepte de la
lapidation pour ces femmes-là. A ce moment, Jésus trace quelque chose sur le
sol. Or le verbe employé – la seule fois qu’est employé ce verbe dans
l’Évangile – ne se retrouve que lorsqu’il est dit que Dieu trace lui-même sa
Loi sur les tables, au Mont Sinaï. Et la réponse de Jésus pour la femme
adultère, finalement, est celle du pardon. Jésus est celui qui dit et qui écrit
la Loi, qui est une loi de vérité et de charité. Plus encore, nous trouvons une
résonnance de la Transfiguration lorsque Jésus prononce les Béatitudes. Là, il
dévoile le cœur de Dieu, caché dans les profondeurs de la Loi de Moïse. Jésus
ne vient pas abolir, il vient accomplir. Et cela se vérifie ici aussi.
Grâce
à la Transfiguration, nous voyons ce qu’a vu Moïse au Mont Sinaï et nous
découvrons le secret caché dans la Loi : Jésus et les Béatitudes. Mais à
ce sujet, nous ferons encore un pas de plus tout à l’heure.
Cependant,
nous avions vu qu’il y avait deux traditions commémorées dans la fête des
Tentes. Nous avons médité sur la tradition de Moïse au Mont Sinaï recevant la
Loi de Dieu, il nous reste à méditer sur celle des cabanes construites à la
sortie d’Égypte, protégées par la Présence du Seigneur qui se trouve dans la
nuée.
Comme
nous avons beaucoup parlé de Moïse et Jésus, je vais maintenant me pencher sur
les Apôtres.
3.
L’Église, Temple de l’Esprit.
Pierre,
Jacques et Jean ont été choisis par Jésus pour monter avec lui sur la montagne.
Ce sont les mêmes que l’on retrouvera à Gethsémani. Ici comme là, ils ne
comprennent pas vraiment ce qu’il se passe. Ils comprendront plus tard, après
la résurrection de Jésus.
En
fait, à la différence de Moïse et Elie, qui sont déjà au ciel, dans la Gloire
de Dieu, et qui donc peuvent s’entretenir normalement avec Jésus, les Apôtres
sont encore des hommes terrestres, comme vous et moi. Alors que Moïse et Elie
sont dans le Mystère et supportent la lumière de Dieu, Pierre, Jacques et Jean
sont face au Mystère et ne supportent pas cette lumière.
Ouvrez
votre Bible et lisez l’Ancien Testament : il se passe toujours la même
chose lorsqu’un homme se trouve placé en présence du Seigneur ou de l’Ange du
Seigneur : il tombe face contre terre, comme par réflexe. Parce que la
gloire de Dieu est trop grande pour l’homme : il ne peut pas la supporter.
Et
c’est bien pour cela que Jésus s’est fait homme et que l’Esprit Saint ne nous
le révèle pas immédiatement comme Dieu : parce que nous ne pourrions pas
le supporter. C’est par miséricorde pour nous que Jésus rend sa divinité
invisible. Pour que nous nous accoutumions à lui en douceur, jusqu’au jour où
il se révèlera entièrement.
Il
est une autre loi des rencontres entre l’homme et Dieu : c’est qu’elles se
font généralement en deux temps. Un premier temps où Dieu se manifeste en nous
marquant le cœur, mais nous ne comprenons pas ce que cela signifie. Et un
second temps, où cette fois-ci, nous comprenons clairement pourquoi Dieu nous a
appelé et ce qu’il attend de nous.
Souvenez-vous
de saint Paul sur le chemin de Damas. Dans un premier temps, il ne comprend pas
que c’est Jésus qui l’appelle et il devient aveugle. C’est le premier temps.
Ensuite, il se trouve à Damas et Ananie vient lui imposer les mains. C’est un
geste sacramentel : c’est Jésus qui à travers Ananie vient guérir Paul. En
lui redonnant la vue, il lui donne aussi sa mission : porter l’Évangile
aux nations.
Cette
loi des deux temps se vérifie aussi, par exemple, avec les disciples d’Emmaüs à
la résurrection de Jésus. On leur dit que Jésus est ressuscité. Cela les
interpelle, mais ils n’y croient pas, et ils quittent Jérusalem. C’est le
premier temps. Ensuite, Jésus les rejoint, leur ouvre les écritures, rompt le pain,
et là leurs yeux s’ouvrent : la résurrection, c’était donc vrai. Ils
remontent aussitôt à Jérusalem. C’est le deuxième temps.
Il
en va de même avec Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne de la
transfiguration : ils ne comprennent pas. La révélation qui leur est faite
est trop importante pour eux : ils ne comprendront qu’après la
résurrection de Jésus. Mais que devaient-ils comprendre ?
C’est
là que nous pouvons revenir à notre point de départ : Pierre, qui a
toujours un peu plus d’Esprit Saint en lui par rapport aux autres, propose de
dresser trois tentes, une pour Jésus, une pour Moïse et une pour Elie. C’est
normal, il se trouve bien dans la gloire de Dieu et il voudrait que cela dure,
que la bénédiction dure, et que Jésus, Moïse et Elie soient justement honorés.
Ce
geste ressemble fortement à celui de David, lorsqu’il proposa à Dieu de lui
bâtir une maison à Jérusalem. En effet, pour une fois David régnait en paix, il
habitait un beau palais, il était bien, mais il regrettait que le Seigneur,
dont la Présence reposait sur l’Arche d’Alliance, soit toujours abrité dans la
tente de la Rencontre, la vieille Tente qui venait du désert. David voulait
bâtir à Dieu une maison en dur : un Temple. La réponse du Seigneur nous est
connue : il a apprécié le geste de David, mais ne lui a pas permis de le
réaliser : c’est Salomon qui bâtira le Temple. Cependant Dieu a annoncé à
David qu’il ferait de sa descendance une maison, dont le Messie serait issu.
C’est-à-dire que Dieu a fait de la famille de David un Temple, qui sera habité
par Dieu lui-même.
Nous
appliquons immédiatement cette histoire à Pierre, Jacques et Jean – Pierre
étant le porte-parole des Apôtres. Pierre veut bâtir des cabanes ou un Temple
pour le Seigneur, mais le Seigneur répond que c’est la descendance des Apôtres
qui deviendra une Tente où lui-même résidera. D’ailleurs, immédiatement, la
nuée dans laquelle se trouve la Présence du Seigneur les recouvre tous de son
ombre, et la voix du Seigneur se fait entendre. Comprenons que Jésus, Moïse et
Elie, Pierre, Jacques et Jean forment ensemble une cabane, une Tente, un
Temple, que la Nuée du Seigneur vient recouvrir et que la Présence du Seigneur
vient habiter, comme dans les cabanes de la sortie d’Égypte, comme dans la
Tente de la Rencontre dans le Désert, comme dans le Temple de Jérusalem.
Car
Jésus, Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean forment dès maintenant une
réalité nouvelle qui s’appelle l’Église, qui est le Temple de l’Esprit Saint,
le Temple du Seigneur, dont Jésus est la tête, les prophètes et les Apôtres le
corps : un corps invisible formant la communion des saints, et un corps
visible, l’Église de la terre. Et cela, c’était évidemment impossible à
comprendre sur le moment pour les Apôtres. Ils ne le comprennent que lorsque ce
don de Dieu se renouvelle, lorsqu’ils forment un corps rassemblé par Jésus au
Cénacle et que l’Esprit Saint vient à nouveau les habiter, à la Pentecôte.
Cette fois-ci, leurs yeux s’ouvrent.
A
cette lumière, faisons-donc un pas de plus en revenant au don de la Loi fait par
Dieu à Moïse au Mont Sinaï. Dieu a donc écrit la Loi sur les tables de pierre.
Mais où sont les tables de pierre au Mont Thabor ? Nous avons dit que
Jésus était le Maître de la Loi, que c’est lui qui l’écrivait. Mais alors, où
écrit-il cette fois-ci ? Les tables de pierre du Mont Thabor, ce sont les
Apôtres et la Loi nouvelle, celle qui sera celle des Béatitudes, est inscrite
par Jésus dans leur cœur. Si nous cherchons les Tables de la loi, qui sont
conservées précieusement dans l’Arche d’Alliance qui se trouve dans le Temple
de Dieu, il faut les trouver dans les Apôtres dont le témoignage – c’est-à-dire
l’Évangile – constitue le trésor de l’Église.
Souvenons-nous
de ce que saint Paul écrivait aux Corinthiens :
« De toute évidence, vous êtes cette lettre
du Christ, produite par notre ministère, écrite non pas avec de l’encre, mais
avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas, comme la Loi, sur des tables de pierre,
mais sur des tables de chair, sur vos cœurs. Et si nous avons une telle
confiance en Dieu par le Christ, ce n’est pas à cause d’une capacité
personnelle que nous pourrions nous attribuer : notre capacité vient de Dieu. Lui
nous a rendus capables d’être les ministres d’une Alliance nouvelle, fondée non
pas sur la lettre mais dans l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne
la vie. Le ministère de la mort, celui de la Loi gravée en lettres sur des
pierres, avait déjà une telle gloire que les fils d’Israël ne pouvaient pas
fixer le visage de Moïse à cause de la gloire, pourtant passagère, qui rayonnait
de son visage. Combien plus grande alors sera la gloire du ministère de
l’Esprit ! »
Voilà
donc que ceux qui ont été témoins de la gloire de Jésus sont maintenant comme
des tables vivantes de la Loi de Dieu écrite par l’Esprit Saint dans leur cœur.
Et il est bon ici d’entendre le témoignage de saint Pierre à ce sujet :
« Ce n’est pas en ayant recours à des
récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance
et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les
témoins oculaires de sa grandeur.
Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la
gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait :
« Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. »
Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions
avec lui sur la montagne sainte.
Et ainsi se confirme pour nous la parole
prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une
lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que
l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. »
Ainsi
donc, chers frères et sœurs, voyez comment doit se lire un passage de
l’Évangile. En le nourrissant des traditions qui sont consignées dans l’Ancien
Testament, toujours pratiquées par les juifs aujourd’hui, lues à la lumière de
la résurrection de Jésus et du don de l’Esprit Saint, nous pouvons voir ce qui
est invisible et mieux comprendre qui est Jésus, qui nous sommes en tant que
baptisés, et quelle est notre mission en ce monde.
Lorsqu’on
a bénéficié d’une grâce du Seigneur, on est appelé à deux choses : d’abord,
rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits, et ensuite transmettre à son prochain
ce que l’on a reçu du Seigneur. C’est ainsi qu’on remercie Dieu et qu’on lui fait,
en même temps, le plus beau des cadeaux.