lundi 9 mars 2020

08 mars 2020 - APREMONT - 3ème dimanche de Carême - Année A


Gn 12,1-4a ; Ps 32 ; 2Tm 1,8b-10 ; Mt 17,1-9

Chers frères et sœurs,

La Transfiguration est un moment très important de la vie de Jésus, qui a lieu entre son baptême et sa Passion. Mais pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut revenir à l’Ancien Testament.

La Transfiguration de Jésus a lieu à l’époque de la fête de Soukkôt, c’est-à-dire la « fête des Tentes ». De quoi s’agit-il ? Cette fête avait lieu six jours après le Yom Kippour, la fête du « Grand Pardon ». Elle durait une semaine. On y commémorait deux choses :
D’abord les quarante années passées par les Hébreux dans le désert, après le passage de la Mer Rouge. Le peuple habitait alors sous la tente ou dans des cabanes et il était protégé par la nuée lumineuse, c’est-à-dire la présence de Dieu. Cette présence assurait aussi le peuple qu’il ne manquerait pas d’eau, ni de nourriture. C’est pourquoi, lors de la fête des Tentes, les juifs fabriquent des cabanes pour y manger un bon repas. C’est toujours le cas aujourd’hui.
Ensuite – lors de cette fête – on commémore aussi l’ascension de Moïse sur le Mont Sinaï, où il resta quarante jours et quarante nuits en présence de Dieu, dont il reçut les Tables de la Loi. C’est pourquoi, les juifs se rendent aussi à la synagogue pour y faire la lecture des Psaumes et de certains passages de la Torah, c’est-à-dire de la Loi.
Autrefois, le Temple à Jérusalem faisait la synthèse entre ces deux traditions : il était une sorte de grande cabane et en même temps il était situé sur la montagne. La présence de Dieu reposait sur lui. Dieu assurait ainsi sa protection au peuple et sa bénédiction, par les sacrifices d’animaux, consommés sur place, et par l’aspersion d’eau pour bénéficier de l’abondance des pluies. Enfin, on y faisait aussi, bien sûr, la lecture de la Loi.

Maintenant revenons à Jésus. Comme Moïse et Elie, Jésus monte sur la montagne. Mais là où Moïse avait été ébloui par la lumière de Dieu, ici c’est Jésus lui-même qui est éblouissant. A l’évidence, cela veut dire que Jésus est Dieu. Habillé de blanc, il est aussi prêtre et roi. Le fait que Moïse et Elie l’entourent signifie que ceux qui sont au ciel peuvent voir la face de Dieu, qu’ils résident dans sa lumière et qu’ils sont vivants. Moïse et Elie prophétisent déjà ici la communion des saints.
En présence de Dieu, on est sous sa protection et on reçoit sa bénédiction : on est bien. On est heureux. Et c’est exactement ce que l’on fête durant la fête des Tentes. Saint Pierre a bien compris cela et il voudrait que ce moment dure longtemps :  il veut donc construire des cabanes.
Mais il n’a pas compris que la vraie cabane, sur laquelle va venir reposer la présence de Dieu, la nuée, ce n’est maintenant plus une chose matérielle, mais c’est Jésus, Moïse, Elie, Pierre, Jacques et Jean, tous ensemble : c’est l’Église. C’est pourquoi la nuée vient les prendre tous sous son ombre : ils sont devenus le vrai Temple de Dieu. Et dans ce Temple nouveau, une voix se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ». Jésus est donc lui-même la Loi nouvelle, celle qui est inscrite non pas sur des tables de pierre, mais sur des cœurs de chair : les cœurs des trois Apôtres présents.

Ainsi donc, lors de la Transfiguration de Jésus, ce qui était symbolisé par les cabanes et le Temple, sur lesquels reposaient la présence de Dieu, est maintenant réalisé par l’Église sur laquelle repose la même présence de Dieu : l’Esprit Saint donné à la Pentecôte.
Et la Loi donnée à Moïse est devenue Jésus lui-même, l’Évangile, confié aux Apôtres. Il est inscrit non pas sur des tables de pierre, mais dans leur cœur. La prophétie de la fête des Tentes s’accomplit en Jésus et dans son corps qui est l’Église.
Cela représente un tel changement que – sur le coup – les apôtres n’ont pas compris. D’ailleurs Jésus leur a demandé de se taire. Il faudra attendre sa résurrection pour qu’ils puissent comprendre vraiment ce qu’il s’est passé sur la Montagne sainte. Et voici ce qu’en a écrit saint Pierre dans sa seconde lettre :
« Ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur.
Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. » Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.
Et ainsi se confirme pour nous la parole prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. »

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