dimanche 26 janvier 2020

26 janvier 2020 - GRAY - 3ème dimanche TO - Année A


Is 8,23b-9,3 ; Ps 26 ; 1Co 1,10-13.17 ; Mt 4,12-23

Chers frères et sœurs,

C’est par sa Parole que Dieu nous a créés : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » a-t-il dit, selon le Livre de la Genèse. Puis, prenant de la poussière du sol, il nous a modelés avant de nous insuffler le souffle de vie. Et c’est ainsi que nous sommes devenus des êtres vivants.
Puisque nous sommes formés à l’image de Dieu, nous avons donc un cœur pour aimer, une intelligence pour comprendre et l’usage de la parole pour bénir. Et surtout la liberté. Car si Dieu nous a créés libres comme lui, c’est pour que nous puissions aimer vraiment, de tout notre cœur. Seuls peuvent vraiment aimer ceux qui sont libres.

Mais voilà, le risque de la liberté, c’est que les dons que Dieu nous a fait, nous pouvons les retourner contre lui. Nous pouvons nous servir de notre intelligence pour créer un monde sans Dieu, pour nous inventer des histoires dans lesquelles il n’existe pas, ou pire, qu’il serait mauvais pour nous. Et ainsi, nous pouvons même retourner notre cœur contre lui : haïr Dieu au lieu de l’aimer. C’est le comble du péché.
Alors, si nous avons toujours un cœur et une intelligence comme Dieu, si nous sommes toujours créés à son image, le péché nous a fait perdre notre ressemblance avec lui. Nous sommes défigurés.

C’est la raison pour laquelle Jésus est venu dans notre monde. Il est lui-même la Parole avec laquelle Dieu nous a créé. Il sait bien comment nous sommes : c’est lui qui nous a fait. Il sait bien que nous sommes attirés au mal, par orgueil, et que nous sommes pécheurs. Alors Jésus, lui qui est la Parole de Dieu, nous propose, si nous répondons à son appel comme Pierre et André, Jacques et Jean, de nous recréer encore plus beaux.
En se faisant homme sur la terre, en guérissant nos maladies et nos infirmités, Jésus montre qu’il a la capacité de nous remodeler comme au temps de la première création. Cependant, il ne met pas seulement ses mains dans notre cambouis, mais il vient s’y plonger lui-même tout entier. Jésus c’est Dieu fait homme pour que l’homme soit entièrement recréé et rendu encore plus beaux à la sainteté.
Par son obéissance à son Père, Jésus efface notre désobéissance ; par le don de sa vie sur la croix, il prouve son amour total pour Dieu et il efface nos manques d’amour pour lui. En ressuscitant dans un corps glorieux, en illuminant nos âmes par sa lumière, Jésus nous recrée entièrement pour le royaume de cieux, et nous introduit dans la Terre nouvelle. Ainsi rétablit-il parfaitement notre ressemblance avec Dieu. Et par son Esprit Saint enfin, répandu à la Pentecôte, il insuffle en nous le souffle de la vie éternelle, pour que nous soyons des vivants, des vrais. Nous sommes ainsi entièrement recréés pour aimer, pour comprendre et pour bénir Dieu par toutes les fibres de notre être, dans un rayonnement infini de bonheur et de paix.

Ainsi, chers frères et sœurs, il n’y a personne d’autre que Jésus sur la terre et au ciel qui soit capable de nous réconcilier avec Dieu et de nous faire partager son amour et sa vie éternelle. Si nous voulons vraiment vivre, nous pouvons nous tourner vers lui : nous avons un cœur pour l’aimer, une intelligence pour le comprendre, et la capacité de le bénir. Pour mieux connaître Jésus jusqu’à être unis à lui dans une communion d’amour, les Apôtres et les premiers chrétiens nous ont laissé deux témoignages : les Évangiles et les sacrements de l’Église. Les uns ne vont jamais sans les autres. Si nous nous laissons enseigner et guider par eux, alors, au bout du chemin, nous trouverons Jésus et, dès lors, nous connaîtrons aussi par son Esprit Saint, l’amour de Dieu notre Père. Alors nous serons heureux, totalement heureux, pour l’éternité. Amen.


dimanche 19 janvier 2020

18-19 janvier 2020 - GY - SEVEUX - 2ème dimanche TO - Année A


Is 49,3.5-6 ; Ps 39 ; 1Co 1,1-3 ; Jn 1,29-34

Chers frères et sœurs,

Saint Jean-Baptiste vivait comme un ermite, dans des ruines près du lac de Galilée. Il avait des vêtements en poil de chameau, une ceinture de cuir, et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il baptisait dans le Jourdain, le fleuve qui s’étend du lac de Galilée jusqu’à la Mer-morte. Et beaucoup de monde venait jusqu’à lui.
Son baptême avait deux objectifs. Le premier était de préparer le peuple d’Israël à la venue de Dieu. En se faisant baptiser dans l’eau, les gens voulaient donc retrouver un cœur pur, c’est-à-dire un cœur qui aime Dieu et qui aime son prochain. Le second objectif du baptême de Jean-Baptiste était aussi de révéler Dieu quand il viendrait : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint ». Et celui-là, c’est Jésus. Jésus est Dieu qui se fait homme dans notre monde. Et pour le recevoir, il faut préparer son cœur.

Car la mission de Jean-Baptiste – en plus de préparer les cœurs à la venue de Dieu – était aussi de l’annoncer quand il viendrait : de dire « c’est lui, le voilà ! ». Il fallait donc qu’il sache d’abord le reconnaître : ce qu’il a fait lorsqu’il a vu la colombe descendre sur la tête de Jésus, au moment de son baptême. Ensuite, après l’avoir reconnu, Jean-Baptiste devait donc l’annoncer. C’est ce qu’il a fait lorsqu’il disait : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Et les gens savaient donc que ce Jésus, c’était l’envoyé de Dieu. C’était Dieu lui-même venu dans le monde.
C’est comme cela, par exemple, qu’ayant entendu cette parole, l’Apôtre André, et un autre homme, se sont mis à suivre Jésus pour devenir ses disciples. Ensuite, André est aller chercher son frère Simon, qui est devenu Simon-Pierre, etc.

La parole de Jean-Baptiste « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde », on l’entend dire par le prêtre à chaque messe. C’est au moment où il élève l’hostie consacrée, pour la présenter à tout le monde, avant la communion. C’est pour que tout le monde sache bien, et comprenne bien, que l’hostie consacrée n’est pas du pain – ce n’est même pas du pain béni – c’est beaucoup plus que cela : c’est Jésus lui-même. Lorsqu’on va communier, on va communier à Jésus. Il vient en nous, jusque dans notre cœur, et nous aussi nous sommes dans son cœur : nous sommes en communion.
C’est bien pour cela qu’il faut d’abord être baptisé et avoir un cœur pur – un cœur qui aime Dieu et qui aime son prochain – avant d’aller communier. Parce que la communion, c’est une communion d’amour avec Jésus. C’est une communion d’amour avec Dieu et avec tous ceux qui aiment Dieu et sont aimés de lui, avec tous les saints.

Ainsi, saint Jean-Baptiste est quelqu’un de très important. Il sait reconnaitre Jésus et c’est lui qui indique qui il est à tout le monde. Il est comme un panneau indicateur qui indique Jésus. Et le prêtre, quand il célèbre la messe, fait aussi ce que fait saint Jean-Baptiste : il sait reconnaître Jésus dans l’hostie consacrée, et il l’indique à tout le monde.
Mais nous tous, nous devrions être des saint Jean-Baptiste. Nous devrions savoir reconnaître Jésus pour l’indiquer à tout le monde. Si nous avons été baptisés, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, alors nous avons reçu dans notre cœur l’amour de Dieu, et nous sommes donc capables de le reconnaître, et de le faire connaître.

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur notre Dieu, de nous donner l’Esprit Saint, de plus en plus, pour que nous sachions reconnaître Jésus, l’aimer de tout notre cœur, et le faire aimer autour de nous. Amen.

dimanche 12 janvier 2020

11-12 janvier 2020 - GRAY - MANTOCHE - BAPTÊME DU SEIGNEUR - Année A


Is 42,1-4.6-7 ; Ps 28 ; Ac 10,34-38 ; Mt 3,13-17

Chers frères et sœurs,

Le baptême de Jésus au jourdain, par Jean le baptiste, est un événement très important pour notre foi.

Soulignons d’abord l’incompréhension de Jean-Baptiste. Elle révèle son ignorance de la vraie mission de Jésus. A raison, Jean ne comprend pas pourquoi Jésus aurait besoin d’être baptisé, alors qu’il est pur de tout péché et qu’il est le Messie de Dieu. C’est plutôt lui, Jean, qui devrait être baptisé par Jésus. Pour bien comprendre le fond du problème, il faut revenir au fait que, pour les deux, il s’agit d’un baptême dans le Jourdain.

Or qu’est-ce que le Jourdain ? C’est le fleuve qui sépare le désert de la Terre promise, le fleuve que le peuple d’Israël a franchi, à la suite de l’Arche d’Alliance, sous le commandement de Josué, pour faire la conquête de Jéricho avant de remonter à Jérusalem et de prendre possession de toute la Terre promise autrefois à Abraham.

Lorsque Jean-Baptiste baptise dans le Jourdain, il fait revivre aux Juifs ce passage pour entreprendre une reconquête de la Terre promise, de sorte qu’après avoir été purifiés comme les Pères, ils seraient en capacité de reprendre possession de la Terre, comme autrefois. Dans ce cadre, pour Jean Baptiste, Jésus est comme un nouveau Josué. Et cela est d’autant plus vrai que Jésus et Josué, c’est exactement le même prénom.

Mais Jésus n’a pas la même compréhension de la signification du Jourdain que Jean Baptiste. Pour Jésus, le Jourdain, c’est la mort qui sépare la vie présente de la vie éternelle. Oui, il est bien comme Josué qui guide tous ceux qui le suivent, mais du monde présent à la véritable Terre promise, c’est-à-dire jusqu’au royaume des cieux. Ce Royaume qui accueillera toutes les nations, jusqu’à celles qui habitent les îles lointaines – c’est-à-dire toute l’humanité – comme l’annonçait le prophète Isaïe et que rappelle saint Pierre au Centurion de Césarée.

Là où Jean-Baptiste avait encore une vision de l’Ancien Testament où la Terre promise ne concernait que les Hébreux et se confondait avec la terre d’Israël, Jésus révèle le véritable dessein de Dieu, à savoir que la Terre promise est le Ciel, promis à tous ceux qui le suivent à travers sa mort et sa résurrection.

Maintenant nous pouvons comprendre ce qu’il se passe lors du baptême de Jésus.

Jésus veut être baptisé par Jean parce qu’il a la mission d’être le premier-né d’entre les morts, celui qui ouvre la voie de la résurrection. Et il réalise cela symboliquement en étant baptisé dans le Jourdain. Descendant dans l’eau, il descend dans la mort. Et lorsqu’il en remonte, les cieux s’ouvrent : c’est la résurrection. La résurrection ouvre à la vie éternelle. Cette vie, c’est celle de l’esprit qui est donné – ici comme une colombe. C’est le même Esprit de vie qui est répandu sur les Apôtres à la Pentecôte. Et Dieu le Père proclame enfin : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie ». C’est déjà la fête du Christ-Roi, où Jésus vient prendre possession de son trône à la droite de son Père.
Dans ce baptême de Jésus par Jean, il y a comme un concentré de tous les événements qui vont de la Passion à la glorification de Jésus en passant par la résurrection, l’Ascension, la Pentecôte et le couronnement de Jésus au ciel.

Mais alors, chers frères et sœurs, lorsque nous sommes baptisés, sommes-nous baptisés du baptême de Jean ou du baptême de Jésus ? Du baptême de Jésus, bien sûr !
De la même manière que le peuple Hébreu a suivi Josué à travers le Jourdain pour entrer en Terre promise, nous aussi nous avons suivi Jésus à travers l’eau, pour entrer dans le Royaume de Dieu, et déjà nous y avons reçu la vie éternelle. Et donc, c’est à nous aussi que le Père a dit ce jour-là : « Tu es mon fils – ou ma fille – bien-aimée, en qui je trouve ma joie ».

Heureux sont-ils, les bien-aimés de Dieu !

lundi 6 janvier 2020

04-05 janvier 2020 - BOURGUIGNON-lès-LA CHARITÉ - BUCEY-lès-GY - Épiphanie du Seigneur - Année A


Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12

Chers frères et sœurs,

Comme vous le savez, à une certaine époque, on a voulu faire de cette visite des Mages, un récit légendaire. Rien ne permet d’affirmer cela.
Au contraire, l’apparition de l’étoile est tout à fait plausible : Kepler avait déjà calculé au XVIIe siècle qu’elle pouvait résulter de la conjonction de Saturne et de Jupiter. Des astronomes réputés ont soutenu cette hypothèse en 1981 et en 1994. 
De même, le personnage d’Hérode tel qu’il est décrit par saint Matthieu est parfaitement conforme à ce que d’autres historiens en rapportent par ailleurs. Hérode était obsédé par le maintien de son pouvoir, jusqu’à faire assassiner sa femme et une partie de ses enfants. Qu’il ait donc réagi avec anxiété au moment où les Mages sont venus à Jérusalem rechercher le lieu exact de la naissance du nouveau roi des Juifs, puis voulu les rencontrer secrètement pour en savoir plus, dans l’intention manifeste d’organiser le massacre des innocents – tout cela est parfaitement cohérent. 
Enfin, que ces Mages aient recherché Jésus pour lui faire des présents n’a rien d’extraordinaire en contexte oriental : en l’an 66, par exemple, un dénommé Tiridate, fils bâtard du roi Parthe Vononès, lui-même seigneur de guerre et mage zoroastrien, a traversé tout l’empire Romain jusqu’à Rome, avec une partie de sa famille, d’autres mages et 3.000 cavaliers, pour prêter hommage à Néron récemment divinisé par le Sénat, afin d’être élevé et couronné par lui roi d’Arménie.
Ainsi donc, rien dans ce que nous rapporte saint Matthieu ne semble contraire à la réalité historique. Et c’est là justement que les événements de Bethléem prennent tout leur sens.

On peut lire les choses à deux niveaux. Au premier, l’adoration des Mages est un événement troublant.
En effet, le roi Hérode, considéré par la plupart comme illégitime, régnait par la terreur sur Israël. Si même ses fils et sa femme n’avaient pas trouvé grâce à ses yeux, combien plus ses ministres et autres prêtres devaient-ils lui être totalement soumis. En venant annoncer publiquement à Jérusalem la naissance d’un roi des Juifs, les Mages ont (carrément) mis les pieds dans le plat. D’un côté tous ceux qui étaient asservis à Hérode et à son système devaient être tétanisés de peur de perdre leurs privilèges, de l’autre, ceux qui espéraient une libération tenaient là un formidable étendard. Mais dans un contexte de régime totalitaire, tout mouvement est extrêmement dangereux. On comprend pourquoi Hérode rencontre ensuite les Mages de nuit dans le but caché de faire supprimer l’enfant. Mais on s’en souviendra aussi trente ans plus tard ! Il n’est jamais bon de perturber l’ordre établi.
De leur côté, quelle était la motivation des Mages ? C’est difficile à établir : nul n’en entend plus parler par la suite. Une chose est certaine : pour eux, le motif était tout autant religieux que politique. Car, à cette époque dans ce milieu, tout est lié. Leur adoration de l’enfant Jésus, est un hommage dont ils attendent une reconnaissance y compris politique. C’est à bon droit que l’on peut les appeler les « rois Mages » : en effet, Rois, ils le sont devenus en adorant Jésus. A quoi cela a-t-il pu leur servir ensuite – à part entrer dans le Royaume des Cieux ! – je ne sais pas.

Maintenant nous pouvons lire les événements avec les yeux de saint Matthieu : voilà que des païens, des étrangers représentant une puissance orientale importante, se sont mis à la recherche de Jésus. Ils ont suivi l’étoile, selon leurs connaissances religieuses, que l’on pourrait presque qualifier de « scientifiques » pour l’époque. Ces connaissances les ont conduits à Jérusalem. Pour l’évangéliste, la recherche de Jésus, menée avec droiture et vérité, conduit à la vraie source de connaissance que sont les Écritures, dont les prêtres et les scribes sont les gardiens. Et ceux-ci trouvent dans les Écritures – pour nous l’Ancien Testament – la confirmation du lieu où se trouve Jésus et même davantage le concernant. Pour tous ceux qui cherchent le visage de Jésus, c’est dans les Écritures qu’on peut trouver ce qui le concerne. 
Ensuite, les Mages retrouvent l’étoile qui les guide jusqu’à Jésus lui-même. L’étoile c’est déjà Dieu qui les guide, comme Jésus inconnaissable avait guidé par les Écritures les Pèlerins d’Emmaüs jusqu’à ce qu’ils le reconnaissent. Les Mages adorent Jésus en se prosternant devant lui. À travers eux, dans ce geste, c’est l’univers entier qui s’incline devant Dieu. Car les Mages, en plus de représenter eux-mêmes ou leur nation, représentaient aussi les plus grandes connaissances et notamment celles des lois du cosmos et leurs significations.

Chers frères et sœurs, chercher Jésus avec droiture et dans un esprit de vérité, en y mettant tout son cœur et toute son intelligence, apprendre à le reconnaître dans les Écritures et plus encore dans les Évangiles, tout cela conduit – en suivant l’étoile qui est dans notre cœur – jusqu’à lui. Et alors on finit à genoux. Là, dans une grande lumière, c’est une immense joie de découvrir l’amour de notre Dieu, la communion des saints, notre pauvreté mais en même temps notre incroyable dignité. Tout cela, nous l’avons vécu à notre baptême et nous le revivons à chaque fois que nous rencontrons Jésus. Quand nous l’adorons à genoux, il fait de nous des rois pour le royaume des Cieux.

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