Is 42,1-4.6-7 ; Ps
28 ; Ac 10,34-38 ; Mt 3,13-17
Chers
frères et sœurs,
Le
baptême de Jésus au jourdain, par Jean le baptiste, est un événement très
important pour notre foi.
Soulignons
d’abord l’incompréhension de Jean-Baptiste. Elle révèle son ignorance de la
vraie mission de Jésus. A raison, Jean ne comprend pas pourquoi Jésus aurait
besoin d’être baptisé, alors qu’il est pur de tout péché et qu’il est le Messie
de Dieu. C’est plutôt lui, Jean, qui devrait être baptisé par Jésus. Pour bien
comprendre le fond du problème, il faut revenir au fait que, pour les deux, il
s’agit d’un baptême dans le Jourdain.
Or
qu’est-ce que le Jourdain ? C’est le fleuve qui sépare le désert de la
Terre promise, le fleuve que le peuple d’Israël a franchi, à la suite de
l’Arche d’Alliance, sous le commandement de Josué, pour faire la conquête de
Jéricho avant de remonter à Jérusalem et de prendre possession de toute la
Terre promise autrefois à Abraham.
Lorsque
Jean-Baptiste baptise dans le Jourdain, il fait revivre aux Juifs ce passage
pour entreprendre une reconquête de la Terre promise, de sorte qu’après avoir
été purifiés comme les Pères, ils seraient en capacité de reprendre possession
de la Terre, comme autrefois. Dans ce cadre, pour Jean Baptiste, Jésus est
comme un nouveau Josué. Et cela est d’autant plus vrai que Jésus et Josué,
c’est exactement le même prénom.
Mais
Jésus n’a pas la même compréhension de la signification du Jourdain que Jean
Baptiste. Pour Jésus, le Jourdain, c’est la mort qui sépare la vie présente de
la vie éternelle. Oui, il est bien comme Josué qui guide tous ceux qui le
suivent, mais du monde présent à la véritable Terre promise, c’est-à-dire
jusqu’au royaume des cieux. Ce Royaume qui accueillera toutes les nations,
jusqu’à celles qui habitent les îles lointaines – c’est-à-dire toute l’humanité
– comme l’annonçait le prophète Isaïe et que rappelle saint Pierre au Centurion
de Césarée.
Là
où Jean-Baptiste avait encore une vision de l’Ancien Testament où la Terre
promise ne concernait que les Hébreux et se confondait avec la terre d’Israël,
Jésus révèle le véritable dessein de Dieu, à savoir que la Terre promise est le
Ciel, promis à tous ceux qui le suivent à travers sa mort et sa résurrection.
Maintenant
nous pouvons comprendre ce qu’il se passe lors du baptême de Jésus.
Jésus
veut être baptisé par Jean parce qu’il a la mission d’être le premier-né
d’entre les morts, celui qui ouvre la voie de la résurrection. Et il réalise cela
symboliquement en étant baptisé dans le Jourdain. Descendant dans l’eau, il
descend dans la mort. Et lorsqu’il en remonte, les cieux s’ouvrent : c’est
la résurrection. La résurrection ouvre à la vie éternelle. Cette vie, c’est celle
de l’esprit qui est donné – ici comme une colombe. C’est le même Esprit de vie qui
est répandu sur les Apôtres à la Pentecôte. Et Dieu le Père proclame enfin
: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie ».
C’est déjà la fête du Christ-Roi, où Jésus vient prendre possession de son
trône à la droite de son Père.
Dans
ce baptême de Jésus par Jean, il y a comme un concentré de tous les événements
qui vont de la Passion à la glorification de Jésus en passant par la
résurrection, l’Ascension, la Pentecôte et le couronnement de Jésus au ciel.
Mais
alors, chers frères et sœurs, lorsque nous sommes baptisés, sommes-nous
baptisés du baptême de Jean ou du baptême de Jésus ? Du baptême de Jésus,
bien sûr !
De
la même manière que le peuple Hébreu a suivi Josué à travers le Jourdain pour
entrer en Terre promise, nous aussi nous avons suivi Jésus à travers l’eau,
pour entrer dans le Royaume de Dieu, et déjà nous y avons reçu la vie
éternelle. Et donc, c’est à nous aussi que le Père a dit ce jour-là :
« Tu es mon fils – ou ma fille – bien-aimée, en qui je trouve ma joie ».
Heureux
sont-ils, les bien-aimés de Dieu !