dimanche 12 janvier 2020

11-12 janvier 2020 - GRAY - MANTOCHE - BAPTÊME DU SEIGNEUR - Année A


Is 42,1-4.6-7 ; Ps 28 ; Ac 10,34-38 ; Mt 3,13-17

Chers frères et sœurs,

Le baptême de Jésus au jourdain, par Jean le baptiste, est un événement très important pour notre foi.

Soulignons d’abord l’incompréhension de Jean-Baptiste. Elle révèle son ignorance de la vraie mission de Jésus. A raison, Jean ne comprend pas pourquoi Jésus aurait besoin d’être baptisé, alors qu’il est pur de tout péché et qu’il est le Messie de Dieu. C’est plutôt lui, Jean, qui devrait être baptisé par Jésus. Pour bien comprendre le fond du problème, il faut revenir au fait que, pour les deux, il s’agit d’un baptême dans le Jourdain.

Or qu’est-ce que le Jourdain ? C’est le fleuve qui sépare le désert de la Terre promise, le fleuve que le peuple d’Israël a franchi, à la suite de l’Arche d’Alliance, sous le commandement de Josué, pour faire la conquête de Jéricho avant de remonter à Jérusalem et de prendre possession de toute la Terre promise autrefois à Abraham.

Lorsque Jean-Baptiste baptise dans le Jourdain, il fait revivre aux Juifs ce passage pour entreprendre une reconquête de la Terre promise, de sorte qu’après avoir été purifiés comme les Pères, ils seraient en capacité de reprendre possession de la Terre, comme autrefois. Dans ce cadre, pour Jean Baptiste, Jésus est comme un nouveau Josué. Et cela est d’autant plus vrai que Jésus et Josué, c’est exactement le même prénom.

Mais Jésus n’a pas la même compréhension de la signification du Jourdain que Jean Baptiste. Pour Jésus, le Jourdain, c’est la mort qui sépare la vie présente de la vie éternelle. Oui, il est bien comme Josué qui guide tous ceux qui le suivent, mais du monde présent à la véritable Terre promise, c’est-à-dire jusqu’au royaume des cieux. Ce Royaume qui accueillera toutes les nations, jusqu’à celles qui habitent les îles lointaines – c’est-à-dire toute l’humanité – comme l’annonçait le prophète Isaïe et que rappelle saint Pierre au Centurion de Césarée.

Là où Jean-Baptiste avait encore une vision de l’Ancien Testament où la Terre promise ne concernait que les Hébreux et se confondait avec la terre d’Israël, Jésus révèle le véritable dessein de Dieu, à savoir que la Terre promise est le Ciel, promis à tous ceux qui le suivent à travers sa mort et sa résurrection.

Maintenant nous pouvons comprendre ce qu’il se passe lors du baptême de Jésus.

Jésus veut être baptisé par Jean parce qu’il a la mission d’être le premier-né d’entre les morts, celui qui ouvre la voie de la résurrection. Et il réalise cela symboliquement en étant baptisé dans le Jourdain. Descendant dans l’eau, il descend dans la mort. Et lorsqu’il en remonte, les cieux s’ouvrent : c’est la résurrection. La résurrection ouvre à la vie éternelle. Cette vie, c’est celle de l’esprit qui est donné – ici comme une colombe. C’est le même Esprit de vie qui est répandu sur les Apôtres à la Pentecôte. Et Dieu le Père proclame enfin : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie ». C’est déjà la fête du Christ-Roi, où Jésus vient prendre possession de son trône à la droite de son Père.
Dans ce baptême de Jésus par Jean, il y a comme un concentré de tous les événements qui vont de la Passion à la glorification de Jésus en passant par la résurrection, l’Ascension, la Pentecôte et le couronnement de Jésus au ciel.

Mais alors, chers frères et sœurs, lorsque nous sommes baptisés, sommes-nous baptisés du baptême de Jean ou du baptême de Jésus ? Du baptême de Jésus, bien sûr !
De la même manière que le peuple Hébreu a suivi Josué à travers le Jourdain pour entrer en Terre promise, nous aussi nous avons suivi Jésus à travers l’eau, pour entrer dans le Royaume de Dieu, et déjà nous y avons reçu la vie éternelle. Et donc, c’est à nous aussi que le Père a dit ce jour-là : « Tu es mon fils – ou ma fille – bien-aimée, en qui je trouve ma joie ».

Heureux sont-ils, les bien-aimés de Dieu !

Articles les plus consultés