Is 40,1-5.9-11 ; Ps 103 ; Tt 2,11-14 et 3,4-7 ; Lc 3,15-16.21-22
Chers frères et sœurs,
Nous voici aujourd’hui au bord du Jourdain.
Jean-Baptiste est là, sorti du désert, baptisant les foules pour les préparer à
la rencontre du Messie qui vient, l’Agneau de Dieu qui vient enlever le péché
du monde.
Ce Messie, c’est Jésus, descendant de David,
dont tout le monde connaît de quelle famille il est et dans quelles
circonstances il est né. Souvenons-nous, il est né à la suite de la
manifestation d’une étoile, en fait d’une conjonction très rare de Jupiter et de
Saturne, qui s’était produite par trois fois en l’an -7 et qui était visible de
tout l’Orient. Ayant vu le signe du Grand Roi d’Israël dans le ciel, les mages
étaient venus interroger Hérode, qui s’était fait préciser le lieu de sa
naissance : Bethléem. Et Hérode avait fait tuer tous les enfants... Avant
même de commencer à annoncer le Royaume des cieux, Jésus n’était pas n’importe
qui. Et tout le monde le savait.
Plus que tout le monde, Jean-Baptiste sait tout
cela et, comme tous les membres de sa famille, pétri de la connaissance des
Ecritures, il sait aussi que le Messie, Jésus, va baptiser le peuple dans l’Esprit
Saint et le feu : Jésus est plus grand que lui. Jean-Baptiste sait-il que
Jésus est Dieu-fait-homme ? Peut-être pas, mais au moins est-il persuadé
que Jésus est plus grand qu’un prophète du Seigneur : il est le Messie de
Dieu.
Aussi, est-ce à la surprise générale que Jésus,
d’une part, vient lui-même se faire baptiser par Jean, ce qui perturbe beaucoup
ce dernier ; et que, d’autre-part, au moment même de ce baptême, le ciel
s’ouvre, une colombe descend sur lui et une voix se fait entendre :
« Toi, tu es mon Fils
bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ».
Comprenons ce qui se passe. Personnellement
Jésus n’avait pas besoin d’être baptisé : car il est saint. Mais son corps
de chair, la même chair que la nôtre, elle, avait besoin d’être lavée. Jésus
commence donc par s’humilier devant tout le monde. Mais en accomplissant ce
geste, il encourage évidemment le peuple à l’imiter : que personne n’ait
honte d’être baptisé comme lui.
C’est alors que le Ciel s’ouvre, que l’Esprit
descend et qu’une voix se fait entendre. Jésus n’est jamais seul :
toujours avec lui se trouvent l’Esprit Saint et son Père qui est aux Cieux. La
grande surprise, est que Dieu n’est pas un vieux barbu avec un triangle sur la
tête : Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. Un seul Dieu en trois
personnes, dont Jésus qui se trouve maintenant concrètement avec nous au bord
du Jourdain.
Ce que dit le Père à son Fils, il le dit de
toute éternité et pour toujours : « Tu es mon Fils bien-aimé. En toi je trouve ma joie – la joie de mon
Esprit-Saint ». Et Jésus lui répond de toute éternité et pour toujours :
« Père je te rends grâce – Je te
donne mon Esprit » ; « Que
ton nom « Père-qui-es-au-cieux » soit sanctifié – soit aimé des
hommes et des anges – sur la terre comme au ciel ». Ils n’arrêtent pas
de se dire qu’ils s’aiment, parce que Dieu est Amour. L’Amour n’est pas une
option pour Dieu : il est lui-même l’Amour : l’Amour est sa Vie,
éternellement.
Aujourd’hui donc, au bord du Jourdain, alors
que Jésus sort de l’eau, son Père retire brièvement le voile qui cache Dieu aux
hommes : le ciel s’ouvre. Et nous voyons, avec Jean-Baptiste et le peuple,
que Dieu est Amour, Amour entre le Père et le Fils, entre le Fils et son Père,
et tout cela par l’Esprit Saint.
La surprise de la surprise, c’est que Jésus est
venu pour que nous, qui sommes les pieds dans la terre, nous puissions revenir à
cet Amour éternel de Dieu. Il est venu uniquement pour cela. Surtout pour ceux
qui manquent d’amour, qui en ont faim et soif. Parce que nous avons été créés
par Dieu uniquement pour vivre avec lui dans son Amour.
Comment pouvons-nous entrer maintenant dans l’Amour
de Dieu ? En trois temps. D’abord il faut que nous entrions dans le corps
de Jésus. Nous entrons en lui par le baptême, quand nous sommes baptisés au nom
du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Nous entrons alors dans son propre
baptême qui est un baptême d’eau, mais aussi celui de sa mort et de sa
résurrection. C’est ainsi que nous sommes greffés sur Jésus et que nous passons
avec lui de la terre jusqu’au Ciel.
Il faut ensuite que nous recevions son Esprit
Saint. On le reçoit comme Jésus, juste à la sortie de l’eau du baptême, mais
aussi et surtout à la confirmation ou à la confession. L’Esprit Saint est comme
une pièce de monnaie : pile il est un feu dévorant qui brûle le péché et
l’injustice, et face, il est une douce rosée, une douce chaleur, qui réconforte
le pécheur et le juste et lui donne la paix et la joie.
Ensuite, lorsqu’on est prêt, il faut que Jésus
entre en nous. Que nous soyons en lui et lui en nous, comme il est lui-même
dans le Père et que le Père est en lui. Jésus entre en nous par la communion à
son Corps et à son Sang. Et c’est là que nous recevons pleinement la Vie de
Dieu et que nous sommes véritablement unis à Dieu : au Père, par Jésus,
avec lui et en lui, grâce à l’Esprit Saint, dans l’Amour. Dans une de ses
lettres, saint Paul dit cela : « Ce
n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ! »
Et finalement, ce que dit le Père à
Jésus : « Toi, tu es mon Fils
bien-aimé ; en toi je trouve ma joie ». Il le dit aussi à nous tous,
ses fils et ses filles, qui sont unis à son Fils, par le baptême, la
confirmation et la communion.