mercredi 14 septembre 2016

10-11 septembre 2016 - CHARENTENAY - ANGIREY - 24ème dimanche TO - Année C

Ex 32,7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1Tm 1.12-17 ; Lc 15,1-32

Chers frères et sœurs,

Que ce soit à travers les histoires de Moïse ou de saint Paul, à travers les paraboles de la brebis ou de la pièce d’argent perdues, ou du fils prodigue, l’enseignement du Seigneur est le même. C’est l’histoire du drame de l’homme perdu, qui peut, avec l’aide de la grâce de Dieu, être retrouvé.

Au commencement, il y a toujours le don de Dieu. Pour le peuple hébreu, il y a les promesses d’une terre et d’une descendance, il y a la libération d’Egypte et le don de la Loi au Sinaï. Pour saint Paul, il y a dans son cœur cet amour jaloux pour Dieu, et des études très poussées dans le judaïsme, à l’école d’un des plus grands rabbins de Jérusalem. Pour les brebis, il y a le fait d’avoir un bon berger qui les guide sur de gras pâturages – ce berger, c’est bien sûr le Seigneur. La femme, quant à elle, est propriétaire de dix pièces d’argent : c’est une belle fortune. Et le fils prodigue, il a ce bonheur d’avoir un père bienveillant qui va accepter de lui donner sa part d’héritage pour se lancer dans la vie.
Au commencement de toutes ces histoires, il y a en réalité le rappel que Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance : il y a en l’homme la vocation à vivre éternellement en communion avec Dieu et avec son prochain. Au commencement, il y a toujours le don de Dieu.

Mais voilà, dans tous les cas, il y a un problème. Impatient, le peuple se détourne de Dieu et se met à adorer des idoles. Au nom d’un amour de Dieu mal compris, Paul se met à exercer la violence contre les premiers chrétiens et les persécute. Se croyant sans doute plus maligne que les autres, ou attirée par la gourmandise, une brebis quitte d’elle-même le troupeau et finalement se perd dans la nature. Par négligence, la femme égare une de ses pièces d’argent. Et par bêtise, le fils prodigue dilapide sa fortune dans une vie désordonnée, jusqu’à en mourir de faim.
La leçon est terrible pour l’homme. Il y a en lui quelque chose de faussé – qu’on appelle traditionnellement le « péché originel » - qui ne lui permet pas de répondre à sa vocation. Et quiconque ignore cet handicap ne se rend pas compte qu’il est attiré vers une fausse liberté, qui le retourne contre Dieu, et le conduit lui-même à l’auto-destruction. Combien sont-ils les hommes, et même les baptisés qui, croyant pouvoir vivre librement sans Dieu, en réalité se retrouvent bientôt à vivre contre lui, tout en se dégradant eux-mêmes, et leur entourage avec ?

La bonne nouvelle est que le Seigneur connait cette situation et qu’il n’abandonne pas l’homme à sa dérive. Il se manifeste à Moïse, à qui il fait part de son ressentiment – et même de sa colère – contre son peuple ingrat. Il incite Moïse à prier, à intercéder pour le Peuple, et c’est ainsi que Dieu lui pardonne et lui confirme les promesses. De même, il ne laisse pas saint Paul s’enfermer dans la spirale de la violence : il se manifeste à lui sur la route de Damas. Il lui révèle sa miséricorde et le fait apôtre. Le bon berger n’hésite pas à laisser temporairement ses 99 brebis pour partir à la recherche de la brebis manquante : c’est pour lui une question de dignité. S’il l’avait laissée seule, il ne serait plus le bon berger. Or Dieu est le Dieu fidèle qui pardonne, même les infidélités. De même, la femme n’hésite pas à remuer toute sa maison pour retrouver sa pièce d’argent : il n’y a plus qu’elle qui compte à ses yeux. Et le père du Fils prodigue, voyant que celui-ci essaye maladroitement de revenir à la maison, se précipite vers lui en courant, le couvre de baisers, et le rétablit dans sa dignité de fils.
Vous voyez que, par son amour, Dieu rétablit la situation du commencement, soit parce que l’homme perdu le cherche, soit parce que d’autres hommes prient pour lui, soit parce que Dieu lui-même vient le chercher. Mais dans tous les cas cet homme ouvre les yeux sur sa situation de pécheur et, quand il a vu, il remercie Dieu pour sa miséricorde et sa confiance renouvelée.

Il reste une étape : la dernière. On voit que le bon berger et la femme rassemblent leurs amis pour faire la fête. Et le père du fils prodigue organise également une fête. Mais voilà que le frère aîné est jaloux. Il en est resté à l’étape 2 : il ne voit pas, il ne comprend pas, il se croit juste par lui-même, tout seul. Et il se perd à son tour. Il faut que le Père lui rappelle son amour qui est de toujours, pour le calmer, en espérant qu’il comprenne, qu’il accepte, et soit sauvé à son tour.

Chers frères et sœurs, seul l’amour fait voir la vraie réalité des choses. C’est un amour que nous n’avons pas en nous-mêmes, mais que nous devons recevoir de la seule vraie source d’amour qui est Dieu. Par Jésus et par son Esprit Saint, cette source nous est rendue accessible. Il ne dépend que de nous de vouloir y manger et y boire. Et d’en remercier le Seigneur. Amen.

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