Jr 38,4-6.8-10 ; Ps 39 ; Hb
12,1-4 ; Lc 12,49-53
Chers frères et sœurs,
Que
se passe-t-il à Jérusalem ? L’histoire de Jérémie que nous avons entendue
se passe en 586 avant Jésus-Christ, quelques semaines avant la prise de la
ville par Nabuchodonosor. Cela fait quarante ans que Jérémie prophétise la
chute de Jérusalem, dans l’espérance que la catastrophe pourrait être évitée si
le peuple renonçait à ses idoles et se tournait enfin vers le Seigneur.
Devant
la menace du roi de Babylone, les princes d’Israël avaient joué la carte du
Pharaon d’Egypte pour défendre le pays. Et effectivement, celui-ci avait déjà
brisé une première attaque. Mais cette fois-ci, alors que le siège de Jérusalem
dure depuis déjà deux ans, les Egyptiens ne sont pas venus. Jérémie a annoncé
que ceux qui se rendraient auraient la vie sauve, tandis que la ville serait
malgré tout détruite. Voilà pourquoi les princes l’accusent de démoraliser les
combattants et les habitants. Et il se retrouve aussitôt au trou, dans une
citerne boueuse, sans avoir, ni à manger, ni à boire.
Si
ce texte a été choisi comme lecture aujourd’hui, c’est pour nous rappeler qu’en
tout lieu et jusqu’au fond de l’abîme du désespoir, lorsque nous nous tournons
vers le Seigneur, le Seigneur entend l’appel de notre prière et le cri de notre
détresse. De la même manière que le prophète Jérémie est tiré de sa citerne, de
la même manière le peuple d’Israël sera tiré de son exil à Babylone. Il retrouvera
un jour Jérusalem et il rebâtira le Temple du Seigneur.
La
prière des fils de Dieu n’est jamais vaine. Mais c’est le Seigneur qui décide
du jour et de la manière de la réalisation de ses promesses.
Le
rédacteur de la Lettre aux Hébreux
nous invite à ne pas nous décourager devant l’hostilité des pécheurs, et Jésus
nous dit qu’il est venu apporter un feu sur la terre, que cela sèmera la
division et que l’on se disputera même en famille. Cela nous fait un peu
bizarre, nous qui sommes habituellement des gens pacifiques. Qu’y a-t-il
derrière ces paroles ?
Nous
avons été baptisés, prêtres, prophètes et rois. Nous sommes prophètes comme
Jérémie et nous avons à dire aux gens ce que, souvent, ils n’ont pas envie
d’entendre. Par exemple, qu’ils sont appelé à se convertir pour vivre heureux
et devenir des saints.
Pour
nous, il s’agit d’abord d’être fidèles au témoignage de la résurrection de
Jésus. Rien que cela, avec toutes les conséquences que cela entraîne, suscite
autour de nous des moqueries, du mépris, parfois une opposition violente, et
même aujourd’hui – comme nous l’avons vu à Rouen – la mort.
Nous
sommes un peuple de prophètes, nous les baptisés, qui annonçons au monde la
résurrection de Jésus. C’est pourquoi nous avons les yeux fixés sur lui,
attendant impatiemment sa venue. Nous savons qu’il est passé par la croix et
que la croix est la porte de la vie si nous y passons avec lui. Et nous n’avons
pas peur des injures, si nous les endurons aussi avec lui.
Jésus
est venu apporter un feu, c’est-à-dire, l’Esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu,
l’Esprit Saint est comme une pièce avec un côté pile et un côté face. Côté
pile, l’Esprit Saint est un détergent qui nettoie les taches du péché. Et même
plus : comme le feu, il porte le métal à son point de fusion, et il le purifie
de toutes ses scories et ses impuretés. Il y a incompatibilité totale entre
l’Esprit Saint et le péché. On ne peut pas voir Dieu sans mourir car la
sainteté de Dieu est telle qu’elle éblouit les yeux des pécheurs, elle les
brûle comme le soleil. Seuls les cœurs purs peuvent voir Dieu, et ils sont
bienheureux.
Et
côté face, l’Esprit Saint est comme la rosée du matin, comme une douce chaleur
qui prend toute notre âme et tout notre corps pour le régénérer, parfois même pour
le guérir. Esprit Saint, douce paix et joie profonde que seul le Seigneur peut
donner à ceux qu’il aime.
Nous
n’avons pas plus bel exemple de femme habitée par l’Esprit Saint que la
Bienheureuse Vierge Marie, que nous fêterons avec jubilation demain. Acquérir
l’Esprit Saint, le feu de Jésus, c’est déjà entrer dans la gloire de son amour.
Et ce n’est pas réservé qu’aux femmes ! Amen.