Ac 3,13-15.17-19 ;
Ps 4 ; 1Jn 2,1-5a ; Lc 24,35-48
Chers
frères et sœurs,
Les
Apôtres, comme les disciples d’Emmaüs, comme tous les juifs de Jérusalem,
étaient naturellement persuadés de deux choses :
La
première : que Jésus était vraiment mort et, par conséquent, que toutes
les espérances qui avaient été fondées sur lui étaient mortes avec lui. On
pense ici à toutes celles et ceux qui avaient lié leur vie à celle de Jésus.
D’une certaine manière, eux aussi étaient comme morts avec lui : ils étaient
désespérés.
La
seconde chose dont tous étaient également convaincus, était que le Messie
d’Israël ne pouvait pas mourir de cette façon, sur une croix. Et ce d’autant
plus qu’en Israël, mourir sur une croix était un signe de malédiction. De fait,
cette mort terrible semblait donner raison à tous ceux qui n’aimaient pas
Jésus. Ainsi, les Apôtres et les disciples étaient-ils doublement effondrés :
avaient-ils donc suivi un faux Messie ? Leur foi était ébranlée, leur âme était
perdue dans les ténèbres.
Saint
Luc nous relate aujourd’hui la rencontre de Jésus avec ses Apôtres au Cénacle.
Évidemment, ils sont complètement stupéfiés par cet événement humainement
impossible : Jésus, qui était mort, se trouve là, réellement vivant et
corporellement présent devant eux.
Observons
avec soin que Jésus répond exactement aux deux certitudes évoquées précédemment.
D’abord, Jésus prouve à ses Apôtres qu’il est réellement et corporellement vivant :
il leur montre sa chair et ses os, ses mains et ses pieds, transpercés par les
clous. Et comme ils sont encore sous le choc et n’arrivent toujours pas à y
croire, il mange du poisson grillé devant eux.
Ensuite,
Jésus répond au grave problème de la malédiction de sa mort en croix. Pour
cela, il relit avec eux la Loi de Moïse – c’est-à-dire la Torah, puis les
Prophètes et les Psaumes, c’est-à-dire toutes les Écritures. Et il leur montre
qu’elles avaient annoncé – comme dit saint Luc – « que le Christ
souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que
la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes
les nations, en commençant par Jérusalem ». C’est-à-dire que la
première preuve que Jésus est bien le Messie sauveur d’Israël, est que les
Écritures avaient déjà annoncé sa terrible mort et sa résurrection. Jésus
n’abolit pas du tout les Écritures, mais il vient les accomplir : il vient
les réaliser. Les Écritures et Jésus sont inséparables.
Or
Jésus termine son propos par : « À vous d’en être les témoins. »
La seconde preuve que Jésus est bien le Messie d’Israël est le groupe des
Apôtres, qui ont été témoins de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.
Ainsi
donc, pour croire que Jésus est vivant et qu’il est vraiment le Messie sauveur
pour tous les hommes, il faut tenir en même temps : les Écritures – que
nous appelons à tort « l’Ancien Testament » – et le témoignage des
Apôtres sur la vie de Jésus, c’est-à-dire l’unique Évangile, mis par écrit par
quatre rédacteurs différents et complémentaires : Matthieu, Marc, Luc et
Jean.
Et
c’est ainsi que nous retrouvons saint Pierre – dans la première lecture –
s’adressant au peuple, et lui expliquant d’une part que « Dieu a
accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les
prophètes : que le Christ, son Messie souffrirait » et d’autre
part que les Apôtres s’affirment désormais comme les témoins de la Passion et
de la Résurrection de Jésus.
Le
résultat de cette annonce ne se fera pas attendre : les Apôtres seront
immédiatement arrêtés par la garde du Temple, mais d’après saint Luc, plus de
cinq mille hommes – sans compter les femmes et les enfants – devinrent croyants
à cette occasion.
Ainsi
donc, chers frères et sœurs, pour nous qui vivons plus de 2000 ans après ces
événements et qui avons hérité par nos parents de la foi en Jésus-Christ,
lorsque nous sommes bouleversés et confrontés au doute, qu’il nous semble que
Jésus s’éloigne et que les ténèbres nous gagnent, écoutons la voix des
Écritures, notamment dans les Psaumes, et écoutons le témoignage des Apôtres, qui
nous sont peut-être plus familiers. Ils ont tout quitté et tout donné pour que
nous puissions entendre l’Évangile aujourd’hui : Jésus est vraiment le
Messie annoncé, le sauveur de tous les hommes, car il était mort, et
maintenant, il est vraiment ressuscité. Alléluia !