Ac
10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9
Chers
frères et sœurs,
Il
est possible de parler pendant des heures le jour de Pâques à l’occasion de la
Résurrection de Jésus. Mais je vais me limiter à trois observations.
La
prédication de saint Pierre au centurion est un véritable catéchisme. Mieux
encore, il s’agit de l’exposé de la foi de Pierre. Or nous savons que Jésus l’a
appelé « Pierre », justement parce que c’est sur sa foi – la foi de
Pierre – que Jésus a voulu bâtir son Église. Nous tous, nous appartenons à
l’Église parce que nous avons la même foi que celle de Pierre.
Mais,
chers frères et sœurs – à votre avis – comment Jésus a-t-il appelé Pierre
« Pierre » ? Certainement pas en français, n’est-ce pas ?
Ni en latin : « Petrus », ni même en grec :
« Képhas ». Non, Jésus a dû l’appeler « Pierre », en
hébreu. Il l’a donc appelé « Eben ». Or, le Bon Dieu aime beaucoup
les jeux de mots. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament en sont remplis.
Et justement, « Eben » forme un jeu de mots assez classique avec
« Ben », qui veut dire « fils ». Ainsi Pierre, est en même
temps Pierre fondatrice de l’Église et fils de Dieu. Et par extension, tous
ceux qui confessent la foi de Pierre, peuvent être aussi appelés à bon droit comme
lui fils de Dieu.
Saint
Paul nous dit, en parlant de notre baptême : « Vous êtes passés
par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra
le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. »
En effet, lorsque nous venons d’être baptisés, nous ne voyons pas une grande
différence avec ce que nous étions juste avant, sauf qu’on est devenu baptisés.
Est-ce que c’est comme pour le permis de conduire : avant on n’est pas
conducteur, après on est conducteur, sans qu’on ait changé en quoi que ce soit entre
les deux ? Non, avec le baptême c’est exactement l’inverse : on a
réellement changé entre avant et après, mais cela ne se voit pas. Vous me
direz : le Bon Dieu est bon magicien dans cette affaire !
Mais
non, revenons à la Transfiguration de Jésus. Croyez vous que Jésus ait changé
entre avant la Transfiguration et pendant la Transfiguration ? Est-ce
qu’il s’est allumé comme une ampoule ? Non : Jésus est toujours le
même : Dieu et homme. Il ne change pas. En fait il est toujours lumineux.
Sauf qu’en temps normal, les hommes ne le voient pas. C’est uniquement
lorsqu’ils sont – comme Pierre, Jacques et Jean sur la Montagne – illuminés par
l’Esprit Saint, qu’ils peuvent voir comment est Jésus réellement.
Il
en va de même pour nous qui sommes baptisés : si l’Esprit Saint illuminait
notre âme, alors nos yeux pourraient voir comment nous sommes réellement.
C’est-à-dire, comme dit saint Paul, glorieux, comme le Jésus ressuscité. Vous
voyez, le baptême, ce n’est pas un « permis d’être chrétien », c’est
une consécration, comme quand le prêtre consacre le pain et le vin qui
deviennent le corps et le sang de Jésus. C’est pareil. Parfois, le Seigneur
donne la grâce – comme pour Pierre, Jacques et Jean, mais aussi Moïse et Elie –
de voir la gloire de Dieu. Et c’est une bénédiction.
Lorsque
saint Jean raconte la visite de Marie-Madeleine au tombeau, puis celle de
Pierre et du disciple qui l’accompagnait – c’est-à-dire lui-même – il n’arrête
pas de donner des détails, comme s’il voulait que nous puissions voir avec ses
yeux, pour que comme lui nous croyions. Cela me conduit à deux remarques. La
première est que la foi repose sur une histoire très concrète. Elle n’est pas
une philosophie, ni des idées nées d’une réflexion personnelle, ni une
déduction, ni même un pari. La foi se reçoit comme une histoire qu’on croit ou
qu’on ne croit pas. Justement, pour croire, pour passer du témoignage à la foi,
il faut la vérité. Il faut que l’histoire racontée soit authentique et que les
témoins soient véridiques. Or la vérité qui donne de croire, c’est le Seigneur
lui-même. Il y a une petite création dans l’âme de l’homme quand il passe du
témoignage à la foi, par la vérité. Saint Jean dit « il vit et il crut »
comme Dieu a dit au premier jour de la création : « que la lumière
soit, et la lumière fut ». C’est Dieu qui nous donne la foi.
C’est
ainsi, pour conclure, que nous les chrétiens, qui portons invisiblement en
nous-mêmes la lumière de la gloire de Dieu depuis notre baptême, la lumière de
la résurrection de Jésus, il nous revient de transmettre avec fidélité le
témoignage de Pierre, pour qu’avec lui nous soyons de véritables fils de Dieu, et
surtout pour que nous permettions à ceux qui entendront ce témoignage de
vérité, de devenir à leur tour, par le baptême, fils de Dieu dans sa lumière.