mardi 6 avril 2021

04 avril 2021 - FRASNE-LE-CHÂTEAU - Messe du Jour de la Résurrection du Seigneur - Année B

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9
 
Chers frères et sœurs,
 
Il est possible de parler pendant des heures le jour de Pâques à l’occasion de la Résurrection de Jésus. Mais je vais me limiter à trois observations.
 
La prédication de saint Pierre au centurion est un véritable catéchisme. Mieux encore, il s’agit de l’exposé de la foi de Pierre. Or nous savons que Jésus l’a appelé « Pierre », justement parce que c’est sur sa foi – la foi de Pierre – que Jésus a voulu bâtir son Église. Nous tous, nous appartenons à l’Église parce que nous avons la même foi que celle de Pierre.
Mais, chers frères et sœurs – à votre avis – comment Jésus a-t-il appelé Pierre « Pierre » ? Certainement pas en français, n’est-ce pas ? Ni en latin : « Petrus », ni même en grec : « Képhas ». Non, Jésus a dû l’appeler « Pierre », en hébreu. Il l’a donc appelé « Eben ». Or, le Bon Dieu aime beaucoup les jeux de mots. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament en sont remplis. Et justement, « Eben » forme un jeu de mots assez classique avec « Ben », qui veut dire « fils ». Ainsi Pierre, est en même temps Pierre fondatrice de l’Église et fils de Dieu. Et par extension, tous ceux qui confessent la foi de Pierre, peuvent être aussi appelés à bon droit comme lui fils de Dieu.
 
Saint Paul nous dit, en parlant de notre baptême : « Vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. » En effet, lorsque nous venons d’être baptisés, nous ne voyons pas une grande différence avec ce que nous étions juste avant, sauf qu’on est devenu baptisés. Est-ce que c’est comme pour le permis de conduire : avant on n’est pas conducteur, après on est conducteur, sans qu’on ait changé en quoi que ce soit entre les deux ? Non, avec le baptême c’est exactement l’inverse : on a réellement changé entre avant et après, mais cela ne se voit pas. Vous me direz : le Bon Dieu est bon magicien dans cette affaire !
Mais non, revenons à la Transfiguration de Jésus. Croyez vous que Jésus ait changé entre avant la Transfiguration et pendant la Transfiguration ? Est-ce qu’il s’est allumé comme une ampoule ? Non : Jésus est toujours le même : Dieu et homme. Il ne change pas. En fait il est toujours lumineux. Sauf qu’en temps normal, les hommes ne le voient pas. C’est uniquement lorsqu’ils sont – comme Pierre, Jacques et Jean sur la Montagne – illuminés par l’Esprit Saint, qu’ils peuvent voir comment est Jésus réellement.
Il en va de même pour nous qui sommes baptisés : si l’Esprit Saint illuminait notre âme, alors nos yeux pourraient voir comment nous sommes réellement. C’est-à-dire, comme dit saint Paul, glorieux, comme le Jésus ressuscité. Vous voyez, le baptême, ce n’est pas un « permis d’être chrétien », c’est une consécration, comme quand le prêtre consacre le pain et le vin qui deviennent le corps et le sang de Jésus. C’est pareil. Parfois, le Seigneur donne la grâce – comme pour Pierre, Jacques et Jean, mais aussi Moïse et Elie – de voir la gloire de Dieu. Et c’est une bénédiction.
 
Lorsque saint Jean raconte la visite de Marie-Madeleine au tombeau, puis celle de Pierre et du disciple qui l’accompagnait – c’est-à-dire lui-même – il n’arrête pas de donner des détails, comme s’il voulait que nous puissions voir avec ses yeux, pour que comme lui nous croyions. Cela me conduit à deux remarques. La première est que la foi repose sur une histoire très concrète. Elle n’est pas une philosophie, ni des idées nées d’une réflexion personnelle, ni une déduction, ni même un pari. La foi se reçoit comme une histoire qu’on croit ou qu’on ne croit pas. Justement, pour croire, pour passer du témoignage à la foi, il faut la vérité. Il faut que l’histoire racontée soit authentique et que les témoins soient véridiques. Or la vérité qui donne de croire, c’est le Seigneur lui-même. Il y a une petite création dans l’âme de l’homme quand il passe du témoignage à la foi, par la vérité. Saint Jean dit « il vit et il crut » comme Dieu a dit au premier jour de la création : « que la lumière soit, et la lumière fut ». C’est Dieu qui nous donne la foi.
 
C’est ainsi, pour conclure, que nous les chrétiens, qui portons invisiblement en nous-mêmes la lumière de la gloire de Dieu depuis notre baptême, la lumière de la résurrection de Jésus, il nous revient de transmettre avec fidélité le témoignage de Pierre, pour qu’avec lui nous soyons de véritables fils de Dieu, et surtout pour que nous permettions à ceux qui entendront ce témoignage de vérité, de devenir à leur tour, par le baptême, fils de Dieu dans sa lumière.

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