Ac
1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20
Chers
frères et sœurs,
Que
signifie l’Ascension de Jésus ? Si nous mettons notre nez sur
l’événement : « Jésus monte au ciel », nous ne comprenons pas.
Et même nous pouvons trouver cela complètement mythique. En revanche, si nous
prenons un peu de recul, pour prendre en considération tout le temps qui va de
Pâques à Pentecôte, alors nous avons plus de chances de comprendre de quoi il
s’agit.
Nous
pouvons distinguer quatre étapes : la première est celle de la
Résurrection, la seconde celle des quarante jours des apparitions, la troisième
celle de l’Ascension de Jésus à la droite du Père et la quatrième est celle du
don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Quarante est le chiffre-clé qui doit
immédiatement nous faire penser aux quarante ans des Hébreux dans le désert,
après la libération d’Égypte, ou aux quarante jours qu’une femme attend pour
fêter ses relevailles après la naissance d’un garçon et le présenter au Temple
pour faire une offrande. Marie et Joseph ont fait cela pour Jésus : c’est
la fête de la Présentation au Temple, qui a justement lieu quarante jours après
Noël. Il y a un lien très fort entre l’Ascension et la Présentation au Temple.
Ainsi
la libération d’Égypte et la naissance de l’enfant correspondent à la
résurrection de Jésus. Ensuite, les quarante ans de marche dans le désert comme
les quarante jours de purification pour la mère correspondent aux quarante
jours des Apparitions, où Jésus a éprouvé et purifié la foi de ses Apôtres.
Arrive
alors la quarantième année ou le quarantième jour. Au désert, c’est la montée
de Moïse au Sinaï, à travers les nuées, pour y rencontrer le Seigneur, tandis
que le peuple reste au pied de la montagne ; au Temple, c’est l’offrande présentée
par le prêtre pour le rachat de l’enfant premier-né.
Nous
nous souvenons qu’à sa venue au Temple, Jésus a d’abord été accueilli par
Syméon et Anne, qui ont exulté de joie. Il en va de même à l’Ascension : lors
de la montée de Jésus vers le Père, par-delà la nuée il a été accueilli par
l’exultation des anges. C’est ce que nous avons entendu dans le psaume.
Il
se passe ensuite toujours un petit temps avant la dernière étape, temps
mystérieux qui se passe sur la montagne tandis que Moïse demeure en présence de
Dieu ; ou dans le Temple tandis que le prêtre présente l’offrande dans le
sanctuaire ; ou dans le ciel lorsque Jésus présente son humanité – qui est
aussi la nôtre – en offrande à son Père. C’est le temps du cénacle, qui est un
temps d’attente pour le peuple d’Israël, pour les parents de l’enfant et pour
les Apôtres, bien sûr.
Et
arrive la dernière étape : Moïse ayant reçu les Tables de la Loi redescend
les porter au Peuple, qui grâce à cette Loi, est désormais vraiment devenu le
Peuple de Dieu ; de même l’offrande ayant été faite au Temple, les parents
et l’enfant racheté sont bénis par le prêtre et peuvent mener une vie familiale
sainte. Et pour les Apôtres, c’est la Pentecôte, où Dieu répand sa bénédiction
pour qu’ils deviennent l’Église et que cette Église mène une vie sainte dans le
monde.
L’Ascension
est donc une étape nécessaire sans laquelle il est impossible que le peuple
sorti d’Égypte puisse devenir le Peuple de Dieu, par le don de la Loi, si Moïse
ne monte pas sur la montagne ; Il
est impossible que l’enfant nouveau-né puisse être racheté et béni par le
Seigneur, si le prêtre n’offre pas l’offrande du sacrifice ; et il est
impossible que le groupe des disciples puisse devenir la sainte Église, si
Jésus ne monte pas au ciel pour prier son Père de répandre sur eux le don du
Saint Esprit.
Ainsi
l’Ascension est une montée de Jésus, une offrande de lui-même, pour obtenir de son
Père, d’abord le rachat de notre humanité pécheresse, son entrée dans le ciel
et sa glorification, « par lui, avec lui et en lui » ; et ensuite
pour obtenir du Père le don de l’Esprit Saint, la Loi nouvelle qui accomplit la
Loi ancienne, don qui constitue, structure et vivifie l’Église, accomplissement
du Peuple d’Israël et communion des saints.
Ces
événements ne sont pas du passé : nous les revivons à chaque messe. En
effet, les quatre temps se retrouvent dans la prière eucharistique : Le
premier – celui de la libération, de la nouvelle naissance et de la résurrection
– est le moment où après que le pain et le vin ont été consacrés, nous chantons
: « Il est grand le mystère de la foi – nous proclamons ta résurrection ».
Le
second temps, celui des quarante jours d’épreuve, de purification et des
apparitions est celui de la prière pour l’offrande du Corps et du Sang du
Christ, pour les vivants et défunts, pour l’Église et notre entrée dans la
communion des saints. Cette prière se termine par l’élévation et l’offrande du
Corps et du Sang de Jésus, quand le prêtre dit : « Par lui, avec lui
et en lui, à toi Dieu le Père tout puissant, tout honneur et toute gloire, pour
les siècles des siècles ». C’est le moment de l’Ascension. Et le peuple
qui assiste à cette offrande, comme les Apôtres, dit « Amen ! ».
Vient
ensuite le temps du Cénacle, temps d’attente où nous disons le Notre-Père, où
nous prions avec insistance : « Donne-nous la paix ». Et
justement, à l’issue de cette attente, le Seigneur répond et donne sa
bénédiction : la loi nouvelle de l’Esprit Saint qui fait l’Église,
c’est-à-dire pour nous la communion. C’est la Pentecôte d’aujourd’hui.