dimanche 16 mai 2021

13 mai 2021 - CHARGEY-lès-GRAY - Ascension du Seigneur - Année B

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Que signifie l’Ascension de Jésus ? Si nous mettons notre nez sur l’événement : « Jésus monte au ciel », nous ne comprenons pas. Et même nous pouvons trouver cela complètement mythique. En revanche, si nous prenons un peu de recul, pour prendre en considération tout le temps qui va de Pâques à Pentecôte, alors nous avons plus de chances de comprendre de quoi il s’agit.
Nous pouvons distinguer quatre étapes : la première est celle de la Résurrection, la seconde celle des quarante jours des apparitions, la troisième celle de l’Ascension de Jésus à la droite du Père et la quatrième est celle du don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Quarante est le chiffre-clé qui doit immédiatement nous faire penser aux quarante ans des Hébreux dans le désert, après la libération d’Égypte, ou aux quarante jours qu’une femme attend pour fêter ses relevailles après la naissance d’un garçon et le présenter au Temple pour faire une offrande. Marie et Joseph ont fait cela pour Jésus : c’est la fête de la Présentation au Temple, qui a justement lieu quarante jours après Noël. Il y a un lien très fort entre l’Ascension et la Présentation au Temple.
 
Ainsi la libération d’Égypte et la naissance de l’enfant correspondent à la résurrection de Jésus. Ensuite, les quarante ans de marche dans le désert comme les quarante jours de purification pour la mère correspondent aux quarante jours des Apparitions, où Jésus a éprouvé et purifié la foi de ses Apôtres.
Arrive alors la quarantième année ou le quarantième jour. Au désert, c’est la montée de Moïse au Sinaï, à travers les nuées, pour y rencontrer le Seigneur, tandis que le peuple reste au pied de la montagne ; au Temple, c’est l’offrande présentée par le prêtre pour le rachat de l’enfant premier-né.
Nous nous souvenons qu’à sa venue au Temple, Jésus a d’abord été accueilli par Syméon et Anne, qui ont exulté de joie. Il en va de même à l’Ascension : lors de la montée de Jésus vers le Père, par-delà la nuée il a été accueilli par l’exultation des anges. C’est ce que nous avons entendu dans le psaume.
Il se passe ensuite toujours un petit temps avant la dernière étape, temps mystérieux qui se passe sur la montagne tandis que Moïse demeure en présence de Dieu ; ou dans le Temple tandis que le prêtre présente l’offrande dans le sanctuaire ; ou dans le ciel lorsque Jésus présente son humanité – qui est aussi la nôtre – en offrande à son Père. C’est le temps du cénacle, qui est un temps d’attente pour le peuple d’Israël, pour les parents de l’enfant et pour les Apôtres, bien sûr.
Et arrive la dernière étape : Moïse ayant reçu les Tables de la Loi redescend les porter au Peuple, qui grâce à cette Loi, est désormais vraiment devenu le Peuple de Dieu ; de même l’offrande ayant été faite au Temple, les parents et l’enfant racheté sont bénis par le prêtre et peuvent mener une vie familiale sainte. Et pour les Apôtres, c’est la Pentecôte, où Dieu répand sa bénédiction pour qu’ils deviennent l’Église et que cette Église mène une vie sainte dans le monde.
 
L’Ascension est donc une étape nécessaire sans laquelle il est impossible que le peuple sorti d’Égypte puisse devenir le Peuple de Dieu, par le don de la Loi, si Moïse ne monte pas sur la montagne ;  Il est impossible que l’enfant nouveau-né puisse être racheté et béni par le Seigneur, si le prêtre n’offre pas l’offrande du sacrifice ; et il est impossible que le groupe des disciples puisse devenir la sainte Église, si Jésus ne monte pas au ciel pour prier son Père de répandre sur eux le don du Saint Esprit.
Ainsi l’Ascension est une montée de Jésus, une offrande de lui-même, pour obtenir de son Père, d’abord le rachat de notre humanité pécheresse, son entrée dans le ciel et sa glorification, « par lui, avec lui et en lui » ; et ensuite pour obtenir du Père le don de l’Esprit Saint, la Loi nouvelle qui accomplit la Loi ancienne, don qui constitue, structure et vivifie l’Église, accomplissement du Peuple d’Israël et communion des saints.
 
Ces événements ne sont pas du passé : nous les revivons à chaque messe. En effet, les quatre temps se retrouvent dans la prière eucharistique : Le premier – celui de la libération, de la nouvelle naissance et de la résurrection – est le moment où après que le pain et le vin ont été consacrés, nous chantons : « Il est grand le mystère de la foi – nous proclamons ta résurrection ».
Le second temps, celui des quarante jours d’épreuve, de purification et des apparitions est celui de la prière pour l’offrande du Corps et du Sang du Christ, pour les vivants et défunts, pour l’Église et notre entrée dans la communion des saints. Cette prière se termine par l’élévation et l’offrande du Corps et du Sang de Jésus, quand le prêtre dit : « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout puissant, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles ». C’est le moment de l’Ascension. Et le peuple qui assiste à cette offrande, comme les Apôtres, dit « Amen ! ».
Vient ensuite le temps du Cénacle, temps d’attente où nous disons le Notre-Père, où nous prions avec insistance : « Donne-nous la paix ». Et justement, à l’issue de cette attente, le Seigneur répond et donne sa bénédiction : la loi nouvelle de l’Esprit Saint qui fait l’Église, c’est-à-dire pour nous la communion. C’est la Pentecôte d’aujourd’hui.

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