dimanche 16 mai 2021

15-16 mai 2021 - VILLERS-VAUDEY - GY - 7ème dimanche de Pâques - Année B

Ac 1,15-17.20a.20c-26 ; Ps 102 ; 1Jn 4,11-16 ; Jn 17,11b-19
 
Chers frères et sœurs,
 
La prière de Jésus, que nous venons d’entendre, dépasse de beaucoup notre compréhension. Mais nous pouvons quand même essayer d’expliquer deux-trois choses.
 
Au début, Jésus prie son Père de nous garder unis dans son Nom, pour que nous soyons Un comme lui et son Père. C’est par le baptême que cette prière est exaucée : car ils sont Un tous ceux qui sont baptisés « au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Être unis dans le Nom de Dieu, à la prière de Jésus, c’est demeurer en communion les uns avec les autres.
Jésus explique ensuite qu’il a veillé sur ses disciples et qu’aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte. C’est-à-dire Judas. Voilà qui est mystérieux : comment peut-on échapper ainsi à la prière de Jésus, à la volonté du Père, qui désire que nous soyons en communion avec lui et les uns avec les autres ? Le renoncement de Judas apporte la preuve que nous sommes libres, y compris et surtout devant Dieu. Ils n’ont rien compris à la foi chrétienne ceux qui croient que nous sommes esclaves de dogmes. Nous sommes absolument libres. Libres de suivre le Christ et de demeurer unis dans son Nom, et libres de l’abandonner. Mais alors libres aussi d’aller à notre perte.
Ainsi, est-ce que la prière de Jésus à son Père pourrait ne pas être exaucée ? Qu’en est-il de ceux qui ont été unis à Dieu par le baptême et qui sont partis ? Jésus termine sa phrase : « de sorte que l’Écriture soit accomplie ». La trahison de Judas avait été prophétisée par les Écritures : elle est contenue dans les Écritures. Cela peut signifier que même la brebis perdue ne le serait pas totalement, et qu’il y a toujours un chemin connu de Dieu, qui permettrait que la brebis puisse retrouver la communion. Ainsi, un baptisé, même apostat, demeure-t-il toujours sous le regard du Seigneur et je ne pense pas que le Seigneur puisse l’oublier.
 
Jésus prie ainsi pour que ses disciples « aient en eux [sa] joie, et qu’ils en soient comblés ». La joie dont parle Jésus, c’est l’Esprit Saint. Il prie pour que nous soyons comblés de l’Esprit Saint, et que notre cœur soit débordant de joie. Cependant Jésus est conscient que cette joie se heurte à la haine du monde : « Moi je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine. » La Parole que Jésus a donné à ses disciples, c’est lui-même, sa vie et son enseignement. Quand on ne fait qu’un avec le Christ par le baptême, lorsqu’on vit dans la connaissance de Jésus et qu’on est appelé chrétien, c’est alors que les ennuis commencent.
Jésus explique que ses disciples n’appartiennent pas au monde : ils sont dans le monde, mais ils ne lui appartiennent pas. C’est un fait que le baptême ne fait pas de nous des hommes physiquement différents des autres hommes. En revanche la joie dont parlait Jésus, l’Esprit Saint, fait de nous des hommes intérieurement très différents, et libres par rapport aux lois du monde. Or celui-ci n’aime pas ce qui lui est différent et qui lui résiste. Par conséquent, le chrétien rendu libre par l’Esprit de Jésus devient pour le monde un ennemi.
 
Notre seul ennemi à nous, les chrétiens, ce ne sont pas les autres hommes, mais le Mauvais : « Je ne te prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais ». Le Mauvais, c’est le Satan : le diviseur, le menteur, celui qui use mal de sa liberté pour renoncer à la Parole de Dieu, pour s’éloigner de la communion et tâcher d’entraîner les autres avec lui sur le chemin de la tristesse et des ténèbres.
Lorsque nous sommes confrontés à la haine du monde et fragilisés par ses attaques, nous devenons sensibles à la petite musique du Mauvais. Jésus a prié pour nous : pour que nous gardions l’unité contre la division, la joie contre la tristesse, la Parole de Dieu contre le mensonge, la liberté des fils de Dieu contre l’esclavage des idolâtres et de leurs multiples addictions. Jésus a prié pour que nous gardions la foi, l’espérance et la charité.
 
Pour finir, Jésus prie son Père que nous soyons « sanctifiés dans la vérité ». « Ta parole est vérité » dit Jésus. C’est-à-dire qu’il est lui-même la vérité. Il est la clé de la compréhension de tout l’univers et de chacun de nous, jusqu’au plus intime de notre cœur. C’est dans la vérité que nous sommes rendus saints. Car la communion avec Jésus fonctionne comme un bain révélateur : sans Jésus, on ne voit pas ou mal, et on ne comprend pas ou pas bien. Avec Jésus au contraire la réalité apparaît et se donne à comprendre à l’intelligence. On peut alors parler de vérité. Là aussi, ceux qui croient que la foi chrétienne et la science s’opposent n’ont rien compris. Lorsque la science découvre de nouveaux pans de la réalité, elle fait un pas vers le Christ. Un chrétien n’a rien à craindre de la science lorsqu’elle veut approfondir la réalité, bien au contraire : il doit s’en réjouir. (La question est de savoir ce qu'on en fait...)
 
C’est ainsi, chers frères et sœurs, qu’être uni à Dieu par le baptême en son Nom et porteur de l’Évangile de vérité dans le monde, c’est devenir un étranger pour lui. Le danger pour nous est de perdre la foi, l’espérance et la charité en succombant à la petite musique du Mauvais. Mais l’amour de Jésus qui est mort et ressuscité pour nous, nous est acquis pour toujours, et nous n’avons pas meilleure défense et protection que celle de sa prière, à toute heure.

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