Ac
10,25-26.34-35,44-48 ; Ps 97 ; 1Jn 4,7-10 ; Jn 15,9-17
Chers frères et sœurs,
Si
nous voulons entrer vraiment dans l’enseignement de Jésus, il faut que nous
donnions plus de force aux mots que nous avons l’habitude d’entendre :
« Demeurez dans mon amour. » Nous devrions entendre :
« Habitez dans ma communion, vivez dans ma lumière ». Je pense ici à
l’expérience de Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration de Jésus sur
la montagne. Pierre s’y trouvait si bien qu’il voulait construire trois tentes,
pour y habiter, pour y demeurer. « Demeurez dans mon amour » :
c’est de sa gloire divine dont parle Jésus.
Pour
demeurer dans cette gloire lumineuse, cette communion, cet amour, Jésus demande
à ses disciples de s’aimer les uns les autres, comme il les a aimés. Il
est bon d’aimer Dieu et d’aimer son prochain : ce sont là les
commandements qui sont donnés à tous les hommes. Mais Jésus en donne encore un
particulier à ses disciples : s’aimer les uns les autres comme il
les a aimés. C’est-à-dire, en donnant leur vie les uns pour les autres,
gratuitement, librement, par amour : « Il n’y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Le commandement de
Jésus, c’est le commandement de l’amour parfait, de l’amour ultime :
donner sa vie.
Ainsi
donc, être chrétien, ce n’est pas seulement être gentil avec le Bon Dieu et
avec les autres : ça c’est le minimum syndical. Mais être chrétien, c’est
donner sa vie pour ses amis, comme Jésus l’a fait pour nous. C’est un
geste d’offrande de soi et de foi. C’est un geste sacerdotal. Nous avons été
baptisés à l’image de Jésus prêtre, prophète et roi – prêtre pour faire cette
offrande de nous-même, comme lui. C’est pourquoi il est important pour nous de
ne pas quitter Jésus des yeux, de le connaître par cœur, car c’est lui qui nous
indique le chemin, la manière de faire, la manière de vivre, pour atteindre cette
perfection de l’amour. Comment peut-on donner sa vie pour ses amis comme
Jésus, si on ne connait pas qui est Jésus ni ce qu’il a fait pour nous ?
J’arrive
ici à quelque chose d’important et que je ne veux pas laisser passer. Nous
avons entendu la première lecture : les Actes des Apôtres. Nous
avons compris que Pierre arrivait chez Corneille, que celui-ci tombe à ses
pieds. Pierre le relève puis explique qu’il vient de comprendre que Dieu
accueille tous ceux qui le craignent et dont les œuvres sont justes, quelles
que soient leurs origines. Et là, crac : l’Esprit Saint tombe sur ceux qui
écoutaient la Parole – on comprend que c’est celle de Pierre – et tout le monde
se réjouit de voir que même les païens peuvent recevoir l’Esprit Saint. Et
aussitôt ils sont baptisés. Amen, Alléluia !
En
gros, l’Esprit Saint est tombé au moment où Pierre – qui est un peu
traditionnel sur les bords – a compris que même les gens qui croient simplement
en Dieu et se comportent bien, sont sauvés eux aussi parce que l’Esprit Saint leur
est accordé. Sauf que le texte que nous avons entendu a été découpé en petits
morceaux et qu’il en manque des parties. Saint Luc n’a pas dit ce que je viens
de dire.
Alors
que s’est-il donc réellement passé avec Corneille ? Corneille a eu la
vision d’un Ange qui lui disait de faire venir chez lui Pierre, pour qu’il lui transmette
un message. Pendant ce temps là Pierre avait une autre vision qui lui disait de
ne pas refuser comme impur ce que Dieu lui-même avait déclaré pur. Pierre
arrive donc chez Corneille, qui a réuni toute sa famille et ses amis. Il y a
donc du monde. C’est alors que Pierre dit ce que nous avons entendu :
« Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation,
celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Et là : pas
d’Esprit Saint… Pierre continue son discours, que nous n’avons pas entendu dans
la lecture :
Telle est la parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, en leur annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ, lui qui est le Seigneur de tous. Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargé d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.
Et
c’est à ce moment-là que l’Esprit Saint descend sur Corneille, sa famille et
ses amis. Pourquoi ? Parce que grâce à la prédication de Pierre – grâce à
son Credo – Corneille a reconnu que cet Ange qui était venu le visiter,
c’était Jésus. Ce Jésus ressuscité dont parle Pierre. Alors, tous peuvent vraiment
pleurer de joie.
La
morale de cette histoire, est qu’il ne suffit pas d’être croyant en général et
gentil avec tout le monde. C’est déjà pas mal. Mais si nous voulons entrer et demeurer
dans l’amour de Jésus en donnant notre vie comme lui, il faut le connaître. Et
cela, il n’y a que le témoignage des Apôtres qui peut nous le donner.
Il
nous revient à nous chrétiens, de donner notre vie par amour pour les autres,
et de leur annoncer – comme Pierre à Corneille – l’Évangile de Jésus Christ.
C’est vital pour eux, pour qu’ils puissent le reconnaître dans leur cœur et
recevoir à leur tour l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour de Jésus ressuscité.
Pour
ce faire, je vous invite, autant que vous le pouvez, à lire la Bible, à lire
l’Évangile – celui de Marc est le plus court – à lire les Actes des Apôtres
en entier. Pour apprendre, à travers ces témoignages, qui est Jésus et comment
il a offert sa vie par amour pour nous. Afin de pouvoir parler de lui autour de
vous et de demeurer, bienheureux, dans son amour.