mercredi 26 mai 2021

23 mai 2021 - AUTREY-lès-GRAY - Pentecôte - Année B

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,26-27 ; 16,12-15
 
Chers frères et sœurs,
 
La fête de la Pentecôte est l’aboutissement de tout le chemin que nous avons parcouru depuis… le mercredi des cendres, en passant par Pâques, bien sûr ! En effet, nous avons commencé par nous reconnaître pécheurs en ce monde. Puis Jésus est venu d’auprès du Père, prendre sur lui le poids de nos fautes. Par sa croix et par la libre offrande de sa vie, il nous a obtenu le pardon. Et la réalité de ce pardon – c’est-à-dire la communion retrouvée avec Dieu et entre-nous – c’est justement la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint. Nous sommes réunis, nous sommes réconciliés, et c’est pourquoi nous sommes remplis de joie. D’une certaine façon, c’est la fin du film : le « Happy End ».
 
À la Pentecôte, il y a donc un accomplissement, un couronnement. En effet, les cinquante jours après Pâques, se calculent de la manière suivante : sept semaines de sept jours, sept fois sept – perfection des temps – plus un jour pour marquer le premier jour de la nouvelle création.
En effet, nous devons être bien conscients que la Pentecôte n’est pas tant la fin, l’aboutissement de l’histoire de notre réconciliation avec Dieu, c’est aussi et surtout le premier jour de notre vie nouvelle et éternelle avec lui, dans son royaume.
Ainsi, la Pentecôte est-elle aussi une prophétie : la prophétie du dernier jour du monde, qui sera aussi le premier jour de la création entièrement renouvelée. Et c’est la raison pour laquelle nous voyons des juifs de toutes les nations se regrouper autour des Apôtres, comme à la fin des temps, tous les hommes de tous les temps et de tous les pays se retrouveront autour du trône de l’Agneau, en présence des Apôtres et de tous les saints. Et ce sera le début du Règne éternel de Dieu pour tous.
 
Mais, vous me direz : la Pentecôte, elle a déjà eu lieu, à l’époque des Apôtres ! Elle n’est pas seulement aujourd’hui, ou à la fin du monde ! Et c’est vrai : vous avez entièrement raison. La Pentecôte est déjà commencée, et l’Esprit Saint ne cesse pas d’être répandu dans le monde pour faire grandir la création nouvelle du Règne de Dieu.
Alors, où voyons-nous l’Esprit Saint à l’œuvre et cette nouvelle création ? Dans l’Église elle-même, qui est vivifiée par les sacrements qui ne peuvent pas exister sans l’Esprit Saint. Par l’Esprit Saint, un homme pécheur devient un fils de Dieu ; du pain et du vin deviennent le Corps et le Sang de Jésus ; un homme est configuré à Jésus pour manifester sa présence jusqu’à la fin des temps ; un homme et une femme deviennent Un pour l’éternité, réalisation de l’alliance éternelle entre Dieu et l’humanité ; les péchés sont pardonnés car le règne de l’amour est plus fort que la mort ; une personne malade est configurée à Jésus en sa Passion pour ressusciter avec lui dans sa vie nouvelle. Les sacrements transforment le monde en création nouvelle. Et l’Église elle-même est déjà cette nouvelle création, rendue visible. Une célébration, une messe, c’est toujours une petite Pentecôte, en attendant la Pentecôte définitive.
 
Pour finir, je veux vous mettre en garde à propos d’une chose très importante. Ce ne sont pas les Apôtres, ou nous-mêmes, qui faisons l’Église : l’Église n’est ni une association Loi de 1901, ni un parlement. Parce que nous sommes incapables de nous donner l’Esprit Saint à nous-mêmes. Au contraire, les Apôtres prient et attendent l’Esprit promis par Jésus. L’Église, nous ne la bâtissons pas par nous-mêmes : nous la recevons de l’Esprit Saint.
L’Église, c’est exactement l’inverse de la tour de Babel. Babel, ce sont les hommes qui s’unissent par la force de leurs bras, de leur volonté, pour bâtir un monde à leur idée, avec une langue unique, une pensée unique, une action unique : monter le plus haut possible vers le Ciel pour prendre la place de Dieu. Vous voyez comme ce projet est toujours actuel. Or, nous le savons, Babel s’est écroulée.
Lorsque l’Esprit vient, il ne nous moule pas dans une langue unique, une pensée unique, une action unique : l’Esprit Saint, l’Esprit de l’Église n’est pas totalitaire. Au contraire, il exalte la diversité des langues, des esprits et des vocations – comme dit Saint Paul – pour en faire une harmonie, comme un orchestre, au service de la partition dirigée par Dieu : celle de la communion d’amour, de la vie éternelle, dans la joie, la lumière et la paix.
 

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