mardi 23 octobre 2018

14-14 octobre 2018 - SAUVIGNEY-lès-GRAY - FEDRY - 28ème dimanche TO - Année B


Sg 7,7-11 ; Ps 89 ; He 4,12-13 ; Mc 10,17-30

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui Jésus nous invite à désirer vivre, dès maintenant, de la vie du monde nouveau.

Sa rencontre avec le jeune homme riche est pour nous une leçon. Dans un premier temps, ce jeune homme se met à genoux devant Jésus et l’appelle « Bon Maître ». Cette appellation est très précise : en araméen, le mot utilisé, qui a été traduit par « Bon », ne s’applique qu’à Dieu. Il est celui qui est « le Bon par excellence ». Ceci explique la réaction immédiate de Jésus : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul ». Jésus est étonné parce que ce jeune homme l’a abordé, en se mettant à genoux et en l’appelant « Bon », en le considérant comme l’envoyé de Dieu, sinon comme Dieu lui-même.
Jésus le renvoie alors à l’observation – c’est-à-dire à la mise en pratique – des commandements. C’est déjà un préalable pour avoir une juste relation avec lui et obtenir la vie du monde nouveau. Or le jeune homme répond qu’il les a bien observés depuis sa jeunesse. Encore une fois Jésus est impressionné.
La traduction que nous avons, dit qu’il « posa son regard sur lui ». Mais le texte d’origine est plus net : Jésus « fixa » le jeune homme riche. Nous comprenons que son regard l’a percé jusqu’au cœur. Et c’est pourquoi il est dit que Jésus l’aima. Le regard de Jésus est un regard qui transperce et qui aime. C’est là que nous devons réécouter ce que dit la lettre aux Hébreux : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ». Voilà le regard de Jésus, qui est incisif, mais qui est aussi un regard d’amour.
Ayant vu ce qu’il y avait dans le cœur du jeune homme, Jésus lui dit deux choses : D’une part : « vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ». C’est un ordre qui réclame une application immédiate. Et d’autre part : « viens, suis-mois », qui suppose une application sur une longue durée : suivre Jésus, c’est le suivre durant toute sa vie.
Ici, Jésus apprend au jeune homme que, pour acquérir la vie du monde nouveau, il ne suffit pas de bien mettre en pratique les commandements de Dieu, il faut aussi quitter tous ses biens et se mettre à le suivre. C’est alors que le jeune homme s’en va tout triste, car il avait de grands biens.


La suite de la discussion, avec les disciples n’est pas moins impressionnante : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! », dit Jésus. Les disciples sont stupéfaits, parce que normalement, dans la mentalité de l’époque, la richesse était considérée comme un signe de bénédiction de Dieu. Or voilà que Jésus annonce au contraire qu’elle sera surtout un empêchement !
Et il en rajoute : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Autrement dit : c’est impossible.
Jésus ici fait allusion non pas à une aiguille à coudre mais à la « Porte de l’aiguille » – c’est son nom – qui est une porte de Jérusalem, dans laquelle a été aménagé un passage qui permet à un homme d’entrer mais pas un chameau. Ce système permet d’éviter que des caravanes entrent en ville.
Les apôtres sont totalement déconcertés parce que cela veut dire quand même que personne ne peut être sauvé. Alors Jésus leur répond avec la même phrase que l’ange Gabriel à Marie lors de l’Annonciation : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu ».
Ainsi, il nous faut comprendre que le passage du Royaume des cieux à notre monde, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, doit se faire dépouillé de toute richesse, dans la nudité d’un enfant à naître, et par l’action de l’Esprit Saint, par la grâce de Dieu. C’est exactement ce qu’il se passe lors du sacrement du baptême, car normalement, on doit être baptisé nu.
Jésus dit, pour terminer, que l’homme qui quitte ses richesses, à cause de lui et de l’Évangile, recevra en ce temps le centuple. En effet, celui qui est nu et qui est passé de ce monde au monde nouveau, par la grâce de l’Esprit Saint, a justement reçu la vie nouvelle, qui vaut tous les trésors du monde.
Cette vie nouvelle, que nous pouvons acquérir déjà depuis notre baptême, c’est l’Esprit Saint lui-même, cet esprit de sagesse dont nous parle la première lecture. De cette vie nouvelle, de cette sagesse qui vient de Dieu, il est dit : « Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ; je l’ai choisie de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable ».

Voilà ce que Jésus a voulu faire connaître au jeune homme riche. L’acquisition de l’Esprit Saint vaut plus que toutes les richesses. Voilà ce qu’il propose aujourd’hui à ceux qui l’aiment.

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