Is
50,5-9a ; Ps 114 ; Jc 2,14-18 ; Mc 8,27-35
Chers frères et sœurs,
Il est tellement facile de se tromper sur Jésus. A l’époque
certains le prenaient pour Jean-Baptiste, d’autres pour Elie, d’autres pour un
prophète. Mais non, comme dit Saint Pierre, « Jésus est le Christ ».
C’est-à-dire qu’il est celui qui a reçu l’onction de la part de Dieu : il
est le Messie de Dieu, le Sauveur du peuple d’Israël et de tous les hommes. Il
est Dieu lui-même qui vient dans le monde.
Mais Jésus annonce tout d’un coup qu’il n’est pas un Sauveur
terrestre qui va vaincre les puissants de ce monde. Il n’est pas un roi de plus
sur la terre, un homme politique. Non, au contraire : il va souffrir, être
rejeté, être crucifié et tué – ce qui met Saint Pierre en colère. Mais il va
aussi ressusciter. C’est là qu’est la porte de son vrai royaume. Jésus est roi
du ciel. Et la bonne nouvelle, l’Évangile, est que, si nous mettons notre foi
en lui, nous serons avec lui dans sa gloire, dans un lieu de paix, de joie et
de lumière. Et déjà maintenant, pour ceux qui aiment Dieu, par son Esprit, il donne
des grâces.
Aujourd’hui, on continue souvent de se tromper sur Jésus et sur l’Église,
qui est son corps sur la terre. On voudrait que l’Église soit une institution
parfaite, composée de purs et de saints, qui nous protège de tout et de toute
souffrance. Et nous la voyons souvent au contraire imparfaite, composée de
pécheurs et parfois de criminels, incapable d’apporter la protection que nous
attendons d’elle. Alors nous doutons. Pourquoi ? Parce que l’Église a comme
deux visages.
Un premier visage, qui est celui de Jésus souffrant, rejeté, crucifié
et tué. Aimer l’Église, c’est aimer Jésus en croix. Être d’Église, c’est
souvent accepter de partager la Passion de Jésus. Le rejet des hommes. C’est
dur. C’est très dur. Tous les apôtres ont fui Jésus lorsqu’il a été arrêté.
Aucun ne l’a aidé durant sa Passion. Seul Saint Jean, Marie sa Mère, Sainte
Marie-Madeleine et quelques saintes femmes lui sont restés fidèles jusqu’au
bout. Il ne faut pas se tromper sur l’Église. Comme Jésus elle a vocation à
être moquée, persécutée et rejetée par les hommes qui n’aiment pas Dieu,
jusqu’au martyre.
Mais le second visage de l’Église, c’est aussi celui de Jésus
ressuscité. C’est celui des saints et des saintes, des martyrs, qui donnent
leur vie à Dieu et à leur prochain, qui témoignent de l’amour de Dieu et de
Jésus jusqu’au bout. Donner sa vie pour ceux qu’on aime, sans pour autant être
des héros, mais simplement des hommes libres. Aimer l’Église, c’est aimer Jésus
ressuscité et vivant. C’est aimer les baptêmes, les mariages, les ordinations
de diacres, de prêtres, d’évêques, et la messe. Aimer l’Église, c’est aimer les
repas de fête en famille et avec les amis ; c’est aimer la communion des
saints, dans la joie et la paix du cœur, dans la simplicité, mais aussi la
beauté. Et cette joie, et cette paix du ciel, Dieu les donne dès maintenant à
ceux qui l’aiment en vérité.
Chers frères et sœurs, les vrais ennemis de l’Église ne sont pas
tellement ceux qui la jugent ou qui lui jettent des pierres, comme l’ont fait
Pilate et Hérode, et la foule de Jérusalem. Ceux-là sont des gens qui n’ont pas
compris que Jésus est en même temps un homme et Dieu, qu’il est de la terre et
aussi du ciel. Mais les vrais ennemis de l’Église sont ceux qui lui
appartiennent et qui la trahissent. Comme Judas, qui a trahi Jésus, était un de
ses Douze apôtres.
On le voit, il est facile de se tromper sur Jésus, comme il est
facile aussi de se tromper sur son Église. L’un comme l’autre sont de la terre
et du ciel. Dans l’Église il y a des pécheurs et des saints. Ses plus grands
ennemis ne sont pas ses opposants, mais ceux qui la trahissent de l’intérieur. Une
chose est certaine cependant, Jésus a donné sa vie pour que ceux qui croient en
lui aient la vie éternelle, la croix dans ce monde, la paix et la joie dans
l’autre.