Pr 9,1-6 ;
Ps 33 ; Ep 5,15-20 ; Jn 6,51-58
Chers frères et sœurs,
Jésus poursuit son enseignement sur l’eucharistie. Aujourd’hui, il
nous donne deux leçons. Le Livre des Proverbes nous en dévoilera une troisième.
La première leçon sur laquelle Jésus insiste lourdement, porte sur
le fait qu’il faut le manger, lui, pour avoir la vie éternelle. Il faut manger
sa chair. En grec, le verbe utilisé par Jésus est très concret. Il dit, qu’il
faut « mâcher » ou même « croquer » sa chair ! On
comprend que ses auditeurs soient un peu choqués !
« Mais comment celui-là peut-il nous donner sa chair à
manger ? ». C’est le même type de question que Nicodème avait
posé à Jésus à propos de la résurrection : « Mais comment un homme
peut-il naître de nouveau ? ». Nous ne comprenons pas « comment »
nous pouvons manger la chair de Jésus et boire son sang, pas plus que nous
comprenons « comment » ressusciter. Parce que la communion et la
résurrection sont des événements, des actes, qui appartiennent au monde nouveau,
aux réalités du Ciel.
Au moment où Jésus parle, à Capharnaüm, les auditeurs de Jésus ne
connaissent pas encore ses paroles sur le pain et le vin : « Ceci
est mon corps ; Ceci est mon sang… livrés pour vous ». Ils ne
savent pas ce que c’est qu’un sacrement, et qu’un sacrement c’est une action de
Dieu sur la terre. Mais nous qui sommes chrétiens, nous savons que le pain et
le vin consacrés pendant la messe sont le Corps et le Sang de Jésus et qu’ils
nous donnent la vie éternelle.
La seconde chose que nous apprend Jésus est que, lorsqu’on mange
son Corps et qu’on boit son Sang, nous demeurons en lui, et lui en nous. Et de
ce fait, nous recevons de Jésus la vie éternelle, comme lui-même la reçoit de
son Père qui est aux cieux. Manger le Corps du Christ, boire son Sang, c’est
être en communion de Vie avec Jésus et avec son Père. Et cette Vie, très
spéciale, qu’on ne voit pas mais qui est déjà le gage de la résurrection, c’est
l’Esprit Saint. C’est ce que dit saint Paul, par allusion à la consommation du
vin : « Ne vous enivrez pas de vin, car il porte à
l’inconduite ; soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint ». L’Esprit
Saint est la vraie boisson qui est le Sang de Jésus.
Aussi bien, lorsqu’on se dit : « Mais l’Esprit Saint, je
ne le vois pas, je ne le sens pas… », hé bien pensez qu’après avoir
communié, de même que vous avez le Corps de Jésus en vous, de même l’Esprit
Saint demeure aussi en vous. Et si vous sortez plus joyeux de l’Église que vous
n’y êtes rentré, c’est que vous en ressentez l’effet.
Jésus nous a donc enseigné deux choses. La première est que
communier à son Corps et à son Sang c’est recevoir la vie éternelle, le gage de
notre résurrection. La seconde, qui est liée à la première, est que l’on est en
communion, par l’Esprit Saint, avec Jésus, et à travers lui avec son Père. Or
être en union avec Dieu est une cause de profonde joie intérieure, qui est
aussi une force pour vivre.
A la lumière de ces deux enseignements, le Livre des Proverbes nous
en donne une troisième : communier au Corps et au Sang de Jésus, c’est
accroitre son intelligence. C’est ce que nous avons lu : « Venez,
mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie et vous
vivrez, prenez le chemin de l’intelligence ».
Pourquoi devient-on plus intelligent lorsqu’on communie ? Parce
que Jésus est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, par laquelle le Père a tout
créé. Jésus est la Parole créatrice et recréatrice. C’est par lui que tout existe,
c’est encore par lui que tout ressuscitera. Il est la clé de compréhension de
l’univers ancien, dans lequel nous vivons humainement aujourd’hui, et la clé de
compréhension de l’univers nouveau, auquel nous appartenons depuis notre
baptême et dans lequel nous vivons déjà par la communion.
Chers frères et sœurs, la communion au Corps et au Sang de Jésus,
nous donne la vie éternelle ; elle nous fait entrer dans la communion du
Père du Fils et du Saint Esprit ; elle nous rend joyeux, pleins
d’espérance et de force pour vivre ; elle nous rend intelligent pour
comprendre notre univers et le sens de notre histoire.
On comprend pourquoi Jésus insiste tant pour que ses disciples
mangent sa chair et boivent son sang. Mais inversement, on se demande comment il
se fait que les gens ne se précipitent pas à la messe quand il y en a
une !