Dt
4,1-2.6-8 ; Ps 14 ; Jc 1,17-18.21b-22.27 ; Mc 7,1-8.14-15.21-23
Chers frères et sœurs,
Heureux sommes-nous de pouvoir entendre, par la proclamation de
l’Évangile, la voix de notre Dieu, de notre bon berger, le Seigneur Jésus, qui
nous conduit, comme des brebis, vers de frais pâturages ! Jésus nous
ramène à l’essentiel et nous donne la nourriture dont nous avons besoin pour
vivre aujourd’hui, sur la terre, dans l’attente de la paix, de la joie et de la
lumière du ciel qui nous sont promises.
Aujourd’hui, il est question de la Loi et des traditions humaines.
Il faut bien distinguer les deux. Le Seigneur – comme Moïse et saint Jacques –
nous prie d’écouter et d’obéir à la Loi du Seigneur qui est Vie. Pour nous,
elle est en même temps la Parole de Dieu et le Corps du Christ. Parole de
Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de
toute ton âme et tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » ;
et Corps du Christ, car cette Parole de Dieu s’est faite chair en Jésus : « Celui
qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Obéir à
cette Parole, et même la manger, engendre en nous une vie qui est sainte :
« Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle
qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas
de l’écouter : ce serait vous faire illusion » nous rappelle
saint Jacques.
Lorsque l’homme se détourne de la Loi du Seigneur, de sa Parole qui
est Jésus, il peut tomber dans deux écueils.
D’un côté, donner trop d’importance aux traditions humaines au
détriment de la Parole de Dieu entraîne la dureté de cœur et conduit à une
impasse. C’est comme si, pour un arbre, l’écorce prenait plus d’importance que
la sève. Bien sûr, il est important de se laver les mains avant de passer à
table, mais ce n’est pas cela qui fait qu’on est pécheur ou saint. L’important
c’est l’amour de Dieu. L’impureté rituelle des scribes et des pharisiens n’est
qu’un symbole dévoyé de la véritable impureté spirituelle qui est celle d’un
cœur qui se détourne de Dieu. Un saint aux mains sales, un saint à la vie
cabossée, cela existe : sainte Marie-Madeleine, saint Augustin, saint
Paul, le bienheureux Charles de Foucault… voilà des saints qui ont des vies à
faire hurler des pharisiens, mais qui n’en sont pas moins, par grâce et par
amour, devenus de très grands saints.
L’autre écueil est inverse. Ce serait la tentation de croire qu’il
n’y a plus aucune impureté rituelle ou spirituelle, parce que l’amour de Dieu,
la miséricorde de Dieu, recouvrirait toutes les impuretés ou tous les péchés.
Mais d’une part, il nous est rappelé que si nous n’écoutons pas sa
Parole et si nous ne la mettons pas en pratique, alors nous perdons la Vie de
Dieu. Et l’on voit bien que tous ceux qui se laissent entraîner dans des dérives
inacceptables, non seulement se rendent malheureux, mais rendent aussi
malheureux les autres, et, quand ils sont chrétiens, toute l’Église avec eux.
Et d’autre part, Jésus lui-même donne une liste des perversités qui
sortent du cœur d’un homme qui se détourne de lui : « inconduites,
vols, meurtres, adultères, cupidité, méchancetés, fraude, débauche, envie,
diffamation, orgueil, et démesure ». Il est dur de nous rappeler que
nous ne sommes pas des anges et que, tant que nous sommes sur la terre, nous
sommes sujets à des pratiques, pardonnables certes, mais qui n’en demeurent pas
moins inacceptables en elles-mêmes. Jésus les qualifie de « mal » et
considère que leur exercice « rend l’homme impur ». Elles nécessitent
une conversion et il est du devoir de l’Église de le rappeler.
Chers frères et sœurs, ne nous laissons pas détourner de la Vie. Ni
par ceux qui veulent nous enfermer dans un pharisaïsme humain bien-pensant, parfois
un peu trop médiatique, où la grâce de Dieu, la gratuité de son amour et de son
pardon, n’auraient pas court. Ni par ceux qui nous assurent que « nous
irons tous au paradis », qu’il n’est plus de péché nulle part, parce que
la miséricorde recouvrirait tout sans qu’il ne soit besoin de se convertir.
Nous autres, fixons notre regard sur le visage du Christ Jésus.
Nourrissons-nous de lui : il est la Loi véritable, la Parole de Dieu, qui
est parole de vie éternelle. Il est pain de Vie. Il n’y en a pas d’autre. Ne
nous laissons jamais détourner de lui, ni à droite, ni à gauche. Amen.