lundi 3 septembre 2018

15 août 2018 - FRESNE SAINT MAMES - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année B


Ap 11,19a ; 121-6a.10ab ; Ps 44 ; 1Co 15,20-27a ; Lc 1,39-56

Chers frères et sœurs,

L’Évangile que nous avons entendu recèle de nombreux enseignements. J’en retiens trois.

Le premier est que nous sommes ici mis en présence de Marie et Elisabeth, lors de leur rencontre réalisée dans l’intimité familiale, avant la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. Saint Luc n’aurait pas pu rapporter cette rencontre avec autant de détails, si l’une des deux femmes ne la lui avait pas racontée. Il y a tout lieu de penser que c’est Marie elle-même, qui vivait après Pâques sous la protection de saint Jean, dont saint Luc était proche. Lorsque saint Luc écrit son Évangile à l’attention du dénommé Théophile, il a voulu s’enquérir de tout ce qui lui avait été déjà transmis oralement, et le vérifier de source sûre. Ainsi, saint Luc, pour rédiger son Évangile est-il allé à la source la plus directe et la plus fiable : la sainte Vierge Marie elle-même.

Le second enseignement, se trouve dans une phrase que – malheureusement – la traduction liturgique que nous avons, a affaibli. Nous avons lu « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée ». Or nous aurions dû lire : « Marie, se levant en ces jours-là, se rendit dans la montagne, avec hâte, vers une ville de Juda ». L’emploi du verbe se lever, pour un chrétien, renvoie à une signification très précise : se lever, c’est ressusciter. Marie donc se lève pour se rendre dans la montagne en hâte – très rapidement – vers une ville de Juda et non pas de Judée comme dit la traduction liturgique. Or, la ville de Juda, c’est Jérusalem. En écrivant que Marie se lève pour aller en hâte, dans la montagne, vers Jérusalem, saint Luc semble dire de manière voilée, que Marie, ressuscite et, dans une rapide assomption, monte au ciel rejoindre la Jérusalem céleste.

Si nous suivons saint Luc dans ces deux niveaux de lecture du texte : le niveau de la rencontre entre Marie et Elisabeth juste après l’Annonciation, et le niveau de Marie rejoignant la communion des saints lors de son Assomption, nous pouvons lire la suite, c’est-à-dire le dialogue qu’il y a entre les deux femmes puis la louange chantée par Marie, de la même manière. C’est le troisième enseignement.

L’échange qui a lieu entre Marie et Elisabeth montre qu’à la salutation de Marie, Jean-Baptiste, qui se trouve dans le sein d’Elisabeth, a tressailli de joie. Ainsi, nous pouvons croire qu’à l’assomption de Marie au ciel, tous les saints et tous les anges ont tressailli de joie de la même manière. Comme s’ils avaient attendu ce moment depuis la fondation du monde. Et de fait, Marie est comme la fiancée du roi qui a fait son entrée à la cour, comme nous l’avons entendu dans le psaume. Ce fut un moment particulièrement solennel et joyeux qu’il nous est facile de nous représenter. C’est comme quand une mariée fait son entrée dans l’église, au jour de son mariage : quelle joie parmi les invités !

Marie a entonné, ensuite, son chant de louange : le Magnificat. Il s’agit d’un chant tissé de versets de l’Ancien Testament. Elle connaissait d’autant plus parfaitement ce chant qu’elle avait dû le composer elle-même, selon la tradition, comme toutes les femmes juives qui composaient un chant d’action de grâce et de bénédiction pour chacun de leurs bébés durant leur grossesse.
Mais si ce chant est aussi celui de la louange de Marie au ciel, alors non seulement nous savons dans quelle béatitude elle se trouve aujourd’hui, mais plus encore quelle est la nature de son intercession pour nous : le Seigneur se penche sur les humbles, il fait pour eux des merveilles, il fait miséricorde à ceux qui le prient, il écarte les orgueilleux et les rabaisse tandis qu’il élève les petits. Il nourrit les affamés et laisse sur leur faim les riches. Fidèle, le Seigneur relève – il ressuscite – Israël son serviteur, c’est-à-dire tous ceux qui l’aiment. Marie procède ici par affirmations, sûre qu’elle est d’être exaucée.
Enfin, si la Sainte Vierge Marie est aujourd’hui notre plus puissante avocate au ciel, elle nous indique aussi, non seulement le chemin à suivre ici-bas pour y demeurer, mais encore dans quel état d’esprit nous pouvons communier à sa béatitude dès maintenant. Car ce que fait Marie, c’est aussi ce que fait l’Église : chanter dans la joie les louanges du Seigneur et intercéder pour les humbles de la terre. Quelle magnifique vocation pour nous tous !

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