Chers
frères et sœurs,
Nous
sommes réunis aujourd’hui, en ce jour de la Saint Martin, pour rendre grâce à
Dieu pour la paix dont notre pays bénéficie depuis plusieurs années, mais aussi
pour prier pour tous ceux qui ont été victimes des violences de la guerre, et
pour les responsables politiques en charge de la marche de ce monde, afin
qu’ils trouvent des chemins de paix pour tous.
Nous
n’ignorons pas que beaucoup de pays sont en guerre aujourd’hui, que ce soient
des guerres ouvertes, ou des guerres latentes. Notre pays lui-même est en
guerre puisque nos soldats se trouvent engagés dans des combats et parfois y
perdent la vie. Nous pouvons leur associer pompiers, gendarmes et policiers. Nous
voulons prier pour eux et pour leurs familles.
Enfin,
nous n’ignorons pas non plus que la guerre commence en nous-mêmes, quand nous
entretenons des sentiments de haine dans nos cœurs. Au fond, nous sommes tous
complices, à des degrés différents. Nous prions donc le Seigneur aussi pour
nous-mêmes : qu’il donne à chacun la grâce de la paix du cœur.
Is 61,1-3a ; Ps
88 ; Mt 25,31-40
Chers
frères et sœurs,
Si
un enfant demande à son institutrice pourquoi le drapeau français est bleu,
blanc et rouge, il est assez probable que celle-ci lui répondra que le bleu et
le rouge sont les couleurs de la ville de Paris, et que le blanc est la couleur
du roi. Ce drapeau a marqué l’alliance, à l’époque de sa création, entre le roi
et le peuple. Très bien.
Mais
si l’enfant demande ensuite à son institutrice pourquoi le bleu et le rouge
sont les couleurs de la ville de Paris ? et pourquoi le blanc est la
couleur du roi ?... Il est assez probable qu’elle ne saura pas lui
répondre. En revanche, un chrétien, tous les chrétiens de France, devraient savoir
répondre à ces questions. Et comme je ne suis pas certain que vous le sachiez
tous, je vais vous le dire.
Commençons
par le bleu. Le bleu est la couleur des rois capétiens. Vous vous souvenez tous
du drapeau bleu-roi avec des fleurs de lys. C’est celui-là. Pourquoi les
capétiens avaient-il du bleu comme couleur ? La réponse est dans leur nom
de famille. Ils descendent tous de Hugues Capet. Or Hugues Capet avait reçu ce
nom parce qu’il était le protecteur officiel du tombeau de Saint Martin et de
la relique très précieuse de sa chape d’évêque.
Le
tombeau de Saint Martin, à Tours, était le plus grand pèlerinage des Gaules. Il
faisait depuis le Vème siècle – et surtout depuis la conversion de
Clovis – l’unité spirituelle et politique de tous les peuples qui y vivaient,
qu’ils soient Gaulois, Gallo-romains, Wisigoths, Francs ou Burgondes.
La
chape de Saint Martin, qui avait été conservée, servait de témoin pour les
serments officiels ; et le roi, quand il partait en guerre, l’emmenait
avec lui, comme protection. Cette chape devait être de couleur violette tirant
sur le bleu. Elle était conservée dans une chapelle. Et le protecteur de
cette très sainte relique recevait donc le nom de Capet. Le bleu du
drapeau français, c’est donc celui de la chape de Saint Martin, le grand saint
des Gaules que nous fêtons justement aujourd’hui.
Dans
les couleurs de la ville de Paris, avec le bleu se trouvait aussi le rouge. Le
rouge, c’est celui de Montjoie, le grand étendard de guerre des rois de
France conservé à l’abbaye de Saint-Denis, au nord de Paris. Le rouge rappelle
le sang du martyre de Saint Denis, premier évêque de Paris, martyrisé à Montmartre
– Mont du martyr – et qui a été enterré ensuite à Saint-Denis. C’est là, auprès
du saint Martyr, dans la Basilique de Saint-Denis, que les rois de France venaient
se faisaient enterrer. Montjoie était rouge pourpre. Il ne sortait que pour la
guerre. Les chevaliers l’acclamaient en criant « Montjoie –
Saint-Denis ! » Et c’est le rouge du drapeau français.
Il
reste maintenant la couleur blanche, la couleur du roi. Là, il faut bien
l’avouer, les historiens hésitent. Il y a deux solutions.
La
première est celle de la couleur de l’archange Saint-Michel. Le roi de France et
ses généraux se distinguaient dans la bataille en ayant autour de leur taille
une écharpe blanche, ou un panache blanc. Au moment de combattre le dragon, ils
étaient comme Saint-Michel à la tête de ses anges, et tous se plaçaient sous sa
protection.
La
seconde solution est la couleur blanche du voile de la Sainte Vierge Marie
conservé dans la cathédrale de Chartres. Ce voile, selon la tradition, a été
offert par sainte Irène, Impératrice de Constantinople, à Charlemagne. Son
petit-fils, le roi Charles-le-Chauve l’a donné à la cathédrale de Chartres en
876. Il y est toujours, et tout le monde peut venir le voir.
Donc,
Bleu : Saint Martin, Blanc : Saint Michel ou Sainte Vierge Marie, et
rouge : Saint Denis. Peut-on raisonnablement nier les racines chrétiennes
de la France ?
Mais,
chers frères et sœurs, si nous pouvons être légitimement fiers de notre pays et
de notre drapeau français, nous ne devons jamais oublier une chose essentielle.
Depuis notre baptême, notre pays, notre vraie patrie, c’est le royaume des
cieux, la gloire de Dieu, la communion des saints, le lieu de la paix, de la
joie et de la lumière, où, dans un grand repas de fête, le Seigneur accueillera
et réjouira ses fidèles serviteurs. C’est-à-dire ceux qui, durant leur vie, auront
aimé Dieu et leur prochain comme eux-mêmes. N’oublions jamais cela. Si nous
sommes amoureux de notre pays et notamment de notre belle Franche-Comté, nous
avons bien raison, mais nous devons être d’autant plus amoureux de la maison de
Dieu.
Saint
Martin, qui êtes notre saint Patron, soyez aussi notre modèle, et priez pour
nous. Amen.