Ml 3,19-20a ; Ps
97 ; 2Th 3,7-12 ; Lc 21,5-19
Chers
frères et sœurs,
Jésus
et ses disciples sont à Jérusalem. Certains se réjouissent de la beauté du
Temple. En effet, à l’époque, il est le plus grand monument du monde. Et il est
tout neuf ! Ses pierres éclatent de blancheur dans le soleil. En fin de
journée, il est doré comme les collines de Judée. Et les nombreuses offrandes
d’or ou d’argent, qui le parent, étincellent dans la lumière. Il est comme une
épiphanie, une manifestation de Dieu. Il est en effet magnifique.
Mais
Jésus annonce qu’il ne restera bientôt plus rien de tout cela, ce qui arrivera trente
ans plus tard, en l’an 70, lorsque le Temple sera totalement rasé par les
armées romaines.
La
leçon est la suivante : rien de ce qui est construit avec orgueil par
l’homme sur la terre – même le Temple du Seigneur – ne durera. Il n’y a que
dans celui qui a mis sa foi en Dieu qu’il se trouve un germe de vie incorruptible,
qui ne mourra pas, mais s’épanouira dans une vie nouvelle. Tout pourra
s’écrouler, mais la vie nouvelle qui est dans l’homme de foi lui permettra de
tenir debout dans l’adversité, avec sagesse, et de survivre même à sa mort
charnelle.
Lorsque
Jésus dit cela il pense à sa propre Passion : « On portera la main
sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux
prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause
de mon Nom ». Tous les chrétiens qui sont persécutés, parce qu’ils
portent le nom du Christ, vivent comme le Christ la même Passion. Ils peuvent
être conduits à la même mort, mais ils verront aussi la même résurrection.
Ainsi,
chers frères et sœurs, Jésus nous enseigne aujourd’hui que le germe de la foi
que nous avons reçu en nous au jour de notre baptême, fait de nous des hommes
et des femmes de la vie nouvelle. Nous ne sommes pas du même monde que ceux qui
ne sont pas baptisés. Et cela s’observe lorsque nous sommes victimes de
persécutions plus ou moins importantes en raison même du fait que nous sommes
chrétiens. Il nous faut alors nous garder de deux écueils. D’un côté, celui de
renoncer devant la difficulté, ou le combat, en reniant l’Esprit de vie qui est
en nous, pour gagner une paix en peau de chagrin avec ceux qui n’aiment pas
Jésus. Et de l’autre côté, il faut nous garder de courir derrière les faux
prophètes qui nous annoncent faussement des lendemains qui chantent :
« C’est lui ! », « Le temps est venu ! »
et de nous mettre en marche à la suite d’idoles qui nous conduiront au malheur.
Alors
quelle ligne de conduite adopter entre ces deux écueils, entre le découragement
et l’illusion des idoles ? Le prophète Malachie apporte une première
réponse, saint Paul en donne une seconde.
« Ceux
qui commettent l’impiété seront de la paille », dit Malachie, « Mais
pour vous qui craignez mon Nom – le Nom du Seigneur – le Soleil de
justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement ».
La première ligne de conduite, c’est de craindre le Nom du Seigneur. C’est un
langage biblique. Il s’agit d’aimer le Seigneur, comme le dit le premier
commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton
cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit ». Aimer le Seigneur,
c’est le connaître, au moyen des Écritures : c’est savoir qui est Jésus.
Mais c’est aussi et surtout le fréquenter : lui parler, le prier,
communier à lui, être son ami jusqu’à lui en devenir ressemblant. Voilà la
première ligne de conduite : aimer Dieu au point de lui ressembler.
La
seconde ligne de conduite est donnée par saint Paul aux Thessaloniciens :
« Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter.
Nous n’avons pas vécu parmi vous de manière désordonnée… au contraire, dans la
peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé. » L’amour
de Dieu doit être vécu – et même il permet vraiment – de vivre dans une vie
ordonnée, durant laquelle on accomplit simplement les tâches qui sont les nôtres.
Accomplir notre vocation. Autrefois on disait son « devoir d’état ».
Il ne s’agit pas de vivre de manière extraordinaire quand on est chrétien, mais
de vivre enraciné, et de se développer intérieurement à partir de l’amour de
Dieu pour rayonner de charité à travers ses activités quotidiennes.
C’est
là, chers frères et sœurs, qu’à la fin on s’aperçoit que le vrai Temple, qui
est si beau, n’est pas le Temple de pierre, mais c’est nous-même, quand nous
sommes habités par l’amour de Dieu et que nous l’exprimons par une vie sainte.
Ce Temple est indestructible. Et même il s’agrandit lorsque nous sommes en
communion les uns avec les autres. Ce grand Temple alors, c’est le Corps du
Christ, la communion des saints, la Jérusalem céleste, la gloire de Dieu, la
lumière qui ne s’éteindra jamais.