dimanche 3 novembre 2019

01 novembre 2019 - VALAY - Solennité de tous les saints


Ap 7,2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

Chers frères et sœurs,

En cette fête de tous les saints, je voudrais m’attarder sur quelques points qui me semblent importants à méditer.

Le premier concerne l’Église et sa liturgie

Les anciens ont appris au catéchisme qu’il y avait trois formes d’Église : l’Église triomphante qui est l’assemblée des anges et des saints qui sont dans le ciel, l’Église souffrante composée des âmes qui sont en purgatoire, et l’Église militante qui est la nôtre, celle de la terre. Or il s’agit d’une seule et même Église : le corps du Christ, qui est unique. Par l’Esprit Saint, nous sommes en communion les uns avec les autres, nous prions les uns pour les autres, et suivant notre tête qui est le Christ Jésus, nous chantons la gloire de Dieu.
C’est dans cet esprit que nous célébrons la liturgie : elle est toujours prière pour nos frères et sœurs qui sont en purgatoire, pour qu’au cours de leur passage de la mort à la vie, ils soient purifiés de tout mal. La liturgie est aussi l’expression visible sur la terre de l’adoration de Dieu invisible qui est célébrée au ciel, adoration célébrée par les anges et les saints comme nous l’avons vu dans l’Apocalypse. Nous donc, nous sommes l’assemblée visible des saints de la terre. Nous rendons visible sur la terre ce qui est pour le moment invisible au ciel. C’est pourquoi on ne peut pas faire ce qu’il nous plaît dans une célébration liturgique, parce qu’elle est l’image visible, le décalque terrestre, de la célébration invisible céleste des anges et des saints.

Cela a quelques conséquences.

La première est que nous ne sommes pas n’importe qui : en vertu de notre baptême nous sommes – bien que pécheurs – les saints de la terre. Notre vocation est de faire fructifier en nous cette sainteté, pour qu’elle trouve son épanouissement et son couronnement au ciel.
Du coup la sainteté n’a pas à voir avec la notion pureté, mais elle a à voir avec l’intention du cœur : avoir foi en Dieu, espérer sa miséricorde, l’aimer plus que tout, et notre prochain comme nous-mêmes. C’est cela qui fait la sainteté. Il suffit que nous ayons l’intention droite du cœur, et l’Esprit Saint fait le reste. Ainsi un grand pécheur, animé par l’Esprit Saint et transfiguré par lui, peut rayonner d’une grande sainteté. Par exemple saint Paul, ou saint Augustin, ou le Bienheureux Charles de Foucault, qui étaient de grands pécheurs avant qu’ils soient convertis par la grâce de Dieu. On pourrait ajouter saint Pierre qui a renié trois fois Jésus mais l’a confessé trois fois, et saint Thomas qui ne croyait pas à sa résurrection mais qui, après avoir mis son doigt dans la marque des clous et la main dans son côté, a confessé cette résurrection de Jésus et sa divinité. Ils étaient tous pécheurs. Ils sont tous saints.
La troisième conséquence du fait que l’Église de la terre est la partie visible de toute l’Église, c’est qu’à chaque célébration, la partie invisible de l’Église qui est au ciel se rend visible sur la terre. Du coup, chaque rassemblement de prière est une annonce évangélique. On se demande comment évangéliser ? Qu’on se réunisse pour prier. Jésus l’a dit : « Quand deux ou trois se réunissent en mon Nom, je suis là au milieu d’eux ». A fortiori pour une célébration eucharistique où il se rend réellement présent.

Finalement, on se demande ce qu’est concrètement la sainteté.

Nous avons déjà vu qu’elle était en rapport avec les intentions du cœur. Mais Jésus nous en donne une définition bien plus détaillée dans les Béatitudes. Est saint celui qui est bienheureux. Donc est saint celui qui est pauvre de cœur, celui qui est doux, celui qui a faim et soif de la justice… chacun de ceux-là possède en lui une caractéristique de la sainteté. Et celui qui collectionne toutes les caractéristiques de la sainteté, c’est Jésus lui-même. Quand il énumère les Béatitudes, il dessine son propre visage et, à travers lui, le visage invisible de son Père. Dieu est un pauvre de cœur, c’est-à-dire un cœur innocent. Dieu est doux ; il a faim et soif de la justice, c’est-à-dire de l’Esprit Saint qui rend juste. Jésus n’a-t-il pas dit « J’ai soif » quand il était en croix ? Il a soif de nos prières et de nos bonnes œuvres inspirées par l’Esprit Saint.
Si donc nous faisons des Béatitudes notre programme de vie, si nous demandons au Seigneur son Esprit Saint pour les faire grandir en nous, alors petit à petit nous allons ressembler de plus en plus à Jésus et à son Père. Alors nous serons vraiment bienheureux et nous célébrerons en vérité, en communion avec tous les anges et tous les saints, sur la terre comma au ciel, la gloire de Dieu.

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