Ap 7,2-4.9-14 ; Ps
23 ; 1Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a
Chers
frères et sœurs,
En
cette fête de tous les saints, je voudrais m’attarder sur quelques points qui
me semblent importants à méditer.
Le
premier concerne l’Église et sa liturgie
Les
anciens ont appris au catéchisme qu’il y avait trois formes d’Église : l’Église
triomphante qui est l’assemblée des anges et des saints qui sont dans le
ciel, l’Église souffrante composée des âmes qui sont en purgatoire, et
l’Église militante qui est la nôtre, celle de la terre. Or il s’agit
d’une seule et même Église : le corps du Christ, qui est unique. Par
l’Esprit Saint, nous sommes en communion les uns avec les autres, nous prions
les uns pour les autres, et suivant notre tête qui est le Christ Jésus, nous
chantons la gloire de Dieu.
C’est
dans cet esprit que nous célébrons la liturgie : elle est toujours prière
pour nos frères et sœurs qui sont en purgatoire, pour qu’au cours de leur
passage de la mort à la vie, ils soient purifiés de tout mal. La liturgie est
aussi l’expression visible sur la terre de l’adoration de Dieu invisible qui
est célébrée au ciel, adoration célébrée par les anges et les saints comme nous
l’avons vu dans l’Apocalypse. Nous donc, nous sommes l’assemblée visible des
saints de la terre. Nous rendons visible sur la terre ce qui est pour le moment
invisible au ciel. C’est pourquoi on ne peut pas faire ce qu’il nous plaît dans
une célébration liturgique, parce qu’elle est l’image visible, le décalque
terrestre, de la célébration invisible céleste des anges et des saints.
Cela
a quelques conséquences.
La
première est que nous ne sommes pas n’importe qui : en vertu de notre
baptême nous sommes – bien que pécheurs – les saints de la terre. Notre vocation
est de faire fructifier en nous cette sainteté, pour qu’elle trouve son
épanouissement et son couronnement au ciel.
Du
coup la sainteté n’a pas à voir avec la notion pureté, mais elle a à voir avec
l’intention du cœur : avoir foi en Dieu, espérer sa miséricorde, l’aimer
plus que tout, et notre prochain comme nous-mêmes. C’est cela qui fait la
sainteté. Il suffit que nous ayons l’intention droite du cœur, et l’Esprit
Saint fait le reste. Ainsi un grand pécheur, animé par l’Esprit Saint et
transfiguré par lui, peut rayonner d’une grande sainteté. Par exemple saint
Paul, ou saint Augustin, ou le Bienheureux Charles de Foucault, qui étaient de
grands pécheurs avant qu’ils soient convertis par la grâce de Dieu. On pourrait
ajouter saint Pierre qui a renié trois fois Jésus mais l’a confessé trois fois,
et saint Thomas qui ne croyait pas à sa résurrection mais qui, après avoir mis
son doigt dans la marque des clous et la main dans son côté, a confessé cette
résurrection de Jésus et sa divinité. Ils étaient tous pécheurs. Ils sont tous
saints.
La
troisième conséquence du fait que l’Église de la terre est la partie visible de
toute l’Église, c’est qu’à chaque célébration, la partie invisible de l’Église
qui est au ciel se rend visible sur la terre. Du coup, chaque rassemblement de
prière est une annonce évangélique. On se demande comment évangéliser ?
Qu’on se réunisse pour prier. Jésus l’a dit : « Quand deux ou
trois se réunissent en mon Nom, je suis là au milieu d’eux ». A
fortiori pour une célébration eucharistique où il se rend réellement
présent.
Finalement,
on se demande ce qu’est concrètement la sainteté.
Nous
avons déjà vu qu’elle était en rapport avec les intentions du cœur. Mais Jésus
nous en donne une définition bien plus détaillée dans les Béatitudes. Est saint
celui qui est bienheureux. Donc est saint celui qui est pauvre de cœur, celui
qui est doux, celui qui a faim et soif de la justice… chacun de ceux-là possède
en lui une caractéristique de la sainteté. Et celui qui collectionne toutes les
caractéristiques de la sainteté, c’est Jésus lui-même. Quand il énumère les Béatitudes,
il dessine son propre visage et, à travers lui, le visage invisible de son Père.
Dieu est un pauvre de cœur, c’est-à-dire un cœur innocent. Dieu est doux ;
il a faim et soif de la justice, c’est-à-dire de l’Esprit Saint qui rend juste.
Jésus n’a-t-il pas dit « J’ai soif » quand il était en
croix ? Il a soif de nos prières et de nos bonnes œuvres inspirées par
l’Esprit Saint.
Si
donc nous faisons des Béatitudes notre programme de vie, si nous demandons au
Seigneur son Esprit Saint pour les faire grandir en nous, alors petit à petit
nous allons ressembler de plus en plus à Jésus et à son Père. Alors nous serons
vraiment bienheureux et nous célébrerons en vérité, en communion avec tous les
anges et tous les saints, sur la terre comma au ciel, la gloire de Dieu.