lundi 28 octobre 2019

26-27 octobre 2019 - BEAUJEU - CUGNEY - 30ème dimanche TO - Année C


Si 35,15b-17.20-22a ; Ps 33 ; 2Tm 4,6-8.16-18 ; Lc 18,9-14

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui Jésus continue son enseignement sur la prière. Après nous avoir invités à prier sans nous décourager, il attire maintenant notre attention sur l’état d’esprit dans lequel nous prions. En effet, il peut arriver que le Seigneur n’exauce pas celui qui paraît extérieurement le plus parfait, mais celui qui est imparfait. Car Dieu ne se fie pas aux apparences mais il regarde la pureté du cœur.
Cet enseignement est l’occasion pour nous de faire le point sur la prière. On peut la définir comme un rapport entre Dieu et l’homme.

Il est étonnant d’évoquer la prière en parlant de Dieu d’abord. En effet, on pense souvent que la prière est une activité humaine qui s’adresse à Dieu. Oui, mais c’est Dieu qui en a d’abord l’initiative. La prière est en réalité une réponse.
Et pour cause ! Entre Dieu et l’homme, le premier qui existe, c’est Dieu. Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. La première prière qui doit venir de la part de l’homme, c’est une action de grâce, un « grand merci » pour sa propre existence, pour la création dans laquelle il se trouve, comme un diamant dans un écrin. Il y a de la simple politesse dans la prière, à remercier son créateur.

Mais nous savons que l’idylle entre Dieu et sa créature n’a pas duré très longtemps et qu’assez vite Adam et Eve ont quitté le paradis du fait de leur péché. Hé oui, nous avons été créés libres et donc aussi libres de faire des bêtises. Si nous gardons en nous l’image indélébile de Dieu, pour laquelle nous pouvons toujours le remercier, en revanche nous avons perdu la ressemblance avec lui : nous lui renvoyons l’image d’un visage défiguré par le péché.
Voilà un second motif de prière : la prière du pauvre pécheur, qui a perdu la lumière, l’innocence et la paix, mais qui s’en souvient. C’est la prière du publicain ou celle du fils prodigue. Cette prière n’est pas nulle, loin de là, car lorsqu’elle s’exprime, elle exprime en même temps l’espérance que Dieu est fidèle, qu’il pourra pardonner et nous sauver. Or ces pensées-là viennent du Saint-Esprit. Elles nous viennent aussi par la prédication des prophètes. La prière du pauvre pécheur est une réponse à ces appels, intérieurs et extérieurs, à l’espérance et à la conversion.

Nous qui sommes chrétiens, nous savons que Dieu a répondu à cette prière du pauvre pécheur. En effet, il a envoyé son Fils Jésus dans le monde pour sauver tous les pécheurs. Jésus a donné sa vie sur la croix pour que nous ayons la vie en lui. Il est descendu au séjour des morts pour y chercher tous ceux qui attendaient sa lumière, et il les a ressuscités avec lui pour une vie nouvelle. Jésus, par sa croix, a réouvert le paradis, et il nous y a introduit par le baptême comme ses frères.
Voilà un troisième motif de prière. Il ne s’agit donc, non plus seulement de remercier Dieu pour nous avoir donné la vie, au commencement, mais maintenant de nous avoir restaurés dans son amour après notre péché, et nous avoir ouvert la vie éternelle dans sa gloire. Notre prière, à ce moment, rejoint celle des anges. Il s’agit d’une jubilation, d’une exultation, d’une explosion de joie, qui est aussi une communion d’amour. Et cette prière est encore une réponse à un don gratuit qui vient de Dieu.

Arrivés à cette étape de notre chemin spirituel, notre prière, prend une quatrième forme, sans jamais quitter les précédentes. C’est que, connaissant ce chemin qui mène à la plus grande joie, il ne nous est pas possible d’y demeurer sans que ceux que nous aimons ne puissent nous y rejoindre. Notre prière n’est plus alors pour nous-mêmes, mais pour les autres. Elle se fait alors en quelque sorte missionnaire. Nous prions Dieu pour ceux qui ne savent pas prier ou qui ne savent pas dire merci d’exister, ou qui sont tellement écrasés par leur péché qu’ils n’osent même plus prier, ou ceux qui, bien que pardonnés et illuminés, s’endorment sur leurs lauriers et leur nombril, comme le pharisien de la parabole. La prière missionnaire est encore une fois une réponse à un appel intérieur : c’est lorsque nous avons le cœur grand ouvert, rendu sensible par l’Esprit Saint aux détresses des autres, que nous sentons qu’il nous faut prier pour eux. La prière alors peut aussi se faire action.

Prier Dieu pour le remercier de nous avoir donné la vie dans sa création, pour lui faire part de notre détresse d’être pécheurs, mais aussi de notre foi, de notre espérance et de notre amour pour lui, pour qu’il nous rétablisse dans l’innocence et la paix ; le prier encore dans une explosion de joie pour le pardon et la vie nouvelle qu’il nous donne dans la lumière de la résurrection de Jésus ; et le prier enfin pour ceux qui sont en chemin, qui s’y découragent parfois, ou même qui ne le connaissent pas. Tous ces motifs sont des appels de Dieu et des sujets de conversation intense avec lui. Mais à chaque fois, l’initiative vient de lui. Prier, c’est répondre à ses appels et le remercier pour ses dons.

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