mercredi 9 octobre 2019

06 octobre 2019 - VEZET - 27ème dimanche TO - Année C


Ha 1,2-3 ; 2,2-4 ; Ps 94 ; Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Chers frères et sœurs,

En ces jours, trois inquiétudes assombrissent mon esprit. La première se trouve sur tous les écrans de télévision. Je veux parler de ce démon qui va frapper des innocents jusque dans les lieux les plus sanctuarisés. Nul n’est à l’abri : ni des enfants qui jouent dans la cour de leur école, ni un prêtre qui célèbre l’eucharistie dans son église, ni des policiers qui travaillent dans l’enceinte protégée d’une préfecture. Et l’on cherche à en masquer les causes. Jusques à quand ?
La seconde inquiétude est plus profonde, mais nous en avons tous entendu parler. Je veux parler de la transgression des lois naturelles. Demain – et cela se fait déjà dans certains pays – la technologie et les lois permettront à des enfants de naître sans connaître leurs véritables parents ; elles permettront aussi de choisir les meilleurs au détriment des imparfaits ; elles leur permettront aussi d’être plus fort, plus résistants, plus intelligents peut-être, en leur greffant des éléments d’origine animale. L’homme de demain sera-t-il encore un être humain ? N’aura-t-il pas au moins perdu son âme ?
La troisième inquiétude est celle – pour vous imperceptible certainement, et tant mieux – des conflits qui règnent au plus haut niveau de notre Église. Par-delà la matière des débats – où, par peur des exigences du monde, certains veulent s’accommoder de la Parole de Dieu – c’est la confusion, la division, l’amertume qui affaiblissent la foi, l’espérance et la charité des catholiques, à l’égard du Seigneur et entre-nous. Jusqu’où serons-nous donc mis à l’épreuve ?

Mais il ne nous appartient pas de céder à la sinistrose ni au désespoir : ce n’est pas digne d’un chrétien. Nous sommes les fils et les filles bien-aimés de Dieu. Il nous a créé à son image et à sa ressemblance. Son fils Jésus a donné sa vie sur une croix pour nous ouvrir le ciel. En lui et par son Esprit Saint nous sommes prêtres, prophètes et rois. Et la vie éternelle, le lieu de notre repos et de notre joie, nous est promise. Cependant, il faut trouver pour aujourd’hui ici-bas notre ligne de conduite. Les lectures de ce dimanche nous permettent de la tracer sans hésitation.

Dans l’évangile Jésus établit deux bornes. La première est celle de la puissance infinie de notre foi en Dieu : avec elle, nous avons le pouvoir de déraciner des arbres et de les jeter dans la mer. Comprenons bien de quoi parle Jésus. Il parle du mal, enraciné en nous, dans notre monde, comme un arbre dans la terre. Il a poussé des racines partout, et plus il grandit, plus il devient fort. Mais par la foi, nous pouvons abattre et déraciner le mal, et le jeter dans la mer. Comme Jésus a chassé les démons de l’épileptique dans les porcs, qui se sont jetés dans la mer. Il y a donc en nous une puissance plus forte que tout mal, qui est la puissance même de l’Esprit Saint. Il y a en nous quelque chose d’irréductible, qui est la vie même de Dieu, et que nul ne peut nous retirer.
En revanche – et c’est la seconde borne – ce n’est pas parce que nous sommes marqués par le sceau de Dieu que nous devons nous croire parvenus. Non pas parce qu’il faudrait que Dieu nous rabaisse aussitôt après nous avoir élevé : « Vous êtes mes enfants bien-aimés, mais enfin, vous êtes quand même des serviteurs inutiles. » Ce n’est pas cela que dit Jésus. Il nous dit que, dans ce monde, nous avons à faire ce qu’il nous revient de faire ; et que ce qui nous dépasse, ce qui n’est pas à la mesure de notre action, ou de notre compréhension, c’est de son ressort à lui. Il est le maître. Ce qui importe, c’est que nous fassions notre devoir de chrétien, à notre mesure, à la mesure que Dieu nous donne, et lui s’occupe du reste. En fait, l’enseignement de Jésus n’est pas une humiliation pour nous, mais une libération : nous ne sommes pas chargés du gouvernement du monde ni de son devenir, mais nous avons le devoir d’y rendre le témoignage de l’Évangile. Et vous verrez, qu’après avoir fait notre travail, accompli notre vocation, comme le suggère Jésus, le maître lui-même nous servira à table, dans son Royaume.
Nous sommes marqués du sceau de Dieu, nous avons à témoigner de l’Évangile dans le monde, à temps et à contre-temps, mais quel est-il ? Saint Paul le répète à Timothée : « Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides, que tu m’as entendu prononcer dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus ». Nous n’avons pas à inventer une église nouvelle, mais à transmettre ce que nous avons reçu : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté – dit encore Saint Paul – avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous ». C’est ensemble, en nous confortant mutuellement dans la vérité et dans l’amour, que nous gardons le dépôt de la foi, que nous lisons les Écritures, que nous récitons le Credo et que nous célébrons les sacrements. C’est en communion les uns avec les autres et avec notre évêque, dans un même Esprit. La foi est belle : elle réjouit le cœur des croyants et c’est ainsi que nous l’aimons, car elle ne vient pas de nous, elle n’est pas fabriquée par nous : elle vient du Seigneur lui-même, comme la vie.

Chers frères et sœurs, tout cela le prophète Habacuc l’a dit en une phrase : « Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. » 

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