lundi 21 octobre 2019

19-20 octobre 2019 - CHAMPLITTE - CHANCEY - 29ème dimanche TO - Année C


Ex 17,8-13 ; Ps 120 ; 2Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8

Chers frères et sœurs,

En prenant un exemple de la vie quotidienne, Jésus nous enseigne que nous ne devons pas nous décourager de prier, mais au contraire prier sans cesse jusqu’à ce qu’il vienne. Et c’est cela « avoir la foi », c’est « prier jusqu’à la venue de Jésus, pour obtenir sa justice ».

L’histoire du combat contre les Amalécites montre bien que la prière est puissante et qu’elle a un effet réel dans ce monde. Lorsque Moïse garde les bras levés, dans une attitude de prière, Josué est plus fort que les Amalécites, c’est-à-dire plus fort que les puissances du mal. La prière a pour effet de dominer le mal et d’obtenir la justice.
Mais l’histoire de Moïse montre bien aussi que la prière est une véritable épreuve, durant laquelle on peut se décourager et tout perdre. Ainsi, quand Moïse baisse les bras – c’est le cas de le dire – Josué est dominé par son adversaire et risque de perdre la bataille. Lorsque Jésus dit : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? », c’est comme si Josué se disait – au beau milieu du combat : « Moïse tiendra-t-il le coup, sur la montagne ? »

Comment tenir bon dans la prière jusqu’à ce que Dieu donne la victoire, ou que le juge rende justice, ou que Jésus vienne nous donner sa paix ?
On a vu que Moïse avait besoin d’être aidé par Aaron et Hour. On peut dire qu’il avait besoin d’être soutenu par la pratique régulière de la prière du Temple et par le désir vivant de la sagesse. On sait aussi que Moïse est monté sur la montagne avec le bâton de Dieu, ce bâton avec lequel il avait frappé l’eau de la Mer Rouge pour y faire passer le peuple poursuivi par les Égyptiens. Pour un chrétien, ce bâton, c’est le bois de la croix, avec lequel Jésus a brisé les portes de la mort pour libérer les hommes des puissances infernales et leur réouvrir l’accès à la vie éternelle.
Ainsi donc, le carburant de la prière, c’est la régularité de la pratique religieuse, chez soi et à l’église, l’amour et la recherche de la vérité, et la mémoire de la croix de Jésus, qui est mort et ressuscité pour que nous puissions entrer dans la vie.
C’est ce que dit aussi saint Paul à Timothée. Si tu veux être ferme pour proclamer la Parole de Dieu à temps et à contretemps, tu trouveras des forces dans les Saintes Écritures. En effet, les Écritures nous permettent d’alimenter notre recherche de la vérité comme d’entretenir notre mémoire des actions de Dieu pour nous. Avec nos traditions communautaires et individuelles de prière et notre fréquentation des Écritures, nous avons ce qu’il faut pour durer dans la prière jusqu’à ce que Jésus vienne.

Mais, pour bien comprendre jusqu’au bout l’Évangile d’aujourd’hui, je voudrais ajouter une chose. Jésus n’a pas choisi par hasard la figure d’une veuve pour illustrer sa parabole. On pourrait dire : « il a choisi une veuve, parce que personne ne pouvait prendre sa défense, parce qu’elle était âgée et faible ». Oui, mais pas seulement. Parce qu’une veuve, pour Jésus, c’est la figure de l’Église.
L’Église est dans le monde comme une vieille femme fidèle, pauvre et fragile, qui attend le jour de Dieu où elle retrouvera son époux, ses enfants s’ils sont partis trop tôt, et toute sa famille, c’est-à-dire pour l’Église qui attend de retrouver Jésus son époux, ses enfants qui sont les saints, et tous les anges du ciel.
Comme une veuve, l’Église est aussi dans le monde face à des puissants qui « ne craignent pas Dieu et ne respectent pas les hommes ». Face à ceux qui ne connaissent pas Dieu, et qui sont par conséquence sans humanité, elle ne peut que crier, comme le faisaient aussi les prophètes, jusqu’à obtenir, à défaut de la justice des hommes, celle de Dieu.

Nous avons donc, chers frères et sœurs, avec les lectures d’aujourd’hui, une image de ce que nous sommes en tant qu’Église – une fiancée ou une veuve qui attend son époux avec l’impatience de l’amour – et de ce que nous avons à faire : prier sans cesse jour et nuit pour demander justice, sans nous décourager mais en trouvant des forces dans nos traditions de prière, dans la participation régulière aux offices liturgiques, et dans la fréquentation des Écritures, pour y chercher la lumière de la vérité et entretenir notre mémoire des actions de Dieu dans notre histoire.
Et par-dessus tout, en gardant bien serré dans notre main le Credo, c’est-à-dire le bâton de bois, le bois de la croix de Jésus, par lequel nous passons de la mort à la vie, comme au jour de notre baptême. Alors nous serons forts pour lutter comme Josué contre les puissances du mal et comme Timothée pour proclamer l’Évangile du Christ à temps et à contre-temps, dans un monde qui est d’autant plus inhumain qu’il ne connaît pas Dieu.
Et nous nous souviendrons aussi que le plus beau nom de la veuve dont parle Jésus, c’est Marie.

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