Lv
13,1-2.45-46 ; Ps 31 ; 1Co 10,31-11, ; Mc 1,40-43
Chers
frères et sœurs,
Nous
poursuivons notre lecture de l’Évangile selon saint Marc. Depuis le martyre de
Jean-Baptiste, Jésus poursuit son activité d’enseignement, de guérison et
d’exorcisme. Avec ses disciples, il parcourt toute la Galilée.
Aujourd’hui
un lépreux vient voir Jésus. Il se prosterne et lui dit : « Si tu
veux, tu peux me purifier. » Dans ce geste et cette parole, il y a
deux signes considérables : pour le lépreux, Jésus est prêtre, et Jésus
est Dieu.
Premièrement,
il est prêtre, car la Loi de Moïse prescrit aux lépreux de se présenter aux
prêtres pour l’examen de leur maladie et, quand ils sont guéris, pour procéder ensuite
au rituel d’offrande d’action de grâce à présenter à Dieu. Notons ici que le
lépreux vient demander à Jésus la purification complète, c’est-à-dire non
seulement la guérison mais aussi l’offrande pour l’action de grâce. Jésus
accomplit la première demande, mais il renvoie le lépreux guéri au Temple de
Jérusalem, qui est le seul lieu de culte légitime.
Deuxièmement,
pour le lépreux, Jésus est aussi et surtout Dieu, puisqu’il lui dit :
« Si tu veux… tu peux me purifier. » Cela se passe de
commentaires.
Devant
cette demande, et probablement l’état lamentable de cet homme qui place toute
son espérance en lui, Jésus est bouleversé une première fois. Notre texte
dit : « Saisi de compassion ». Mais non… c’est bien plus
que cela dans le texte grec ! : Jésus est « remué jusqu’aux
entrailles », jusqu’au « plus profond de lui-même », comme pour
la résurrection de Lazare ! À travers ce lépreux, Jésus qui est Dieu
entend le cri de l’homme perdu, la brebis perdue, qui du plus profond de ses
ténèbres s’adresse à son Dieu : « Si tu veux, tu peux me purifier » ;
tu peux me sauver ! Et c’est ce que Jésus va faire : il vient au
secours de cet homme.
Juste
après la guérison du lépreux, et avant qu’il ne l’envoie au Temple pour
l’offrande d’action de grâce, Jésus cependant, est bouleversé une seconde fois.
Notre texte dit : « Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui
disant… » Mais le texte grec est beaucoup plus fort ! Il faudrait
lire : « Frémissant de colère à cause de lui, aussitôt il le jette
dehors, en lui criant après… » On dirait qu’il chasse les marchands du
Temple ! Comment expliquer cette réaction violente de Jésus, d’autant plus
qu’il interdit au lépreux de raconter le miracle, tant que les prêtres n’auront
pas fait l’offrande ?
Chers
frères et sœurs, il faut ici mettre les lunettes de l’Esprit Saint pour
comprendre. Jésus n’est pas venu pour soigner l’homme superficiellement, mais
pour le libérer totalement.
Premièrement,
il ne soigne pas les effets, mais guérit les causes. Or la cause du malheur de
l’homme, c’est sa désobéissance, son orgueil, son manque de foi en Dieu.
Justement ce que demande Jésus au lépreux, c’est de lui obéir.
Deuxièmement,
Jésus vient pour vaincre et chasser le diable et ses démons, qui asservissent
l’homme par leurs tentations. C’est ainsi que la violence des paroles de Jésus
s’adresse justement au diable et à ses démons : Dieu fait preuve
d’autorité sur l’homme pour que le démon n’y revienne pas, pourvu que l’homme
obéisse à Dieu. Or, le signe que le diable et ses démons ont été vaincus, après
que l’homme ait été libéré, c’est que les prêtres puissent faire l’offrande
d’action de grâce.
Et
voilà chers frères et sœurs, ce qui se cache derrière la rencontre entre Jésus
et le lépreux, c’est l’histoire de la réconciliation entre Dieu et l’homme.
Jésus,
bouleversé jusqu’aux entrailles, par sa mort et sa résurrection, a sauvé,
libéré l’homme lépreux, Adam, enfermé au plus profond des enfers. C’est Pâques.
Ensuite,
ayant ressuscité cet homme, il lui a demandé de lui obéir comme au premier jour
et de faire de sa vie désormais une offrande d’action de grâce. En même temps,
avec violence, Jésus a écarté le diable et ses démons pour qu’ils ne reviennent
plus importuner cet homme. Ce mouvement d’offrande de l’homme ressuscité vers
le ciel en même temps que chutent les démons, c’est l’Ascension.
Alors,
l’offrande ayant été faite par le prêtre, selon la Loi, c’est-à-dire au plus
haut degré par Jésus lui-même, l’histoire de la guérison de l’homme lépreux
peut devenir un témoignage : c’est-à-dire l’annonce de l’Évangile à toutes
les nations. C’est la Pentecôte.
Chers
frères et sœurs, nous tous qui avons été purifiés au jour de notre baptême, et
qui dans la foi obéissons au Christ Jésus, nous offrons aujourd’hui – par mon
humble service – le sacrifice d’action de grâce, l’eucharistie. Ainsi comme l’a
dit et demandé Jésus, toute notre vie chrétienne est un témoignage.