lundi 1 mars 2021

28 février 2021 - AUTREY-lès-GRAY - 2ème dimanche de Carême - Année B

Gn 22,1-2.9-13.15-18 ; Ps 115 ; Rm 8,31b-34 ; Mc 9,2-10
 
Chers frères et sœurs,
 
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Lorsque Jésus nous a enseigné cela, il nous a donné le secret de sa mort sur la croix. Ce secret, c’est l’amour que Dieu a pour nous, malgré tous nos péchés et nos faiblesses : Dieu est prêt à donner sa vie pour nous – et il l’a fait – pour que nous puissions entrer avec lui dans sa communion.
 
Cette communion a été rendue visible lorsque Jésus a été transfiguré, en compagnie de Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, mais aussi en présence du Père dont on entend la voix, et de l’Esprit Saint qui s’est manifesté par la lumière éclatante et par la nuée. Tous sont en communion les uns avec les autres, dans cette même gloire, dans ce même amour.
Lorsque nous ressusciterons, nous serons comme un apôtre de plus, sur cette montagne sainte. Mais il n’y a pas besoin d’attendre : si le Seigneur le veut, par son Esprit Saint, il peut déjà maintenant nous y faire participer. Car croyez-vous qu’à la Transfiguration Jésus ait changé, qu’il se soit allumé comme une ampoule ? Pas du tout. Jésus est le même à chaque instant : homme et Dieu. Ce qui a changé, c’est le regard des apôtres sur lui : l’Esprit Saint a ouvert leurs yeux et ils ont vu comment est Jésus réellement : il est toujours homme et Dieu, glorieux et plein d’amour, en communion avec tous les saints, ici représentés par Moïse et Elie. Ce que l’Esprit Saint a fait pour les apôtres, il peut aussi le faire aujourd’hui ou demain pour chacun d’entre nous.
Ainsi donc la communion a été rendue visible aux Apôtres. Ils y ont même participé. Il en a été ainsi pour que leur foi ne s’éteigne pas lors de la passion et de la mort de Jésus ; quand Jésus sera mené au sacrifice, comme un agneau, sur la croix, pour y donner sa vie.
 
Le propre de l’amour est de donner notre vie les uns pour les autres. Or donner sa vie, c’est l’offrir gratuitement. Mais c’est aussi, pour soi, d’une certaine manière, en faire le sacrifice. Nous retrouvons ici l’histoire d’Abraham et d’Isaac.
 
Au temps d’Abraham, la religion la plus répandue dans le pays imposait aux parents le sacrifice de leur fils premier-né, pour s’attirer les soi-disant bénédictions du dieu Baal. Les sacrifices humains offerts à une idole, dans l’espérance d’une assurance-vie meilleure, étaient pour la plupart des gens un passage obligé.
Notre Dieu est opposé à cette pratique. Il avait pourtant demandé cela à Abraham, dans un premier temps. Mais c’était une épreuve : « Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions » Le geste d’Abraham a été arrêté, mais dans son cœur, il avait déjà accompli le sacrifice d’Isaac, parce qu’il aimait Dieu, parce qu’il lui obéissait et qu’il avait foi en lui, malgré tout, malgré l’énormité de cette demande. Par cette épreuve, Dieu a appris à Abraham que les sacrifices du cœur, par amour, sont bien plus importants à ses yeux, et bien plus efficaces, que des sacrifices humains, même de son fils le plus chéri, de son « fils unique ».
Or voyez-vous, chers frères et sœurs, lorsqu’on a traduit « fils unique » de l’hébreu en grec on l’a d’abord traduit par « fils bien-aimé ». Il y a donc un rapport entre Isaac, « fils unique » d’Abraham, et Jésus, « fils bien-aimé » de Dieu. Sauf que le premier a été sauvé, et Dieu a donné un bélier pour le remplacer, tandis que le second – Jésus – est bien mort sur la croix. Là il n’y a eu ni ange pour le sauver, ni bélier pour le remplacer. Et en effet, parce que le bélier, ou l’agneau, qui a remplacé Isaac, c’est Jésus. Pour remplacer Isaac, fils d’homme, Dieu a donné Jésus, fils de Dieu, Agneau de Dieu.
Voyez-vous chers frères et sœurs, Dieu nous aime tellement qu’il nous donne tout jusqu’à son fils bien-aimé – son fils unique – pour nous sauver, nous pardonner et nous ramener dans sa communion d’amour. Ce que Dieu n’a pas accepté d’Abraham, il l’a fait lui-même pour nous. Avec une nuance importante : Jésus est mort, non pas de la main de son Père, mais de la main des hommes sous les yeux de son Père, car le Dieu d’amour ne peut pas tuer par amour. Mais il peut ressusciter par amour, ce qu’Abraham ne pouvait pas faire. Parce que seul l’amour de Dieu est plus fort que la mort.
 
Comme Isaac, Jésus a accepté librement ce chemin de croix – c’était à Gethsémani : « Père non pas ma volonté, mais la tienne ». Car il savait que cette volonté était de nous rétablir dans sa communion d’amour. Non seulement Jésus avait foi dans son Père, mais il l’aimait et il nous aimait aussi, comme il nous l’a dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Et il l’a fait.

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