Introduction
Chers
frères et sœurs,
Lorsque
la montée de Jésus à Jérusalem a eu lieu, ses disciples n’ont pas compris ce
qu’il se passait, sur le moment. Lorsque des événements arrivent nous n’en
comprenons pas le sens immédiatement. Il nous faut du temps, et il nous faut la
lumière de l’Esprit Saint.
C’est
vrai aussi pour notre présence ici, ce matin à Vezet, pour la messe des
Rameaux. Elle n’est pas neutre ; elle n’est pas insignifiante, ni aux yeux
des hommes, ni aux yeux de Dieu.
Aux
yeux des hommes, nous montrons qu’il existe toujours des disciples de Jésus,
qui lui sont fidèles, parce qu’ils ont foi en lui. Et c’est pour cela que nous
sommes là.
Aux
yeux de Dieu, nous participons dès maintenant à l’assemblée des saints et des
anges qui acclament Jésus dans son ascension vers son Père et notre Père, dans
sa gloire. Nous sommes déjà des citoyens ciel.
Mais
Jésus marche vers sa Passion, vers le don de sa vie par amour, pour sauver la
nôtre. Il nous ouvre le chemin qui va de la mort à la résurrection, des
ténèbres à la lumière, de la tristesse à la joie. Et c’est pourquoi ce chemin
vers la Passion est pour nous aujourd’hui une fête.
Et
maintenant, chers frères et sœurs, avançons, comme les foules de Jérusalem,
heureuses d’acclamer le Messie.
Homélie
Chers
frères et sœurs,
La
Passion de Jésus fait tomber les masques. Comme le chantait la sainte Vierge
Marie dans son Magnificat : « Il renverse les puissants de leurs
trônes, il élève les humbles ». Et c’est bien ce qui est arrivé
aujourd’hui. Qui est resté avec Jésus jusqu’au bout. Jusqu’au bout du
bout ?
Celui
qui avait le plus de pouvoir, Pilate, l’homme de l’Empereur Romain, le maître
du monde civilisé, l’a lâchement abandonné, condamnant Jésus et relâchant
Barrabas par peur de la foule.
La
foule, sans laquelle il n’y a pas de pouvoir politique, la même qui acclamait
Jésus pour les Rameaux, est la même qui a suivi les consignes des grands
prêtres, des scribes, et des anciens. Elle s’est laissé manipuler par eux, foule
soumise à l’air du temps, menée par le bout du nez.
Les
grands prêtres, les scribes et les anciens, eux-mêmes ont lâché Jésus :
« Il vaut mieux qu’un seul meure pour tout le peuple » avait
dit Caïphe. Lui, le Grand Prêtre, était donc capable de trahir son Dieu pour
sauvegarder ses intérêts et ceux des siens.
Saint
Pierre, qui lui aussi est Grand Prêtre dans l’Église de Jésus-Christ, lui qui
est la Pierre sur laquelle l’Église est édifiée par l’Esprit Saint ; lui
aussi a trahi son Dieu par peur d’une petite servante : « Je ne
connais pas cet homme dont vous parlez ». Quant aux autres apôtres,
ils ont carrément disparu, et on ne les entend plus. Où sont-ils donc les beaux
parleurs, les bergers du troupeau du Seigneur, ceux qui disaient : « Même
si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas ! »
Alors,
qui donc est resté avec Jésus jusqu’au bout, jusqu’au bout du bout ? Ceux
– ou plutôt celles, qui n’ont aucun pouvoir : les deux Marie : Marie
Madeleine qui aimait Jésus, et Marie, mère de José et de Jacques. Deux femmes,
considérées pour rien parmi les hommes, et qui sont si petites qu’elles ont pu
rester au pied de la croix de Jésus sans que personne ne les en empêche. Elles,
elles n’ont pas eu peur. Simplement, elles avaient la foi.
Et
ce n’est donc pas pour rien que ce seront justement ces petites femmes qui
seront les premières à apprendre la bonne nouvelle de la Résurrection ! Ainsi
en a jugé le Seigneur : dans son Royaume, « Les premiers seront
les derniers, et les derniers seront les premiers ».