Jr
31,31-34 ; Ps 50 ; Hb 5,7-9 ; Jn 12,20-33
Chers
frères et sœurs,
Il
est quand même étonnant ce choc entre la première lecture, où Dieu annonce
qu’il va pardonner à son peuple et mettre sa Loi au plus profond d’eux-mêmes,
qu’il va l’inscrire sur leur cœur, et l’Évangile, où Jésus annonce que son
Heure est venue, où il va donner sa vie, cette Heure qui est aussi celle du
jugement de ce monde.
On
peut – et on doit d’ailleurs – en conclure que le jugement de Dieu, c’est le
pardon pour les pécheurs. Et que Dieu inscrit sa Loi dans leurs cœurs, en
donnant sa vie pour eux sur la croix. Car la Loi du Seigneur, c’est la Loi de
l’amour, la Loi de la communion : « Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ; et ton
prochain comme toi-même. » Voilà le commandement qui définit bien ce
qu’est la communion.
Jésus
comprend que son Heure est arrivée quand des Grecs venus adorer Dieu à
Jérusalem demandent – par l’intermédiaire de Philippe et André – de pouvoir le
voir. D’abord, il faut se mettre d’accord sur les Grecs en question. Ce ne sont
pas des païens, mais des Juifs Grecs, qui parlent Grec, qui viennent pour la
Pâque au Temple de Jérusalem. Ce sont des Juifs de la Diaspora. Comme ils ne
parlent pas araméen, ils s’adressent aux deux apôtres qui ont des noms grecs :
Philippe – « celui qui aime les chevaux », et André – qui veut dire
« homme ». Philippe et André, qui sont de Galilée, parlent
certainement suffisamment bien le grec pour servir d’interprètes à ces juifs
venus de Grèce ou d’Anatolie, aujourd’hui en Turquie.
A
cette époque, et déjà depuis plusieurs siècles auparavant, il y a des juifs
partout dans le monde connu : la Syrie, Babylone, et au-delà, vers l’Inde
et la Chine ; Alexandrie, l’Égypte et la Lybie ; Carthage ou Tunis
aujourd’hui et l’Afrique du Nord ; la Grèce et l’Anatolie ; mais
aussi Rome, bien sûr, et sans doute l’Espagne, et aussi dans les Gaules, Bordeaux,
Arles et Vienne au sud de Lyon.
Dès
lors qu’il apprend qu’un juif de la Diaspora veut le voir, cela signifie pour
Jésus qu’il touche au moment où tous ces frères dispersés de par le monde, vont
être atteints par l’Évangile et qu’ils vont commencer à être rassemblés en un
seul corps, celui de l’Église. Jésus, à travers ces quelques juifs grecs qui
viennent le voir, voit donc déjà par avance l’événement de la Pentecôte, où les
Apôtres, par l’inspiration de l’Esprit-Saint, vont se mettre à parler en
langues, pour annoncer l’Évangile à toutes les nations.
C’est
pour cela que Jésus dit que « c’est l’Heure ». Parce que, pour que la
Pentecôte ait bien lieu, il faut d’abord passer par la Pâque, c’est-à-dire sa
mort et sa résurrection. Évidemment, pour Jésus, ce n’est pas d’abord une
partie de plaisir, même si il sait que c’est pour notre bien à tous.
Chers
frères et sœurs, aujourd’hui l’Heure de Jésus continue. Elle n’est pas derrière
nous. Elle est aussi maintenant. Car, lorsque nous voyons des personnes nous
demander à voir Jésus, nous devons nous dire que c’est notre Heure. C’est à
nous maintenant de tout donner – le meilleur de nous-mêmes – pour qu’ils soient
eux avec nous, et nous avec eux, dans l’amour de notre Dieu – dans une
communion d’amour parfaite. Alors nous serons profondément heureux. Et nous
saurons vraiment ce que signifie : « Je mettrai ma Loi au plus
profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. »