lundi 22 mars 2021

21 mars 2021 - BESANCON - Cathédrale Saint-Jean - Conférence de Carême 2 - Faites cela en mémoire de moi

Carême Cathédrale Besançon 2021 – 2 – 5ème dimanche de Carême – 21 mars 2021
 

« FAITES CELA EN MÉMOIRE DE MOI » (Lc 22, 19 ; 1co 11, 25).
Pourquoi Jésus nous demande-t-il de célébrer la messe ?
 

Chers frères et sœurs,
 
 « Pourquoi Jésus nous demande-t-il de célébrer la messe ? » Il est difficile de donner une réponse claire et juste à cette question. Il me semble qu’il est impossible de prétendre pouvoir tout dire sur l’Eucharistie, et encore moins, pour moi, de pouvoir dire positivement ce qu’elle est. Et c’est normal : car elle est vie et source de vie. Elle est comme le soleil et sa lumière, impossible à fixer et à saisir.
Néanmoins, nous pouvons quand même dire un certain nombre de choses. C’est comme pour une roue de Comté : le fromager ne peut pas dire comment chaque partie de la roue est faite, mais il peut au moins faire des sondages. C’est donc ce que nous allons faire.
Je vous propose quatre regards sur l’Eucharistie, en tâchant toujours d’essayer de comprendre pourquoi le Seigneur a dit à ses Apôtres : « Faites cela en mémoire de moi. » Le premier s’intitule : La messe est un don de Dieu ; le second : La messe est une catéchèse ; le troisième : La messe est le mémorial du Grand Pardon ; et enfin le dernier : La messe est une théophanie.
 
I – La messe est un don de Dieu.
 
Spontanément, lorsque l’on pense à la parole de Jésus « Faites cela en mémoire de moi », nous pensons que Jésus a fait le devoir à ses Apôtres de célébrer la messe. De fait, c’est bien dans cet esprit que nous avons formulé la question de nos conférences : « Pourquoi Jésus nous demande-t-il de célébrer la messe ? » Et cela résonne parfaitement avec l’idée qu’aller à la messe le dimanche constitue notre « devoir dominical ».
 
Alors, oui, en effet, il y a bien une forme d’obligation pour nous, baptisés, de nous assembler pour célébrer l’eucharistie.
D’une part parce que c’est le moyen que nous avons reçu du Seigneur pour le remercier pour la vie et le pardon qu’il nous a offert en Jésus Christ. Célébrer l’eucharistie – c’est-à-dire l’action de grâce – est en effet la manière la plus parfaite de lui dire « merci ». Beaucoup de fidèles le savent très bien, qui offrent des messes d’action de grâces, justement, pour de multiples dons reçus de la part du Seigneur. Ainsi, s’assembler pour célébrer la messe, c’est d’abord savoir faire preuve de reconnaissance, et partant, de politesse à l’égard du Seigneur, tout simplement. C’est ce que l’on appelle en théologie la « vertu de religion », et elle est fondamentale.
D’autre part, la célébration de la messe est aussi un devoir, car notre vocation, en tant que baptisés, est d’offrir au Seigneur des prières pour toute l’humanité, comme des prêtres, pour notre famille, nos voisins, nos collègues, nos amis, notre village, notre pays… et au-delà, pour ceux qui souffrent, ceux qui sont persécutés, etc. Si nous chrétiens, nous ne venons pas à la messe pour présenter ces intentions au Seigneur, pour qu’il s’en souvienne et les transfigure dans sa lumière, qui le fera ?
 
Cependant, est-on bien sûr que Jésus a réellement parlé dans un esprit d’obligation, quand il a dit à ses Apôtres : « Faites cela en mémoire de moi ? ». Est-ce donc que Jésus avait déjà anticipé sur la multitude des chrétiens qui ont du mal à se lever le dimanche matin ? Est-ce que la messe est donc vraiment si ennuyeuse que Jésus doive nous y obliger ? Je dénonçais, la semaine dernière, quelques graves défauts de notre mentalité religieuse, mais n’en sommes-nous pas victimes ici aussi ?
 
Et si, en célébrant la sainte Cène, Jésus avait révélé quelque chose d’extraordinaire à ses Apôtres ? À tel point qu’ils auraient pu avoir envie de faire eux-aussi comme lui, sans oser le dire. Et si alors, parachevant son geste de générosité et répondant à leur désir caché, Jésus leur avait enjoint de l’imiter, en disant justement : « Faites cela en mémoire de moi » ? Ce n’est plus un devoir, dans ce cas, évidemment, mais c’est une fête ! Vous comprenez que – si l’on regarde la célébration eucharistique comme un don inestimable, et qu’on a reçu du Seigneur la faculté de la reproduire librement, comme lui-même l’a célébrée – alors il ne peut plus s’agir d’une obligation, mais d’un talent précieux, à faire fructifier. Et quel honneur et quel bonheur pour tous les baptisés de pouvoir en faire partie ! « Si tu savais le don de Dieu », mon cher ami, tu serais debout pour aller à l’église tous les dimanches matin, sans même y réfléchir.
 
Alors, finalement, « Faites cela en mémoire de moi. » : obligation ou bénédiction ? Nous voyons bien ici à quel point, les idées préconçues que nous avons nous empêchent de percevoir la réalité. Et c’est là la grande difficulté de l’homme pécheur : il nous faut bien prendre conscience que notre compréhension actuelle est partielle, sinon partiale, et que notre jugement est altéré.
C’est ainsi, chers frères et sœurs, que ce n’est pas pour rien qu’en début de chaque messe, après avoir fait le signe de croix qui nous introduit dans l’espace-temps de la liturgie, en présence du Seigneur, immédiatement nous avons besoin de faire un acte de pénitence. Car devant le Don de Dieu, nous sommes indignes et nous avons besoin – pour le recevoir correctement – de son pardon.
 
II – La messe est une catéchèse.
 
Pensez-vous un instant, chers frères et sœurs, que le Seigneur va nous laisser dans l’incertitude, l’indignité, l’altération du jugement, ou le péché ? Certainement pas, car c’est lui qui nous a créés et façonnés par son Esprit-Saint et selon sa Parole, à son image et à sa ressemblance. Notre Père a donc la ferme volonté de nous illuminer et de nous réintégrer dans sa communion glorieuse – si nous le voulons bien. Car il nous a créés libres. C’est pourquoi le Seigneur doit procéder avec précaution, prenant tout le temps nécessaire, pour nous accoutumer à la simplicité de sa présence, et lui, s’accoutumer à la complexité de notre humanité. C’est comme pour une blessure : il faut la soigner avec délicatesse et patience. Ainsi le Seigneur fait-il avec nous. Et c’est une catéchèse.
 
L’un des plus beaux récits de catéchèse est celui des disciples d’Emmaüs, que vous connaissez par cœur. Nous voyons bien combien les deux disciples sont dans l’incompréhension après la mort de Jésus et plus encore après l’annonce de sa résurrection. Par leur propre réflexion humaine, leur idées, ils n’arrivent pas à expliquer ce qu’il s’est passé, et ils s’échauffent.
Le Seigneur Jésus les rejoint et fait le chemin avec eux, c’est-à-dire qu’il les accompagne autant de temps que nécessaire. Alors – dit l’Évangile – « partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait ». Les disciples confesseront, à la fin : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » Précisons que lorsque saint Luc mentionne ici l’Écriture ou les Écritures, il s’agit de la Loi de Moïse et des prophètes, ce que nous appelons l’Ancien Testament.
Et ce n’est qu’après ce temps de catéchèse que le Seigneur, ayant jugé que l’heure était venue, leurs yeux purent s’ouvrir, le reconnaître ressuscité à la fraction du pain, le confesser comme homme et Dieu, et comprendre enfin le sens prophétique des Écritures. Tout leur a été donné en même temps, dans la même illumination.
 
Plusieurs observations doivent être faites à partir de ce récit.
Premièrement nous voyons que par nos seules idées humaines, nous ne pouvons pas accéder à la connaissance de Jésus-Christ et du mystère de Dieu qu’il manifeste : nous avons besoin de nous appuyer sur les Écritures, et nous avons besoin de Jésus lui-même, de son Esprit-Saint. Il est la clé de la connaissance, et la seule. Or ce qui est vrai pour la compréhension du Christ Jésus, l’est également pour la liturgie et particulièrement pour la messe : sans l’enracinement dans les Écritures et sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas les comprendre.
Cependant, deuxièmement, la messe elle-même nous offre cette ouverture aux Écritures. C’est la fonction du temps des lectures de l’Ancien Testament, du Psaume, du Nouveau Testament, de l’Évangile même, et de l’homélie. De fait, le prêtre qui prononce l’homélie fait ce que faisait Jésus avec les disciples d’Emmaüs : il ouvre les Écritures aux fidèles. On espère que leur cœur est tout brûlant en eux, quand ils entendent le sermon ! Mais cela, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint.
Troisièmement, lorsque Jésus parcourt les Écritures, la Loi de Moïse et les Prophètes, avec ses disciples, c’est comme s’il reparcourait avec eux toute l’histoire du Peuple d’Israël. Je veux dire par là que toute l’histoire d’Israël est déjà une catéchèse en action : elle est la catéchèse vivante, écrite par Dieu avec les hommes, où Dieu soigne leur blessure originelle, avec précaution et patience. Ainsi donc, l’Histoire du salut, les Écritures, et le temps des lectures à la messe, c’est tout un et leur fréquentation constitue, avec l’Esprit Saint, la condition préalable pour pouvoir ouvrir les yeux sur la réalité du mystère de Dieu.
Par conséquent, quatrièmement, la liturgie est elle-même sa propre catéchèse. Elle l’est du point de vue du temps, comme nous l’avons vu : le temps des lectures est un temps de catéchèse. Mais elle l’est aussi du point de vue de l’espace. Si le premier temps, celui du don de Dieu et de notre incapacité à le comprendre et à le recevoir, correspond au narthex de l’église ; le second temps plus long, celui des lectures, correspond à la longueur de la nef, scandée par autant de centaines d’années que de bancs. Dans une église, il y a une correspondance entre l’espace et le temps : rien n’est laissé au hasard.
 
Nous arrivons donc à cette conclusion que si nous voulons accueillir en nous le don de Dieu à sa juste valeur, il faut vouloir en être. Lorsque Jésus dit « Faites cela en mémoire de moi », on peut donc entendre non pas seulement une obligation ou une bénédiction, mais aussi une nécessité vitale. C’est comme s’il nous disait : « Vous, les chrétiens, célébrez la messe, afin que les hommes pécheurs puissent entrer à leur tour dans mon mystère. » Et justement, ce mystère, quel est-il ? Que Jésus a-t-il donc voulu dévoiler aux disciples d’Emmaüs ?
 
III – La messe est le mémorial du Grand Pardon
 
Lorsque Jésus a célébré la sainte Cène, avant sa Passion, faisant du pain son Corps livré pour nous, et le vin son Sang, Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui est versé pour nous et pour la multitude en rémission des péchés, il a donné lui-même l’explication de ce que la messe est, en son cœur : le pardon des péchés par la Passion de Jésus, sa mort, sa résurrection et son ascension auprès du Père.
L’œuvre du Christ, après avoir catéchisé et soigné les blessures, est de nous acquérir le grand pardon de Dieu et par lui nous rétablir dans l’intelligence et la jouissance du don initial de Dieu.
Comment Jésus s’y prend-il ? En accomplissant par lui-même, en tant que prêtre et offrande, le rituel du Grand Pardon, tel qu’il était célébré dans le Temple de Jérusalem, selon la Loi reçue du Seigneur par Moïse au Mont Sinaï.
 
Il y a ici un écueil auquel nous avons du mal à échapper. Nous pensons que Jésus a dû se conformer aux rites reçus de Moïse, qui étaient des préfigurations. Et assez rapidement, nous pensons que Jésus les as accomplis, pour les abolir en même temps. Et que l’on peut tourner la page de l’Ancien Testament.
Mais ce n’est pas exact. Lorsque Moïse a déterminé les règles liturgiques du Temple de Jérusalem, c’est en fonction de ce qu’il avait vu dans sa vision au Mont Sinaï. Il a vu ce qui est éternellement dans la gloire de Dieu : la liturgie céleste des saints et des anges, la même liturgie qu’a vue et décrite saint Jean dans l’Apocalypse, qui est la liturgie de l’unique Église du ciel et de la terre. Pour le dire de manière plus grossière : Moïse a vu… la messe. Et la liturgie du Temple en est donc une imitation.
 
Il y a, chers frères et sœurs, une parenté génétique entre la liturgie du Temple et la liturgie de l’Église qui est la même au ciel et sur la terre. C’est la raison pour laquelle les églises ressemblent au Temple de Jérusalem.
Elles sont séparées en deux espaces : par le voile dans le Temple, par les marches et le banc de communion dans les églises latines, par l’iconostase dans les églises orientales. D’un côté, nous avons le lieu où se tiennent les lévites qui viennent offrir l’encens à Dieu, qui est le même lieu où se tiennent les baptisés qui offrent à Dieu l’encens de leur prière. De l’autre côté, nous avons le Saint des Saints, où est installée l’Arche d’Alliance sur laquelle repose la Présence du Seigneur, lieu dans lequel le Grand Prêtre entre une fois par an pour la liturgie du Grand Pardon. Dans l’Église, le Saint des Saints, c’est le chœur, où est installé l’autel sur lequel reposent le Corps et le Sang de Jésus, sa présence réelle, le lieu où l’évêque célèbre chaque dimanche l’eucharistie, conformément à la demande de Jésus. Dans le Temple, nous avons le grand chandelier à sept branches, que nous trouvons aussi dans les églises : six cierges sur l’autel pour les solennités, et un septième quand l’évêque est présent, parce qu’en lui se trouvent tous les dons du Saint-Esprit, parce qu’il représente liturgiquement le Christ.
Tous ces espaces et objets liturgiques, le sacerdoce des fidèles et celui des évêques et des prêtres, la prière eucharistique, ont pour fonction de rendre visible la véritable liturgie réalisée par Jésus. Car c’est lui le véritable Grand Prêtre qui, s’étant offert lui-même comme agneau sans tache pour le pardon des péchés, franchit le véritable voile du Temple, celui qui sépare la terre et le ciel, pour entrer dans le vrai Saint des Saints, c’est-à-dire le ciel. Là, acclamé par les anges, Jésus va tout remettre entre les mains de son Père, s’asseoir à sa droite sur son trône, et obtenir de lui sa bénédiction pour nous tous. Cette bénédiction, ce sont les flammes de feu de la Pentecôte répandues sur les disciples, et c’est aussi la communion que les fidèles viennent recevoir gracieusement, aux portes du ciel.
 
Pardonnez-moi chers frères et sœurs, je vais vite, mais vous avez compris que l’histoire de Dieu et de l’homme, la liturgie du Temple, la mission de Jésus, la liturgie céleste et la messe, sont comme des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres, ce sont des rituels, des événements, des vocations et des réalités qui s’expliquent les unes par les autres.
Ainsi donc, lorsque Jésus dit à ses Apôtres : « Faites cela en mémoire de moi », il ne leur demande pas simplement de rompre le pain et de bénir la coupe, il les fait entrer comme lui, comme grands prêtres, dans le Saint des Saints, non seulement d’un point de vue liturgique, mais aussi par leur vie entière, jusqu’au martyre. Souvenez-vous : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? »
Nous voici arrivés en quelque sorte à la croisée des chemins où tout converge et tout se noue. Dans l’Église, c’est la croisée du Transept. L’homme, venu du fond de l’église en procession, comme du fond des âges, après une longue marche, présente ses mains de pauvre pécheur au prêtre qui lui présente le Corps du Christ, c’est-à-dire son pardon obtenu par Jésus, et la communion retrouvée avec Dieu et tous les saints.
 
IV – La messe est une théophanie
 
Il me reste, chers frères et sœurs, un dernier mot à vous dire. Vous pouvez penser que tout ce que je viens de dire est bien beau, voire trop beau. Et vous dire : « Est-ce que toute cette liturgie n’est pas entièrement symbolique ? En quoi la messe est-elle réellement la liturgie du ciel, et – pour tout dire – le pain et le vin réellement le Corps et le Sang de Jésus ? » Vous avez raison. Si nous voulons passer du symbole à la réalité, il faut aller jusqu’à cette question essentielle.
 
Vous souvenez-vous, chers frères et sœurs, de la Transfiguration de Jésus ? Pierre, Jacques et Jean montent avec lui sur la Montagne. Et là, il est transfiguré devant eux. Ses vêtements deviennent éblouissants. Il est en conversation avec Moïse et Elie à propos de sa Passion qui doit venir. Pierre essaye de balbutier quelque chose, dit des bêtises, quand la voix du Seigneur se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé – écoutez-le ». Et soudain, il se retrouvent avec Jésus, seul. 
 
Que pensez-vous de ce phénomène ? Jésus s’est-il allumé comme une ampoule ? C’est ce que nous pensons spontanément, comme nous attendons spontanément que le pain et le vin changent d’apparence lors de la consécration. Or, comme cela ne se fait pas, nous pensons que la consécration est symbolique. Et de même pour la transfiguration de Jésus : cela doit être un récit symbolique. Et de même ses apparitions, après sa résurrection, elles sont également symboliques. Tout se tient.
 
Mais ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. Jésus ne s’est pas allumé comme une ampoule : il n’a pas changé. Il est toujours le même depuis son incarnation ; il est toujours homme et Dieu. Toujours. Et il est toujours en communion avec son Père, par l’Esprit Saint. Ils ne sont jamais séparés. Jamais. D’ailleurs, les démons, qui sont des anges déchus, quand ils sont confrontés à Jésus, le reconnaissent immédiatement : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Les anges et les démons voient parfaitement qui est Jésus. Alors que s’est-il passé à la Transfiguration ?
C’est que, tout simplement, ce sont les yeux des Apôtres qui, le temps d’un instant, ont vu comme voient les anges Jésus tel qu’il est toujours : il est l’homme Jésus et il est le Verbe de Dieu glorieux. Et ils l’ont vu en compagnie de Moïse et Elie. C’est-à-dire qu’ils ont partagé la même vision de la gloire divine qu’a eu Moïse au Mont Sinaï et Elie au Mont Horeb.
 
Alors, chers frères et sœurs, pour ce qui concerne le pain et le vin consacrés, si le Seigneur décidait de nous ouvrir les yeux un instant, nous les verrions donc aussi éblouissants que Jésus lors de sa Transfiguration. Et nous serions immédiatement mis par l’Esprit Saint en communion avec tous les saints, de l’Ancien et du Nouveau Testament, tous les membres de l’Église, et les anges. C’est ce qui s’est passé pour les disciples d’Emmaüs : un instant, au moment de la fraction du pain, leur yeux ont reconnu Jésus ressuscité, glorieux. Comme à la Transfiguration.
Et là tout est dit : les Écritures s’expliquent, la liturgie s’explique, la messe s’explique. Et non seulement elle s’explique, mais elle devient réalité. Il faut juste les yeux pour la percevoir, c’est-à-dire une grâce de l’Esprit Saint, ce qui est tout à fait possible pour chacun d’entre nous, si le Seigneur le juge opportun.
 
Finalement, « faites cela en mémoire de moi », ce n’est pas d’abord une obligation, mais une bénédiction sacerdotale et un envoi : nous, ministres du Seigneur et baptisés, nous avons reçu de Jésus la vocation de célébrer la messe et de la vivre, pour que par elle et par toute notre vie, comme Jésus, les hommes pécheurs puissent être illuminés et réintégrés à leur tour, avec tous les saints, dans la gloire de Dieu.
 
 
 

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