Is 52,13 à 53,12 ; Ps 30 ; Hb
4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1 à 19,42
Chers frères et sœurs,
Saint
Jean avait 22 ans, quand il a assisté à la Passion de Jésus. Tout ce que nous
avons entendu, il l’a vu, et il l’a écrit pour nous aujourd’hui. L’Evangile de
saint Jean a la particularité d’être en même temps le plus profond spirituellement
et en même temps le plus proche de la réalité historique. Parce que saint Jean
a écrit ce qu’il a vu.
Grâce
à lui, nous suivons pas à pas Jésus en sa Passion. Au début, il y a cette
rencontre entre Jésus et les gardes : « Qui cherchez-vous ? » « Jésus, le Nazaréen », Lorsque Jésus répond « C’est moi, je le suis » ces hommes
reculent et tombent à terre. Parce que « Je suis » est le Nom de Dieu. « Je suis qui je suis » avait dit Dieu à Moïse, au Mont Sinaï. Jésus
est Dieu. Les gardes viennent arrêter Dieu.
Dieu
dérange dans notre monde. Il n’est pas le bienvenu. Il perturbe nos affaires et
nous rappelle trop qui nous sommes. Et en plus, quand on s’aperçoit que Dieu
n’est qu’innocence et bonté, doux comme un agneau, sa lumière devient éclatante :
soit on le déteste, soit on se jette dans ses bras.
Aujourd’hui,
c’est le jugement de Dieu. Il y a les accusateurs, il y a les traîtres et les
lâches et il y a les témoins impuissants. Le jugement de Dieu est en même temps
le jugement des hommes. Chacun est obligé de choisir son camp.
Nous,
nous sommes chrétiens. La question n’est pas de savoir ce que nous aurions
fait, à l’époque, si nous avions été présents, mais elle est de savoir ce que
nous faisons maintenant.
En
vérité, Jésus vit toujours sa Passion à travers son Corps qu’est son Eglise. Il
suffit d’écouter les hommes autour de nous pour nous rendre compte que Eglise
de Jésus est moquée, accusée, jugée, et dans certains pays frappée et
persécutée à mort. Certains ne se cachent pas pour dire qu’ils souhaitent son
humiliation et sa disparition.
Chers
frères et sœurs, l’Eglise de Jésus c’est le Corps de Jésus. Et l’Eglise c’est
nous, les baptisés, lorsque nous communions au Corps et au Sang de Jésus. A
travers son Eglise, Jésus ne cesse pas de souffrir la Passion, à cause du péché
parfois dramatique de ses membres, et parce qu’il continue d’être frappé par les
coups de ceux qui le détestent.
Alors,
dans quel camp sommes-nous ? Honte d’être chrétien aujourd’hui ? Peur
de se dire chrétien devant des servantes de grand-prêtres ? « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples
de cet homme ? ». Simon-Pierre répondit : « Non je ne le suis pas ». « Non, je ne le suis pas ». « Non, je ne le suis pas ». Et le coq
chanta.
Chers
frères et sœurs, nous ne sommes pas plus grands que saint Pierre. Nul ne sait
ce qu’il dirait, ce qu’il ferait, s’il était moqué en public ou persécuté. Et
je pense particulièrement aux enfants. Aujourd’hui, il est difficile à un
enfant d’assumer d’être chrétien au milieu de ses camarades. La responsabilité
des adultes en est d’autant plus grande. Et nous voyons bien combien nous
sommes faibles et finalement pas très courageux. En réalité, nous sommes comme
les disciples : dès que la pente monte un peu, on descend du vélo.
Jésus
n’a jamais condamné ses disciples, ni même ses accusateurs et ses bourreaux.
Sur la Croix il a eu cette prière pour tous : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Et
lors de ses apparitions, sa première parole pour ses disciples a été :
« La paix soit avec vous ».
Jésus nous aime à en mourir. Jusqu’à en mourir sur une Croix. Par pur amour gratuit
pour nous. Jésus est la miséricorde de Dieu. Il est le Dieu de miséricorde
infinie.
Chers
frères et sœurs, la Croix de Jésus n’est donc pas un signe de mort. Parce que
Jésus est ressuscité et qu’il est vivant maintenant, elle est devenue un signe
de victoire sur la mort. La croix est le bâton de Moïse qui ouvre en deux la Mer
Rouge. Elle est la clé qui nous ouvre le Paradis. Elle est l’arbre de vie
éternelle. Elle est la preuve de l’amour de Dieu pour tous les hommes.
La Croix
est le signe des chrétiens, de ceux qui aiment Dieu. Soyons fiers de la Croix de
Jésus et demandons-lui la force de l’être toujours, dans toutes les circonstances
de notre vie. Amen.