lundi 28 mars 2016

24 mars 2016 - VELLEXON - Jeudi Saint - Cène du Seigneur - Année C

Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15

Chers frères et sœurs,

Ce soir, les Écritures nous invitent à entrer dans l’intimité d’une maison. Il y a la maison d’une famille d’Hébreux, esclaves en Egypte. Pour eux, ce soir, c’est la Pâque du Seigneur et bientôt leur libération. Il y a la maison de saint Jean, vraisemblablement, où Jésus s’est réuni avec ses apôtres pour son dernier repas, avant sa Passion et sa résurrection. Et il y a notre maison, ce soir, notre église de Vellexon, où nous sommes réunis en mémoire de Jésus pour vivre avec lui sa Passion et sa résurrection.
Entre ces trois maisons, il y a des ressemblances.

D’abord, il fait nuit. Pour les Hébreux, c’est une nuit de veille, où le Seigneur va passer. On sent bien qu’il y a un danger dehors, et on se protège dans la maison. Pour Jésus et ses Apôtres, c’est la dernière nuit passée tous ensemble. Là aussi, il y a danger dehors et Jésus va donner son testament – en quelque sorte – à ses disciples. Nous aussi nous sommes dans la nuit. Le danger, à Vellexon, il n’y en a pas vraiment. Mais nous savons bien qu’il y a dans notre monde – et aussi en nous-mêmes – des raisons de nous inquiéter. Et tout simplement la nuit signifie la mort. Tous, avec les Hébreux, les Apôtres et Jésus, nous sommes dans cette nuit.

Le Seigneur a demandé que les Hébreux ne restent pas seuls, mais qu’ils se réunissent en famille. De même, Jésus n’est pas seul : il est réuni avec ses disciples. Et nous non plus, nous ne sommes pas seuls : nous sommes rassemblés tous ensemble dans cette église.

Ensuite le Seigneur a demandé que cette famille prépare un agneau et le mange à la hâte. Il n’y a pas plus innocent qu’un agneau. Il a des yeux remplis de bonté. Mais c’est un agneau que le Seigneur a choisi pour que la famille le tue puis le mange.
De même, Jésus et ses disciples ont préparé un agneau pour le manger, comme les Hébreux. Mais Jésus change quelque chose : il prend du pain et dit : « Ceci est mon corps – mangez en tous ». Et puis du vin : « Ceci est mon sang – buvez en tous ». En faisant cela il établit deux choses. La première, c’est que le véritable agneau de la vraie Pâque, c’est lui. Il est le véritable agneau innocent, qui a des yeux remplis de bonté. Et la seconde chose, c’est qu’il nous demande de continuer son geste avec du pain et du vin, toujours, comme une nouvelle alliance avec lui. Pourquoi ?

Le Seigneur avait demandé aux Hébreux de marquer le montant des portes de leur maison avec le sang de l’agneau, pour les protéger de la mort qui viendrait frapper les premiers-nés des égyptiens, cette nuit-là.
Dans la maison de Jean, Jésus demande à ses disciples de le laisser leur laver les pieds, pour les purifier. Pierre ne comprend pas. Il ne voit pas pourquoi son maître s’abaisserait à lui laver les pieds. C’est un travail d’esclave. En plus, les pieds pour un Juif – mais c’est aussi vrai pour nous – sont un symbole de profonde intimité. La demande de Jésus est vraiment choquante. Jésus répond : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi ». En lavant les pieds de ses disciples, Jésus les protège mystérieusement de l’ébranlement terrible que va provoquer chez eux sa Passion. Jésus nous enseigne ici deux choses. La première est que le Maître véritable est d’abord un serviteur. Il n’y a de véritable pouvoir que dans l’amour. La seconde est que, pour passer Pâques, il faut absolument être protégé par le sang de l’agneau, ici pour les disciples, par l’eau du lavement des pieds. Et nous ?
Le sang de l’Agneau pascal, unique et véritable, a été répandu sur le monde entier lorsque le soldat a percé le cœur de Jésus mort sur la croix. Il en est sorti de l’eau et du sang. L’eau du baptême, en laquelle nous sommes purifiés et régénérés, et le sang de Jésus qu’il nous a donné en communion comme protection et source de vie. Les sacrements sont notre protection contre le péché et contre la mort, comme l’a été le sang de l’agneau sur les montants des portes des maisons en Egypte.

Dans la nuit, le peuple réuni, obéit à la demande du Seigneur, de sacrifier l’agneau de Pâques, pour marquer de son sang les portes de la maison afin d’empêcher la mort d’y entrer et de prendre des forces pour permettre au Seigneur de le libérer.

De même, dans la nuit, les Apôtres réunis obéissent à la demande de Jésus de se laisser laver les pieds par lui, et de communier à ce pain devenu son corps et à ce vin devenu son sang, afin d’empêcher le désespoir de gagner leur cœur et de permettre au Seigneur de les faire participer à sa résurrection pour en faire réellement des Apôtres de l'Evangile et des saints.


De même, dans la nuit, l’Eglise réunie, obéit à la demande de Jésus, de célébrer et le lavement des pieds et l’eucharistie, afin que nos corps, nos cœurs et nos esprits soient marqués de l’eau et du sang afin d’empêcher le péché et la mort d’y régner et de permettre au Seigneur, par la communion, de nous faire entrer dans sa vie éternelle.

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