mardi 10 avril 2018

29 mars 2018 - VELLEXON - Jeudi Saint - Cène du Seigneur - Année B


Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-5

Chers frères et sœurs,

Grâce au témoignage de saint Jean, nous savons ce qui s’est passé dans le secret du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Comme il nous donne de nombreux détails, nous avons même le sentiment d’y être avec eux.

Jésus commence par un geste inhabituel : il lave les pieds de ses disciples. Comprenons bien ce qui se passe. Normalement, tout pèlerin qui monte à Jérusalem pour la fête de la Pâque, va d’abord prendre un bain complet de purification, puis ensuite, avant d’entrer dans le Temple, il se lave juste les pieds.
Ainsi donc, les disciples ont déjà pris le bain rituel, c’est pourquoi Jésus dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver les pieds : on est pur tout entier ». Mais Jésus veut de nouveau leur laver les pieds, signe qu’ils vont maintenant entrer symboliquement dans le Temple. La suite du repas sera donc, pour Jésus, un acte de culte. Cela perturbe évidemment les apôtres. Et en plus, ils ne veulent pas que ce soit Jésus qui s’abaisse lui-même à leur laver les pieds.
Ce geste a donc plusieurs significations importantes. Premièrement, il est un geste inattendu et gratuit de la part de Jésus qui veut s’abaisser devant ses Apôtres. Il est Dieu qui quitte le vêtement de sa divinité et se ceint du linge de l’humanité, pour venir nettoyer ce qui est le plus sale et le plus intime de l’homme. Deuxièmement, Jésus fait cela pour permettre à ses Apôtres d’être totalement purs pour entrer dans le Temple, c’est-à-dire d’être totalement libres de tout péché pour entrer dans le repas sacré qui va suivre. C’est ce que Jésus dit à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi ».
Le lavement des pieds ne doit donc pas être vu d’abord comme un geste de service ou de pardon mutuel, il est beaucoup plus que cela : il est Dieu qui se fait homme, pour que l’homme soit préparé à entrer dans la communion de Dieu. On peut d’ailleurs comparer le bain rituel au baptême et le lavement des pieds à la confirmation. L’un et l’autre sacrement préparent le chrétien et l’habilitent à célébrer l’eucharistie, en compagnie de Jésus.
Si la fin de l’évangile du lavement des pieds n’avait pas été coupé, nous aurions compris qu’il est aussi un envoi en mission. Comme Jésus s’est abaissé pour consacrer ses Apôtres et les préparer à la communion avec lui, de même les apôtres doivent à leur tour s’abaisser pour préparer de nombreux baptisés à entrer dans la même communion avec lui.

Nous arrivons maintenant au moment de passer à table. Il faut bien distinguer deux choses. Il y a les rites qui encadrent le repas et le repas lui-même. Saint Paul nous en donne la description : il y a d’abord la fraction du pain, puis le repas (à Pâques, un agneau bien évidemment), puis, à la fin du repas, la coupe de bénédiction. Dans le cours du temps, nous avons séparé d’un côté la fraction du pain et la coupe de bénédiction, ce qui est devenu la messe, et d’un autre côté, le repas lui-même, qu’on appelait autrefois les agapes, dont il reste aujourd’hui quelque chose dans le pain béni qu’on donne parfois à la fin de la messe.
Donc Jésus commence le repas. Souvenons-nous qu’il vient de laver les pieds de ses disciples. C’est comme si ils étaient entrés dans l’espace sacré du Temple. Jésus fait des gestes, fraction du pain, consommation de l’agneau, bénédiction de la coupe, qu’il relie directement avec sa Passion : le pain est son corps ; le vin est son sang. Lui-même sera l’agneau pascal, immolé pour protéger des puissances de mort ceux qui sont en communion avec lui, et pour leur donner la force de quitter l’Egypte et de franchir la mer Rouge, c’est-à-dire la force de le suivre dans sa Passion et de vivre avec lui sa mort et sa résurrection ; la force de quitter la triste terre d’une vie d’esclave du mauvais pour entrer au contraire dans la terre nouvelle de vraie liberté, le beau ciel de la vie de Dieu.
Ainsi, Jésus fait du pain et du vin son corps et son sang, ceux de l’Agneau de Pâques qui protège de la mort et donne la force pour entrer dans sa vie éternelle.

Voyez donc le chemin que les Apôtres ont parcouru durant cette soirée avec Jésus. Il s’est dépouillé de son vêtement pour revêtir un linge. Du Dieu qu’il est, il s’est abaissé à se présenter comme un simple homme. Plus encore, il se présente comme un esclave qui va leur laver les pieds. Par ce geste, qui est celui de l’entrée dans le Temple, il leur annonce que le repas qui va suivre n’est pas un simple repas, mais un acte de culte. En effet, c’est l’origine de la messe, où Jésus fait du pain et du vin son corps et son sang, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; Agneau qui garde des puissances de mort ceux qui  communient à lui et qui leur donne la force de marcher sur le chemin du ciel. Mais le geste du lavement des pieds a aussi pour lui une autre signification. Jésus demande à ses Apôtres de faire pour les baptisés, le geste qu’il aura fait pour eux : les préparer et les conduire, par la célébration eucharistique, jusqu’à la sainte communion.

Chers frères et Sœurs, ensemble, nous allons donc refaire ces gestes et revivre avec Jésus ce qu’il nous a demandé de faire. Alors nous recevrons dès aujourd’hui, dès maintenant, le pain de la vie. Amen

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