Vigile
Pascale 2018
Chers
frères et sœurs,
Jésus de Nazareth, que nous avons suivi pas à
pas depuis une semaine lors de sa montée à Jérusalem, lors des Rameaux, et
surtout depuis deux jours – avant-hier lors de son dernier repas, où il a lavé
les pieds de ses disciples et institué la première messe, puis hier lors de son
arrestation, de son jugement et de sa crucifixion ; ce Jésus, qui était
mort, enseveli dans un tombeau dont la pierre a été roulée, est aujourd’hui
vivant.
Les femmes qui viennent au tombeau ne sont
pas des inconnues. Il y a Marie Madeleine, que Jésus avait délivré de sept
démons et qui est depuis toute dévouée à lui. Il y a Marie, Mère de Jacques.
D’après d’autres passages des évangiles, cette Marie est la sœur de la Vierge
Marie et la femme de Clopas, qui est lui-même le frère de Joseph. Marie et
Clopas ont eu quatre garçons : Jacques, José (ou Joseph), Simon et Jude,
ceux-là qui sont appelés les « frères » de Jésus, et qui sont donc
évidemment ses cousins. Jacques deviendra le premier évêque de Jérusalem.
L’Eglise l’appelle « Jacques le juste ». Il fut lapidé en 61 ou 62
par ordre du Grand Prêtre Hanne, le beau-frère de Caïphe. Son petit frère Simon
lui succèdera. Il sera lui-même crucifié en l’an 108. La dernière femme présente
au tombeau s’appelle Salomé, ou plus exactement Marie Salomé. Elle est la femme
de Zébédée, pécheur du lac de Galilée. Ils ont deux fils, qui sont devenus
apôtres : Jacques et Jean, ceux que Jésus appelle les « fils du
Tonnerre ». Avec Pierre et André, ils faisaient partie des tous premiers
disciples. Jacques et Jean étaient présents à la Transfiguration de Jésus.
Donc, ce matin au tombeau, avec
Marie-Madeleine, ce sont des mamans qui sont venues pour parfumer le corps de
Jésus. Marie, Mère de Jacques, est tout simplement sa tante. On est en famille.
Saint Marc précise qu’on se trouve de grand
matin, au premier jour de la semaine, au lever du soleil. Pourquoi
insiste-t-il ? Parce qu’il fait référence aux sept jours de la Création.
Dieu avait commencé à créer l’univers un dimanche. Il commence par séparer la
lumière et les ténèbres (premier jour), puis les eaux au-dessus du ciel et les
eaux qui sont en dessous (deuxième jour), puis dans les eaux qui sont en
dessous, il sépare la mer et la terre, sur laquelle il sème des plantes
(troisième jour). Le quatrième jour, il crée le soleil, la lune et toutes les
étoiles du ciel. Le cinquième jour il crée tous les animaux, dans la mer, dans
le ciel et sur la terre. Au sixième jour, donc le vendredi, il crée l’homme et
la femme, Adam et Eve. Or, vendredi saint, c’est le jour où nous entendons
Pilate dire en désignant Jésus : « Voici l’homme », et où Marie se trouve au pied de la croix, le
cœur transpercé, elle qui est la mère charnelle de Jésus, tandis que Eve était
tirée de la côte d’Adam. Au septième jour de la création, Dieu se repose. C’est
le jour du sabbat. Mais, Samedi Saint, Jésus repose dans le tombeau.
Ce matin de Pâques, nous voici donc de
nouveau Dimanche, le huitième jour. Et c’est comme si la Création recommençait.
Et d’abord par la lumière qui déchire les ténèbres. Voilà pourquoi saint Marc
insiste sur le grand matin, le soleil levant, le premier jour de la
semaine : la résurrection est une nouvelle création de Dieu. Jésus n’est
pas ranimé, il n’est pas restauré : il est l’ultime perfection de la
création de Dieu, son aboutissement, son couronnement. C’est pourquoi Jésus
montre des facultés bizarres après sa résurrection : il peut apparaître et
disparaître ; mais il n’est pas un fantôme : on peut toucher son
corps, il peut manger du poisson. Jésus est entré – dirait-on – dans la « quatrième
dimension ». Il est le premier homme ressuscité. Le premier-né d’entre les
morts, entré dans la vie nouvelle créée par Dieu pour nous tous.
Voilà pourquoi le jour le plus important pour
nous autres chrétiens est le dimanche : parce qu’il est le jour de la
résurrection de Jésus, le jour où la création est arrivée à sa perfection, le
huitième jour, qui annonce notre propre résurrection.
Si vous avez un peu de curiosité
archéologique ou historique, vous rechercherez quelle est la forme des
baptistères de l’Eglise des premiers siècles. Vous verrez qu’ils sont en forme
d’octogone : c’est-à-dire un bassin à huit côtés. A cause du huitième
jour. Parce que l’homme qui est baptisé, passant par la mort et la résurrection
de Jésus, est recréé comme lui en homme nouveau. Un baptisé, un chrétien est un
homme du huitième jour. Grâce à Jésus et à son Esprit Saint, il a déjà un pied
dans la nouvelle création.
Vous allez me dire : mais comment
savons-nous que nous sommes entrés dans la nouvelle création, dans la
« quatrième dimension » ? Par le moyen d’un langage spécial que
Jésus nous a laissé en héritage, qui est incompréhensible à ceux qui n’ont pas
la foi : ce sont les sept sacrements : le baptême, la confirmation,
l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l’ordre, et le sacrement des
malades. Avec les sacrements, nous sommes en contact et nous vivons la vie de
la nouvelle création.
Chers frères et sœurs, j’aurai encore
beaucoup de choses à vous dire. Mais vous avez l’essentiel : saint Marc
raconte ce qui s’est réellement passé, et c’est pourquoi il indique quelle est
l’identité exacte des premiers témoins. Et ensuite, par le langage de l’Ancien
testament, il essaye de nous expliquer l’impossible : Jésus est
vivant !