Sg 9,13-18 ; Ps
89 ; Ph 9b-10.12-17 ; Lc 14,25-33
Chers frères et sœurs,
Comment comprendre l’avertissement un peu
décourageant de Jésus ?
D’abord, il faut bien comprendre à qui il
s’adresse. Il parle aux foules nombreuses qui le suivent. Ce sont des gens qui
sont généreux, certainement, mais qui viennent chercher, qui une guérison, qui
une parole de réconfort, qui à manger. Parce que Jésus donne tout cela
généreusement.
Mais il veut leur faire comprendre qu’être
disciple ne signifie pas disposer gratuitement d’une assurance-vie ni d’un
bonheur terrestre assuré. Il y a bien des gens qui pensent que, parce qu’ils
sont chrétiens, le Bon Dieu leur doit tout. Non, au contraire, être chrétien,
c’est suivre Jésus, être avec lui, être comme lui.
Et vous connaissez la vie de Jésus : il a
été chassé de Nazareth, son propre village. Il a porté sa croix, sous les
injures, jusqu’au Golgotha. Il a tout donné, jusqu’à sa propre vie, à son
Père. Suivre Jésus, être avec lui, être
comme lui, ce n’est pas choisir une vie humainement facile. Parfois c’est
choisir la croix, parfois jusqu’au martyre, comme aujourd’hui les chrétiens
d’Irak, de Syrie, du Pakistan, d’Éthiopie, du Nigéria, de Chine ou de Corée du
Nord…
Et c’est pourquoi Jésus invite les foules à
réfléchir : « Avant de me suivre, réfléchissez bien ! Car dès
que le chemin va être plus difficile, vous allez caler. Dès que vous allez
rencontrer de l’opposition, vous allez renoncer ». Et d’ailleurs, n’est-ce
pas ce qui est arrivé aux Apôtres eux-mêmes durant la Passion de Jésus ?
Mais alors qui peut suivre Jésus ? Qui
peut être son disciple ?
Il y a deux genres de personnes qui suivent
Jésus. Ceux qui le suivent de leur propre volonté et ceux qui répondent à son
appel. Les premiers risquent de se décourager s’ils croient avancer en ne
comptant que sur leurs propres forces. Les seconds savent que si Jésus les a appelés,
alors il leur donnera la force d’aller – malgré les chutes toujours possibles –
jusqu’au bout. Comme saint Pierre.
La question est donc : est-ce que Jésus
m’a appelé ?
Un grand moine d’Égypte le Père Matta
el-Maskîne, c’est-à-dire Matthieu le Pauvre, qui est mort il y a quelques
années, posait le même genre de questions aux jeunes qui se présentaient à son
monastère : « Est-ce que tu aimes Jésus ? » Le jeune
répondait évidemment « oui ». C’est le premier genre de personnes. Et
il posait une deuxième question : « Est-ce que Jésus
t’aime ? » Et là, le jeune ne savait pas toujours répondre. S’il
répondait « oui » et comment il savait que Jésus l’aimait, alors
Matta el-Maskîne l’acceptait pour rentrer au monastère.
« Est-ce que Jésus m’a
appelé ? », « Est-ce que Jésus m’aime ? ». C’est la
même question. Chacun peut y réfléchir pour lui-même.
Une chose est certaine, si vous avez un
doute : tous ceux qui sont baptisés sont appelés et aimés par Jésus. Car le
baptême a fait d’eux ses frères d’adoption. Par le baptême, l’Esprit saint a
fait d’eux des prêtres, des prophètes et des rois. Et c’est une tentation du
démon de douter de cette réalité.
Alors chers frères et sœurs, puisque nous
sommes baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, suivons
maintenant Jésus dans la paix et dans la joie. Rendons-lui grâce en célébrant
l’Eucharistie, par laquelle il est toujours avec nous.